UNE CROISIERE EN INDONESIE
Ferry de Singapour à l'île de Batam sur les eaux du détroit de Malacca,puis quinze kilomètres à vélo sur l'île,je suis arrivé en Indonésie. Le lendemain matin,sept heures sur un petit ferry bondé à presque débordé de Batam à Dumaï(Sumatra),puis vingt kilomètres à velo dans la ville située sur la côte nord-est de la plus longue île indonésienne. 79/129/102/98/39 kilomètres soit les 482 premiers en Indonésie,le neuvième pays où je roule de ce voyage vélo.Le quarante neuvième depuis le premier il y a six ans où je trimbale mes sacoches.
Auparavant douze jours se sont écoulés entre Pékin et Singapour pendant lesquels j'ai pédalé seulement soixante-dix neuf kilomètres,avant et après les six heures d'avion entre les deux mégalopoles.Marc m'a offert son hospitalité à Singapour,attaché culturel à l'ambassade de France.Au hasard de mes pérégrinations j'ai rencontré son épouse Claire au Tibet chinois.Après les rudes parcours chinois,le changement est total,j'ai la piscine privée,la délicieuse cuisine française preparées par une servante philippine aux pieds très courts qui me paraît plus jeune que son vrai âge,les centres commerciaux modernes,les restaurants indiens où les plats sont mitonnés,une jolie chambre avec un lit douillet et des décorations agréables,j'ai à disposition un ordinateur et le panio droit que j'éffleure doucement,je me connaîs comme quelqu'un qui pourrait le désaccorder.Nous sommes au dix-huitième étage,du balcon les regards s'égarent dans la forêt de tours de plus de cinquante étages,et d'autres en construction toujours plus hautes.Singapour sur un vélo,c'est être sur une piste de course,les véhicules proches sans intérruption menacent de vous écraser.L'état couvre 650 kilomètres carrés,est composé de 65 îles,une principale très densément urbanisée mais avec une végétation luxuriante même en centre-ville qui lui vaut le surnom de cité-jardin,et 64 îlots dont certains sont inhabités.C'est le deuxième grand port du monde après Shangaï.La population est composée à 77 pour cent de chinois.Les autres communautés principales sont les malais,les indiens,les pakistanais,les philippins et les occidentaux d'Europe,d'Amérique et d'Océanie.En 20011,il est le troisième pays du monde en terme de PPA par habitant,après le Qatar et le Luxembourg.En 2009,il affichait la plus forte concentration de millionnaires.A la suite de trois jours de repos privilégiés,me voilà scrutant d'autres d'horizons en partance sur un bateau,les vagues molles et clapotantes se perdent dans l'espace vaporeux,mon regard s'égare avec l'immensité de la mer.Des voiliers ancrés,des cargots,des chalutiers,des plaisanciers,des sampans,des barques,la flotte est magnifique,une exposition de la beauté maritime.Précisément là je me sens un petit homme de presque rien et tout le reste est une infinie magie,un mystère incroyable. Les buildings,les constructions,les tours parmi les plus hautes du monde,creusent dans l'éther,des rangées de grues géantes plantent leurs mâchoires métalliques dans des cargaisons en provenance des quatre coins du globe.
Débarquement à Batam.C'est l'euphorie,je rafole des changements soudains et complets d'impressions,de décors,de la rencontre d'autres hommes chaque fois que je laisse un pays pour un autre.Joyeux,grisé,je n'ai plus les pieds sur terre.La terre,les hommes et les 200 états:Des histoires,des langues,des écitures et des cultures,des moeurs,des us et coutumes,des villes,des campagnes,des paysages,des géographie,des météorologie,des catastrophes,des médecines,des artisanats,des arts,des musiques,des danses,des faunes et des flores,des politiques,des économie,des cuisines,des boissons,des chefs d'états,des ministres,des rois ou des reines,des touristes qui se promènent,et beaaucoup encore,distincts avec toutes les comparaisons que les hommes entretiennent.
L'Indonesie,immense territoire entre deux océans et deux continents,un long chapelet de plus de mille îles.Les indonésiens sont joyeux,amicaux,acceuillants.Pourquoi ne le seraient-ils pas?.Pour le passage de la douane,l'échange de mes derniers dollars singapouriens,mon premier repas,tout se passe avec joie et facilité.Les gens ont souçi de m'alléger la vie.Elle nous est souvent pas facile,nous devons nous soulager.Que le riz,les poissons,les sauces,le café soient délicieux,je sais déjà après moins de soixant minutes que je mangerai avec plaisir et gourmandise.Quinze kilomètres à vélo du port à la ville de Nagoya,je suis comme s'il ne pouvait se produire que des bonnes choses.Nagoya est sous l'influence du riche petit pays voisin,les singapouriens viennent là pour un bol d'air,des achats exotiques et une cuisine typique.
Le petit ferry est plein à déborder,en première classe on regarde une bonne télévision grand écran plat,en seconde classe les fauteuils sont usagés et une vieille télé grésille.Je passe les trois quart du trajet sur le pont baigné de soleil,assis sur un sac de riz,je prononce mes premiers mots de bahasa.Chaque fois que l'on me demande où je vais,je montre mon vélo resté chargé contre la balustrade babord.A Dumai où je débarque sur Sumatra,l'île la plus à l'ouest de tout l'archipel,je suis invité par un professeur d'anglais à son domicile pour la nuit et demain participer aux classes.Inoubliable souvenir sera cette école privée à domicile de perfectionnement pour enfants de dix à quinze ans.Je participe à trois cours successifs,chaque élève se présente en récitant son texte de présentation en anglais,ensuite c'est à mon tour.Je leur fait savoir à ces charmants écoliers que je suis français et que comme eux j'apprends l'anglais..Petits élèves dociles,appliqués,aux airs naïfs d'anges.Une fillette sur deux porte le voile musulman.Je réponds à leurs questions curieuses.Quels sont mon travail et mon salaire?.Comment est ma famille?Combien ai-je d'enfants?.Dans combien de pays ai-je voyagé à vélo?,et d'autres encore.Ils ne connaissent de la France que la tour Eiffel.Les hommes plus âgés connaissent eux les footballeurs Zidane et Henry.Mon hôte et directeur de son école est papa de quatre filles,l'aînée a douze ans.Il me dit nous envier notre mode de vie,je sais qu'il ne connaît pas ce qu'il devine.
L'asphalte est parfait,mou et lisse.Les habitantss du bord de route l'encouragent avec "hello mister"."Hello mister" arrivent à ses oreilles cent fois par jour,peut-être plus.A la façon des jeunes laotiens,les enfants lui tendent la paume de leurs mains pour une tape de bonheur.Adorable!.La circulation est incessante et la chaleur humide du climat équatorial est accablante.Deux cent kilomètres de bosses et de virages,il a la sensation d'être sur un circuit géant pour enfants.Des vendeurs d'ananas dans des huttes lui permettent plusieurs arrêts rafraichissants bienvenus.Il est trempé de sueur,il a les jambes flasques et l'énergie décomposée,il est à la recherche du bon souffle,incapable de forcer l'allure.Cinq jours d'adaptation,quatre cent quatre vingt kilomètres à la latitude de l'équateur,des soucis avec les insectes,surtout les moustiques,mais le réconfort de la bonne pitance,d'une délicieuse tasse de café chaude avec les grains moulus au fond,de la chaleur humaine des sumatrariens.Quinze kilomètres de côte:La chaleur sur sa peau atteind un maximum inconnu.Il est rossi,roti,c'est un poulet embroché sur un vélo.Il stoppe vers un ruisseau et jette son crâne farci sous un filet d'eau,chose excellente mais de courte durée car l'évaporation est rapide.Il arrive a Bukittinggi,brave homme sans avoir poser pied à terre,vainqueur de l'idée d'abandon qu'il chassait continuellement.Il a vaincu "de justesse",ces deux mots reviennent souvent pour qu'il qualifie son voyage.
Il se trouve avec des touristes pour la première fois en Indonésie,tout les hôtels sont complets.Il déniche après des détours pour rien une petite piaule à soixante ruphias,soit 5 euros et 20 centimes environ.C'est moche et minuscule mais sans mauvaises odeurs,ce qui est le plus important avec la qualité du lit qui elle est acceptable.Le vélo entre sans décrocher les sacoches. Il se ballade à pied dans la ville pour relaxer son organisme après l'étape chaude et bruyante,interminable.Sur la place de la tour de l'horloge construite avec les colons hollandais,la foule est discrète.Il apprécie la bonhommie de ces musulmans paisibles.Au quartier du bazar et ses ruelles d'échoppes,l'ambiance est heureuse,l'enjouement général.Il repense au Maroc où il a cyclovoyagé il y a deux ans.Les deux pays sont musulmans,ce n'est pas les mêmes désordre,nonchalence,couleurs,objets mais pour son esprit les deux pays présentent des ressemblances . Depuis deux semaines,la chaîne accrochait de moins en moins sur les pignons.Son câble de dérailleur arrière a cassé et désormais tout va bien. Un éffilochage donnait une tension incertaine.
Bukittinggi-Bengkulu,trente-neuf kilomètres et deux jours de détente à Maninjau près du lac,puis 122/103/95/120/100/100/67 kilomètres en direction de Java. Sumatra est belle,la nature est si luxuriante qu'il la prend pour magique,il use toujours d'idées joyeuses pour s'aider moralement,pour stimuler sa force.Didier se dit qu'il aimerait être né sur la terre indonésienne.Les autochtones ont des bonnes mines,des sourires angéliques et la chaleur humaine communicative.Ils sont des antidotes à la mélancolie. Sur les routes beaucoup de traffic et de bruits,mais presque aucun vélo.Une des contrées les moins cyclistes sur la planète. Ils sont cinq sur un scooter,quatre femmes en robes et voiles musulmans blancs,trois sont installés en amazones et il y a un bébé au milieu. Une société musulmane pudique et aimant les secrets,la majorité des femmes ont les corps cachés.Seulement parfois de courtes et drôles entorses à la règle font exceptions.Cependant moins de cinquante pour cent d'elles se posent un voile sur le chef.La sagesse est belle,le temps passe toujours profitable,on est respectueux,de bonne humeur et dignes.Va-t'il se convertir sans même penser à ce qu'il fait?Devenir musulman pratiquant parce qu'il se sent bien avec son entourage?.Ils l'aident toujours lorsqu'il lui s'agit de prononcer un mot de bahasa,la langue nationale,ce sont tous d'aimables instituteurs. Des petites villas coquettes s'espacent le long des routes sinueuses traversant les reliefs de formation volcanique de bosses et de creux ininterrompus.Sur l'île non cycliste,il a tout de même apperçu des vieux vélos déglingués sur les rares portions plates,quelques rares courageux se courbant dessus.Quant à lui,il a la sensation d'être considéré tel un héros.Le parcours devient infernal,la route la plus en dos d'âne de tout ses voyages.Deux jours consécutifs de cent kilomètres de rudes montées et descentes sans interruption,les montagnes russes du vélo.Les changements de rythmes incessants et brusques foudroient le muscle.La récupération est mal aisée,les jambes lui font mal.Il boit trop de boisson énergissante,une mauvaise diététique ennemie. Aux hôtels les plus économiques,les matelas sont durs et minces,les sommiers sont de planches,les installations électriques sont défectueuses,les rideaux sont déguenillés,les porte-manteaux sont dévissés,les robinets fuient ou ne coulent plus,les cabinets sont des w.c turcs,la cuve d'eau pour se laver est trouble,la casserole en plastique pour puisser l'eau est le plus souvent à moitié cassée. "Hello mister","How are you?",et aussi plusieurs fois "I love you",ceux qui lui adressent ses mots anglais le long de son parcours en connaissent souvent pas les significations,c'est à tout bout de champ qu'ils lui sont destinés,il se sent un des moins seul au monde.A une maison isolée,on lui offre de la viande de porc grillée,ce sont de mauvais musulmans,des convertis ou des païens.Dans un village et devant son école,une douce et charmante institutrice dans la fleur de l'âge,en tenue traditionnelle blanche,s'interesse à sa vie et à ses aventures de vélovoyageur nomade.Des très jeunes écoliers en costumes de classes,shorts et cravates grenats les garçons,jupes longues grenats et chemises blanches les filles,en face de lui mangent avec appétit et le coeur des enfants du riz et des poissons.Un moment tendre et photogénique,il aime photographier les enfants.Les élèves indonésiens ont le bonheur contagieux,l'école et la vie belle c'est la même chose pour eux.La gentillesse personnifiée,le sourire permanent,l'humeur joyeuse,ce sont des anges.Apprendre un peu de bahasa n'est pas trop exigeant,il est une des langues les plus faciles,la prononciation et les mots sont sans complications:(Pied=Kaki,Tête=Kepala,Oeil=Mata,Table=Meja,Tomate=Tomat,Television=Televisi,Telephone= Telpon,Professeur=Guru,Boire=Minum).Les intonations sont chantantes,douces et mélodieuses.Terre de passage,ses origines sont nombreuses.Le bahasa pourrait être un autre espéranto à ne pas inventer.
La gargote traditionelle indonésienne est un présentoir mobile sur petites roues couvert par une toiture légère où sont présentés derrière un carreau de verre des grands plats ronds et profonds en terre cuite remplis de poissons,de viandes en sauce,de légumes cuisinés,d'oeufs durs rougis au piment,et quelques autres nourritures connues par tout un chacun.Les clients désignent ce qu'ils veulent et sont servis immédiatement à côté dans la rue sur une table très ordinaire,du riz blanc sec accompagne toujours le repas.Généralement une petite salade de pousses de soja,de haricots verts ou de pommes de terre est apportée en plus gratuitement.Le sevice se fait avec une louche.Un petit récipient d'eau sert de rince-doigts.De l'eau dans une choppe pour se désaltérer est posée sur la table sans jamais être oublier.Je demande toujours un thé chaud pour accompagner mes repas.Le thé indonésien est noir et parfumé à la vanille,servi bien sucré avec une grosse cuillère pour le remuer. Dans un village un groupe paradent,il défile en rangs,au premier ils sont six,un jeune couple dont c'est le mariage et deux femmes de chaque côtés d'eux.Des enfants tout près supportent de larges ombrelles dorées au dessus des jeunes mariés.Les costumes des six de devant sont fantastiques d'ors et de dorures,de couleurs vert perroquet,rouge framboise,jaune bouton d'or,bleu Tahiti.Le marié est recouvert d'une toque dorée,la nouvelle épouse porte une coiffe haute magnifiquement ouvragée recouverte par des paillettes,la dentelle de sa robe à traîne est un régal.Les paupières des femmes sont colorées en bleu lagon,rouge poisson,vert canari.Les nombreux convives regroupés derrière à la suite sont joliment vêtus de façon plus ordinire.Des musiciens jouent des cymbales à baguette et d'un cornet pour apporter encore plus de gaité à ce défilé majestueux.
Des écoliers jouent au football près de leur école.Ils ont une envie folle de se saisir du ballon pour aller au but,l'enthousiasme est à lui même un spectacle tendre et plaisant.La cage est sans gardien mais une vachette broute là.Je photographie une des images les plus amusantes et poétiques de mes routes.En Indonésie on joue au football avec les vaches,à l'interieur des maisons,contre les murs des mosquées,on tape dans un ballon n'importe où.Quatre vingt dix pour cent des citoyens connaissent Zidane,quarante pour cent Platini mais cinq pour cent seulement Sarkozy le président. Plus de vingt hommes,des vétérans de plus de soixante ans,sont ensemble assis en tailleur les uns à côté des autres autour d'une salle ouverte sur l'extérieur et au sol recouvert de beaux tapis aux couleurs chatoyantes.Ce sont les musiciens d'un gamelan,groupe du folklore traditionel,qui offrent leur spectacle.Affublés d'une toque brune sur le chef,d'une longue et ample chemise beige,d'un long kilt écossais,ils frappent de la main droite en cadence une cymbale dréssée verticalement contre leurs cuisses gauches.Certains ont un gros micro entre les doigts et chantent des paroles répétitives.Spectacle de vieilles origines qui demeure bien vivant. Les maisons typiquement indonésiennes sont de petites surfaces et peu hautes,avec des murs solides en béton,les toits sont recouverts de tuiles brillantes bleues ou rouges,ont plusieurs pans et des chiens-assis.Les fenêtres à dix carreaux sont hautes et nombreuses.Tout le sol intérieur est carrelé,ainsi qu'une partie des murs et la terrasse où se trouve invariablement un banc.Le mobilier est minimum,un espace grand est laissé vide pour le passage des nombreuses visites et le plaisir d'être ici.Des petites chambres aux entrées sans portes avec des rideaux s'articulent autour du salon à tout faire,un escalier descend au sous-sol où il y a la cuisine,la salle de bain et les toilettes.Simple mais rustique,petite et malgré tout vaste.
Le vélonomade fut hébergé chez l'habitant dans un petit village à l'écart au centre de l'île.Ces arrêts de hasard sont l'occasion de découvrir et de partager avec beaucoup de spontanéïté,de naturel et de plaisir.La famille d'hôtes le reçoit avec une simplicité presque enfantine,l'intention sans détour de faire plaisir à un voyageur de passage.Ils lui offrent le meilleur d'eux-mêmes qui est très beau.Pour eux qui probablement ne quitteront jamais leur terre natale,il est une distraction forte et même une chance.L'indonésien sait s'amuser et rire innocemment pour la seule bonne raison que tout peut être drôle.De la joie pour la joie.Didier est une matière d'amusement mais pas de moquerie.Ils ne se prennent pas au sérieux et sont aimables. Les deux filles de la maison,jeunes adolescentes,parlent un peu l'anglais sans faire de faute.Une porte un voile traditionnel,il lui passe sous son menton,lui couvre entièrement la tête ne laissant que le centre de son visage découvert.Il retombe jusqu'à mi-dos et sous la poitrine.Dans le pays ils sont d'une seule couleur,blanc,bleu ciel ou gris généralement.Il bavarde prolixe, mis à l'aise par le bon et doux acceuil.Installé dans un gros fauteuil,autour de lui ils sont une vingtaine,une femme à la grossesse avancée,des gamins de tout âges,des adultes de plusieurs générations,une dame peu-être centenaire.Il se sert de son guide de conversation pour se comprendre en bahasa,ça se passe bien.Les mômes jouent avec un ballon dégonflé dans la pièce,une grand-mère est allongée en chien de fusils sur le carrelage,une jeune fille a calé sa tête sur une peluche,un homme d'âge avancé reste placide à fumer sur une chaise en rotin,un garçon est assis sur la selle de son vélo.Ils sont venus,voisins et amis,attirés par sa présence,tous avec l'air heureux de vivre sur notre bonne vieille terre. Sa façon de marcher le surprend.Il se fait penser à un homme ivre lui qui rarement boit de l'alcool.D'où lui vient cette façon de zigzaguer,de butter contre des obstacles,de s'accrocher les sandales à droite et à gauche,de jouer avec ses bras comme un singe,de faire sans le désirer des larges sourires de toutes ses dents.
Bengkulu(Ouest Sumatra)-Jogyakarta(Centre Java),600 kilomètres en bus puis 101/103/69/89/108/un jour de repos/113/100/134 soit 827 kilomètres en dix jours: Il y a fréquemment des barrages improvisés signalés par un drapeau et d'autres pacotilles sur sa route,quelques locaux sont là à collecter des rouphias dans des corbeilles ou des filets à papillons auprès des gens circulants.Ils mettent en pratique l'enseignement musulman de la charité,leurs quêtes iront à différents mouvements de compassion.
La surpopulation avec la proximité de Djakarta la capitale,atteind son paroxysme lors de ses deux premières étapes à l'ouest de Java.Les "hello Mister" chaleureux se font plus rares.Il y a des supermarchés modernes dans les villes et des supérettes nickels dans chaque bourgade,les effets de la mondialisation commerciale.Il a renoué avec le plaisir d'une nuit sous la tente,depuis le Sichuan en Chine soit sept semaines il ne dépliait plus la guitoune.A un hameau pauvre dans les collines,deux fillettes lui indiquent un puits pour sa toilette de gros chat.Adorables elles l'aident à dresser la toile.Les enfants indonésiens sont un modèle de douce humanité.
J'ai apperçu des ados punks,je ne pensais pas revoir de ce mouvement presque éteind dans ses terres occidentales d'origines.Ils sont quelqu'uns les airs pétés,hébétés,maigres et pâles,paumés peut-être,désespérants.Ils font la manche en jouant d'une minuscule guitare.Je les prends en photo,ils me lancent "makan"=manger.D'autres jeunes aux dégaines plus simples s'enfilent de grandes bouteilles de bière assis sur un bout de trottoir.Ils se font petits comme honteux d'eux même.Il y a un mal de vivre pour une partie de la jeunesse indonésienne.Je l'explique par le fait d'une société sage,avec une belle culture où dans le monde actuel une partie de sa jeunesse découvre la vie avec internet,les télévisions,les rencontres avec les étrangers.Ils se sentent attirer par autres choses d'encore éloignées,d'accès difficiles.Il ne faut rien changer aux fondements de cette société.Comment aider ces jeunes?.Je reste dubitatif cycliste écervelé.
Les vendeurs ambulants en motos,triporteurs,vélos,de repas sur le pouce,de désserts,de crèmes glacées sont innombrables.Ils sont une institution de la vie quotidienne.Ce soir,hasard de ma route,hasard comme le plus souvent,je me trouve dans un hôtel très original,la galerie d'un artiste.La maison d'un créateur talentueux est maintenant un lieu d'acceuil qui vivote.Les extraordinaires portes sculptées sont un travail d'orfèvre du bois.Les meubles sont de la même facture,tables,chaises,bancs,étagères proviennent d'un sciage génial et d'un laisser brut opportun.La transformation des formes par la dextérité de l'artiste.Ce mobilier me soulève l'esprit très haut,c'est enivrant.Une seule oeuvre en pierre sculptée,six chevaux grandeur nature s'échappent d'un mur,le premier est une sculpture libre du plan,le dernier peint dessus,les autres sont en partie sculptés en partie peints.Le jeu de la perspective est remarquable.L'art élève nos vies,apporte un sens qu'il nous manque,magnifie la beauté,glorifie l'âme.Quatrième soir à Java,trois cent quatre vingt kilomètres sur l'île:Je suis très affaibli par des problèmes digestifs,il n'y a pas d'hôtel dans ce village éloigné.Je m'installe à l'interieur de la mosquée sur les tapis avec des Corans autour de moi.C'est loin de l'idéal et peu convenable.Un muezzin chante et lance l'appel,un homme étrange me rejoint,il parle seul très fort et fait de drôles de mouvements que je prends pour des signes de piété.L'idée qu'il reste ici la nuit m'éffraie.Il repart.Un policier,un professeur d'anglais et quelques curieux viennent me voir.On me contrôle sans rire,presque sévèrement.Le policier n'a jamais vu de passeport,mais oui!!.Par la traduction de l'enseignant je dois lui fournir de fastidieuses explications.Enfin après une heure trop longue,je quitte la salle avec le professeur qui m'invite chez lui.Une providence après le doute et l'angoisse!.Je resterai deux nuits et un jour en profitant d'un bon repos chez mon ami.Le couple de cinquante deux et quarante cinq ans a trois beaux enfants de quatre,douze et dix-sept ans.Ce sont des gens simples et chaleureux.Leur petite maison est un peu misérable mais leurs esprits sont riches et positifs.Ils fabriquent des confiseries maison pour du beurre dans les épinards.Toute proche se trouve l'école primaire,nous nous y rendons le chef de famille et moi.Debout derrière le bureau du professeur je me presente à une classe de trente élèves de douze ans habillés en scout.Le scoutisme a été adopté sur les îles indonésiennes.Chaque vendredi garçons et filles se couvrent de leurs panoplies,shorts et jupes,corsages et chemises.Toutes les classes sont en recréation prolongée,personne ne fait rien que se divertir.Nous sommes très loin de la rigueur des écoles françaises.Il y a un manque de discipline et de sérieux évident mais l'ambiance d'innocence régnant entre ces murs nous donne le plus important,l'énergie d'aimer.Les professeurs se la coulent douce,nous buvons nos cafés assis sur de vieux sofas.Mon hôte ne fait pas classe car je suis avec lui,peu importe que ces élèves n'apprendront rien de plus aujourd'hui.Dans cette école de campagne à Java on laisse faire la pagaille et on s'y retrouve là-dedans.La maisonnette prend soin de moi:Thé chaud,riz vapeur,poulet froid et oeufs durs sont bons pour mes intestins détraqués.Plusieurs sacs de riz de cinquante kilos sont empilés contre les escaliers,prévoyance de gens modestes aux coeurs bons.Je suis bien sous ce toit,ils sont heureux avec peu,leurs mines sont radieuses.Nous allons la fille de la maison et moi jusqu'à la superette non loin au centre du village.Elle a douze ans,est gentille,jolie et souriante.Je lui propose de remplir le panier à sa guise:Lait en poudre,boisson aux céréales,nouilles deshydratées,bonbons à la menthe pour un total de cinquante cinq Ruphias.Je règle la petite note avec plaisir.
De nombreux jeunes garçons se balladent avec des guitares(vieux instrument que l'on fait durer),ils s'improvisent musiciens,ce sont de jeunes poètes qui cherchent leurs voies.Au centre de Java il laisse la montagne pour une plaine à peine vallonée,sur le vélo c'est plus beaucoup plus facile que les jours d'avant.Pour la première fois il croise des vététistes,tout de neuf équipés,vélos,maillots,cuissards,chaussures,casques,lunettes de soleil.Marginaux dans leur patrie,ils sont amusants ces amateurs avec leurs allures uniques.Dans les villes,les vélos triporteurs pullulent,ce sont la plupart de petits vendeurs ambulants,le plus souvent de denrées comestibles. Dans les superettes toutes similaires les rayons sont bien remplis des mêmes marchandises.Les jeunes employés de deux sexes,sont soignés et consciencieux,un peu niais.Des cigarettes,des biscuits,des glaces,des sodas,des sprays et crèmes anti-moustiques,des cosmétiques bas de gamme,des paires de chaussettes,des bougies,des chwing-gum,des pâtes,du riz,des sauces tomates et plein d'autres choses mais rien de très bons et de très utiles.Tout les pays du monde font commerce de produits industriels à la portée des petites économie de tout le monde.Que faut-il penser de ce commerce mondial de grande utilité mais de mauvaise qualité?.La faim chez les hommes est un problème en voie de disparition ou allons-nous vers de nouvelles problématiques?.En Indonésie on trouve des compléments alimentaires,de la parapharmacie et des médicaments simples de premiers soins de partout. Lorsqu'il demande aux passants le nombre de kilomètres pour arriver à tel endroit il ne fait que perdre son temps.Le peuple n'a pas le sens des distances.Untel lui dit trois heures de voiture,tel autre six heures de train,il n'ont pas la présence d'esprit de penser que lui réfléchit avec la vitesse de son deux roues.Il y a soixante dix bornes et quelqu'un lui en annonce vingt cinq,on lui indique carrément n'importe quoi.Le kilométrage est un abstrait qui ne les inspire pas.Ils savent que c'est loin,que l'on va là-bas en quelques heures ou en deux jours,ils se satisfont de ces notions évasives.Dans un autrefois déjà lointain se déplacer dans l'archipel aux limites interminables et mal connues était l'aventure d'une vie entière,les calculs étaient alors très différents de ceux que le riche touriste a besion de nos jours.Les différents véhicules routiers encombrent les voies étroites et peu nombreuses,le traffic est incessant,polluant et bruyant.Se deplacer plus facilement devient une urgence.Sur le vélo,il lutte contre des moulins à vent,se révolte depuis son isolement.Il aimerait en convertir le plus possible au cyclisme et à ses belles vertues,à la marche à pied et à la dignité qui l'accompagne et aussi à l'utilisation de véhicules plus écologiques.Les iliens au volant foncent tout droit à toute bombe,allant à tel endroit vite et bien.
Au quartier mouvementé des hébergements touristiques de Jogyakarta,des vacanciers se font remarquer par des façons pas vraiment distinguées.Ils sont en vacances bon marché,suivent les circuits organisés,lisent les mêmes guides faciles.Ces voyageurs font peu d'éfforts et ne goûtent pas à la joie d'un partage plus authentique avec les indigènes.Une fois revenus chez eux ils relateront des affaires creuses au sujet de ce merveilleux pays.Le tourisme de masse à rendement économique est-il une source de progrés pour l'équilibre du monde?.Des habitants des pays les plus pauvres aimeraient aussi voyager,des portes s'ouvrent sur la corruption,l'argent sale,l'appauvrissement des vraies cultures,la criminalité.Les touristes doivent partager quelque chose de bon avec les autres vies d'hommes qu'ils recontrent trop brièvement.Pour quand des vacances intelligentes,de l'amitié avec les autocchtones,le bonheur évident de rencontrer un autre peuple et ses richesses?.Le touriste formaté se grise de depaysement,se fait plaisir avec aisance et ne compte plus son argent dans des contrées au niveau de vie nettement plus bas.Zéro virgule cinq pour cent de la population profite très bien de sa venue,cinquante pour cent surtout peut s'en agacer et le reste ne voit rien du tout du phénomène. Je visite le palais du Sultan de Jogyakarta,le Kraton,où vit aujourd'hui toujours un énième héritier,construit au 16ème siècle avant l'occupation coloniale néerlandaise.La foule heureuse en ballade découvre des expositions passionnantes.Le Gamelan est un ensemble instrumental traditionnel composé principalement de percussions:gongs,métallophones,xylophones,tambours,cymbales auxquels peut s'ajouter des instruments à cordes,soit frottées,le rebab,soit pincées,la cithare,à vent comme la flûte et le chant féminin et masculin.Le joueur principal de kendang(tambour) est le véritable chef d'orchestre.Lorsque le gamelan accompagne une danse,un dialogue s'installe entre le joueur de tambour et la danseuse ou le danseur.A ce moment là c'est plutôt la danseuse qui prend la direction.Il en est de même lorsque l'ensemble accompagne un théâtre d'ombres.La musique douce m'est hypnotisante,bonne à me refaire une santé en prévision du redépart assis sur ma selle.La fabrication des batiks(dessins peints sur de la soie) et des marionettes de Java suit un complet processus éxigeant un savoir faire parfait.On nous explique tout cela avec des illustrations dans les jolies boutiques.Au spectacle animé,coloré,ennivrant à un café-concert,le groupe de pop-jazz est brillant,les deux chanteuses sont à croquer.Les musiciens jouent parfaitement des reprises très connues.Je suis saoulé de plaisir.
Jogyakarta(Java)-Ubud(Bali),350 kilomètres en train jusqu'à Surabaya puis 116/20/142/90/89/21/53 kilomètres.Dans le train confortable,il se trouve avec plaisir assis à coté d'une marginale de 18 ans au joli minois souriant.Le voyage et la beauté de la vie nomade sans fin programmée,la joie d'être toujours une fois de plus en partance vers un ailleurs qui offrira ses surprises.Elle envoie des messages téléphoniques à un copain sur sa petite île natale près de Singapour puis lui passe une oreillette de son lecteur pour écouter ensemble son rock préféré.Il a l'âge de toutes les vies,c'est formidable.Elle se prénomme Diana car sa maman adorait la princesse,l'histoire de son prénom ne plaît pas à la punk. Il quitte le wagon à six du matin à la gare de Surabaya,la clarté de l'aube est mate et aveuglante.Son vélo et les quatre sacoches font le trajet en camion pour dix mille Rouphia soit plus ou moins huit euros.Il doit patienter,un homme l'invite à prendre une tasse de café.Il apprend le français à l'Alliance française(Il y a trois cent associations sur la planète),il veux bavarder et tester ses acquis avec lui.Il lui parle lentement en articulant bien.Il adore se sentir un professeur utile,s'il ne passait pas tout son temps principal à pédaler il aimerait enseigner,le français,l'anglais ou ce qu'il sait et pense de la vie d'un homme.Le vélo est là sur le quai,lorsque il le retrouve après une sépération exceptionnelle comme ici pour cause de transport,il éprouve des sensations d'amoureux.Il n'a dormi qu'une heure dans le train,aura-t'il assez de forces pour pédaler?Sept heures trente minutes plus tard-Réponse:oui-Etape:116 bornes ou 72 miles.Deux cyclistes rentrent à leurs maisons,ils sont ensemble un petit quart d'heure,le bruit des six roues est musical.Il fait l'effort d'apprécier leurs compagnies,le plus souvent les cyclistes à ses côté perturbent sa cadence et sa tranquillité.C'est pas simple de trouver des amis!.Sur les îles indonésiennes les cyclotouristes sont si peu qu'il faut les encourager.
La petite route qui grimpe vers le volcan Bromo est très pentue,trente kilomètres de côte continuelle.Je suis congratulé par les autochtones qui habitent des masures près de la voie, vélovoyageur à l'energie formidable.Je stoppe à une cuve d'eau pour aspersion,des petits sauvageons m'observent.Une fille en dessous de vingt ans me jette des sourires en coin,part,revient et recommence deux fois.Elle joue à un jeu qui pourrait s'intituler,"devine si on peut s'aimer".Je lui souris voulant lui dire qu'elle est jolie.Elle disparaît,ils disparaîssent tous au cours de mes étapes.La nuit tombante stoppe mon ascension.Providence de nomade,il y a là une gargote,ma route vers le volcan est si rude que sans nourriture je défaillirais et mes provisions sont épuisées.Je stoppe donc pile au plus tard que je pouvais et juste où il fallait.Par une soupe de nouilles,des boulettes de viande de poulet,des biscuits et du thé,mon estomac de boulimique de fin d'étape est assez rempli.Je dresse la guitoune derrière la petite école,quelques uns me regardent m'installer éclairé par ma lampe frontale.Ils refusent de me parler,ils ont des airs autant inoffensifs qu'idiots.
Il se rendort sous la toile éclairée par la clarté d'un matin lumineux.Le voyageur masse ses cuisses encore tétanisées par ses efforts de la veille puis il range lentement ses affaires de nomade.Vingt kilomètres pour atteindre dans les montagnes Ceromo,le village le plus proche du grand volcan et son cratère d'où s'échappe sans relâche la fumée d'une cheminée du feu des profondeurs de la terre. Sur les murs de pente à quinze pour cent et plus,jusqu'à peut-être vingt-cinq pour cent quelquefois,longs de cent à trois cent cinquante mètres environ,il est en danseuse,évidemment sur le plus petit développement,concentré,régulier,plié sur le guidon vers l'avant pour bénéficier de son poids corporel poussant vers le haut et ne tirant pas vers le bas.A Cemoro,2050 mètres d'altitude,il installe sa tente à l'écart du village empli de touristes préssés de se trouver sur les bords du volcan et d'indonésiens de peu d'argent qui cherche à se remplir plus les poches.Le terrain est cendreux parsemé de larges touffes d'herbe molle.Sans ombrage avec une exposition idéale,demain le soleil apparaîtra très tôt depuis la vallée où descend l'unique route.Sur les versants,on cultive des legumes(Choux,carottes,salades,pommes de terre,potirons...)qui poussent formidablement sur cette terre volcanique.Les paysans de ces hauteurs de Java sont rustiques et braves,ils conservent leurs vieux habits et leurs traditions d'autrefois.Bottes en caoutchouc,jupes longues delavées,pantalons velours,bandeaux autour du front.Deux vieilles femmes charrient du bois mort tenu par les deux mains et posé sur leurs têtes.Des existences simples et saines les ont rendu belles pour la vie entière. A cinq heure le réveil sonne sous la toile,il quitte les songes de la nuit brusquement. Il suit le chemin dans la lumière de l'aube qui souligne la beauté du paysage emprunté chaque jour par la foule.Il traverse un long plateau poussièreux inculte,trois kilomètres de marche douce sur une mer de cendres sableuses.Les excursionnistes sont légion dans son champ de vue,tous ils veulent vibrer en allant au plus proche du feu planétaire.Un autre volcan plus grand est un cône presque parfait sans cratère,il se dresse magnifique tout à côté du Bromo qui dégage de sa profondeur une fumée grise sombre d'un débit comparable à celui d'une grande cheminée d'usine. Des chevaux sellés,petits et nerveux,emportent des visiteurs jusqu'à la première des 253 marches qui permettent d'arriver sur le chemin de crête qui suit le pourtour du cratère profond d'à peu près cent mètres où s'échappe la fumée du feu des entrailles de la planète.C'est la première fois qu'il assiste au spectacle d'un volcan en activité.Phénomène fascinant,beauté féroce,énergie absolue.Nous vivons à la surface d'une boule de feu.Il lira des exposés de géologie,il veut savoir ce que les scientifiques peuvent lui apprendre. L'ambiance du village lui deplaît,ici se joue une bataille larvée de petite économie touristique entre ceux qui arrivent les portefeuilles garnis et ceux qui entretiennent un quotidien précaire.Le Bromo,un des plus beaux volcans en activité n'appartient bien sûr à personne,c'est un endroit fantastique propre à nous rendre humbles et bons.S'il n'y avait pas de traffics pécuniers minables,si les touristes envahissants l'étaient moins,si les indonésiens avaient mieux aménagé le secteur,il serait rester quelques jours avec ces grandioses volcans.Il pense à une marche à pied lente et heureuse,à un repos bienfaiteur dans le vent frais sifflant.
Bali,la belle et ravissante,attirent les touristes en mal d'éxotisme,petite île de plaisir et de soleil,d'arts et de traditions.Séparé de Java par un étroit bras de mer,je la rejoins en trente minutes de traversée sur un énorme ferry très rouillé.Je scrute les horizons la main en visière,la terre et la mer semble éxécuter une danse qui pourrait être une valse.Trois millions et demi d'habitants à Bali,à densité égale nous serions trois cent cinquante millions de français dans l'héxagone.Les balinais paisibles sur leur terre édenique poursuivent leurs petites vies.La surpopulation ne semble préoccuper personne,plus il y a d'hommes qui vont bien plus tout le monde est heureux.Contrairement au reste de l'Indonésie sur l'île l'influence hindoue domine.Le rituel est très différent de celui pratiqué en Inde.Les temples garnis de fleurs fraîches tout les matins sont des constructions extravagantes qui laissent contemplatif,qui prennent en otage les esprits pour mieux les libérer.On ne peut les compter tant ils sont nombreux,sûrement plus de dix milles de toutes sortes et de toutes formes.Aux sanctuaires importants des villages,il faut ajouter ceux des familles,des rizières,des cimetières,des sources,des marchés,des grottes,des plages et des bords de mer.Le temple où descendent les dieux est séparé du monde profane par une haute porte fendue pour accéder à trois cours.Des bâtonnets d'encens sont brûlés,des offrandes sont offertes aux divinités,des grains de riz,des pétales de fleurs sur des feuilles de bananier,des petites choses diverses propitiatoires.Tout cela me rappel les croix de pierre chrétiennes dans la campagne française,à l'importance perdue aujourd'hui qu'elles avaient jadis. L'île fertile est bénie des dieux,le sol est miraculeux,les clous de girofle,le riz,les légumes et les fruits,les fleurs,se développent avec génériosité.Je ceuille des mandarines,fruits de la paix et des faims heureuses,cela me rappelle les oranges délicieuses sur l'île de Crète. Bain de mer et de félicité:Les rouleaux des vagues me ramènent invariablement du côté de la plage,je nage pour faire du sur place,l'eau est claire,tiède et dégage des parfums de grandeurs naturelles.Je suis un bébé bercé par l'eau de la création.L'air du large vivifiant,l'oxygène de la biosphère me nettoie et purifie la cage thoracique.
Il s'éloigne du rivage par une étroite route tortueuse et abrupte conduisant au centre de l'île.Il coupe en deux la petite Bali dont la forme géographique ressemble à celle d'une huître.L'énergie épuisée il pose sur sa béquille le vélo dans le joli petit parc idéal d'une villa typiquement balinaise.Il pourrait très bien camper,l'idée de passer la nuit là est symphatique.Des grosses fleurs de couleurs aussi brillantes que des spots de dancing,une fontaine fantaisiste et murmurante,un bassin d'eau moussu où frétillent des poissons aux écailles brillantes comme des papiers de papillotes,c'est un décor de conte de fée.On lui offre l'hospitalité.Le chef de famille est un fermier sans problème,impossible de se plaindre lorsque l'on vit sur une si belle île.Tout de suite ses propos amicaux le mettent à l'aise.Tout les jours des touristes flânent et passent devant son magnifique chez-soi,il me montre deux guides de voyage français sur l'Indonésie et me raconte avoir reçu des gaulois bourguignons.Il sait des choses sur Ariane en Guyane,sur François Mitterand et Jean-Marie Le Pen.La vie est douce,on épouse une nochalance agréable,les peines disparaîssent.Des petits macaques barbus à longues queues s'ébattent près de la route et continuent avec leurs burlesques habitudes sans s'occuper d'un ridicule vélovoyageur qui crispent ses mains au dessus de ses poignets de freins pour mieux les éviter.Ils sont sympathiques,une maman serre tendrement un bébé contre son torse avec les yeux de l'amour.Cependant gare à une mauvaise farce lorsque de près il les photographie. Bien que l'existence à Bali soit l'une des plus paisible de la terre entière il se sent stressé par il ne sait quoi.L'effet de quelque chose de trop beau pour être vrai,il est dans un rêve éveillé et non dans une réalité rêvé,il veut corriger cette confusion.
Ubud est une petite ville du centre de Bali où se concentre le plus de la vie artistique et culturelle.Les peintures,les sculptures,les danses,les musiques,les théâtres,la création est permanente et s'expose un peu partout.Vivent là des artistes et ceux qui ont choisi de vivre avec eux.Le commerce des oeuvres et des créations est incessant,il y a une confrontation entre magnifique et mercantile.Les oeuvres sont belles,merveilleuses,passionantes,riches de sens.Des techniques parfaites,des créateurs géniaux,des résultats admirables.La petite île est une terre immense et universelle grâce à ses arts et traditions qui abolissent les obstacles et les frontières. Je pense qu'il y a trop de commerces et d'argent sur ce petit secteur de Bali où la félicité s'est installée.Des banques,des hôtels,des restaurants,des galeries,des bijouteries,des boutiques luxueuses,en surnombre qui falsifie l'authenticité des créations et des traditions.Il y a une lutte larvée entre conservatisme et capitalisme.Aisance factice,atmosphère étriquée,joie dénaturée.Les mendiants et les petits travailleurs des rues ont des collectes heureuses à Ubud,il y a toujours quelques pièces inutiles dans les poches d'un riche,surtout si celles-ci lui soulage sa conscience humaine.Le monde des humains est un puzzle géant et Ubud n'en est qu'une minuscule pièce très unique.Un lieu à savoir adorer pour que sa beauté jamais ne s'égare.
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