Planète Vélo

Planète Vélo

NEPAL,INDE,THAÏLANDE,LAOS

Mardi 15 Juillet 2008

  Je prépare mon sixième départ pour un voyage longue durée en vélo,je suis impatient de déjà être parti,de quitter ma vie de sédentaire moins heureuse en France. Ma destination le Népal puis l'Inde,puis la Thaïlande ou le Sri Lanka,et d'autres pays de l'Extrème-Orient,et peut-être un entier tour du monde dans le sens de la rotation terrestre.Des guides et des cartes sont au pied de mon lit,je les feuillette avec le plaisir d'un rêveur dont la chose souhaitée est seulement un peu devant dans le temps. Etre bientôt sur les routes népalaises,oublier le vélo le temps de treks les plus extraordinaires de la terre,puis repartir sur la selle vers l'immense sous-continent indien est à mon esprit la chance d'une grande histoire.Les horizons de ma vie,de mes pensées,de mes amours,et de mes peines s'ouvriront plus infinis,dans le merveilleux et la magie du monde. Je devine cartésien que ma force d'homme,de petit voyageur du vélo,sera mise parfois à rude épreuve,mais cela ne fait qu'augmenter mon envie d'être un minuscule cycliste ou randonneur au centre des plus étonnants paysages,des plus grandes villes,en des campagnes et contrées éloignées,un peu partout mais jamais n'importe où sur la planète.Je m'imagine bienheureux d'une moisson de souvenirs qui me semblera ne jamais prendre fin. Je vais voir,frôler,découvrir et partager de mon temps avec des autres frères humains aux croyances et coutumes très éxotiques.Leurs acceuils chaleureux me donneront le plus d'énergie dont j'aurai besoin.Le voyage en vélosacoches c'est être chaque jour confronter à des situations nouvelles et insoupçonnées,c'est mêlé son existence,son énergie,sa respiration,son âme,à d'autres vies humaines,c'est ouvrir grand les yeux devant de nouveaux paysages,c'est circuler dans les grandes villes du globe,dans des villages perdus,c'est l'ivresse sans fin des sons,des couleurs,des odeurs,de ciels changeants.C'est être dans les embouteillages routiers,sur les routes défoncées,c'est transpirer et tremper son maillot d'une sueur abondante,c'est être mouillé par une grande pluie jusqu'à la moelle des os,c'est résister aux périodes de froids cinglants,c'est dormir à la dure quelque part dans l'univers,c'est souvent une euphorie folle,c'est ne plus jamais penser à sa mort,c'est un bonheur que l'on veut préserver aussi longtemps que la force et l'envie seront là.C'est posséder une petite fortune mais être riche de l'infini des souffles de l'univers.La beauté,la poésie, leurs émotions,l'amour inépuisable.Chaque matin sera le premier de tout ceux qu'il me reste a vivre.
    Je quitte la France pour longtemps sur un vélo,avec vingt kilogrammes dans quatre sacoches et une petite tente où je dois rentrer avec les bagages.J'ai besoin de rêver très fort pour doper mon départ,pour laisser mon environnement familier toujours plus loin de moi. La préparation touche à sa fin,je passe le temps de ces derniers jours sédentaires à me vider l'esprit de tout ce qui ne m'a jamais vraiment intéressé,je ne veux que le plus beau,en imagination ou en réalité.Je suis là dans le plus simple de ce qui est vivre,à seulement chercher à aimer un peu plus fort tout ce que je vais quitter.

LE NEPAL:  J'ai atterri à Kathmandou,le trajet depuis la France fut bon. La nuit tombe sur la palpitante ville,je suis fatigué par une belle journée de visites,le cybercafé va fermer boutique.Je vous aime,j'ai de la chance d'être au Népal,déjà rassuré j'entame la vérification de mes envies de voyages rêvées.  J'ai deux jours après mon arrivée plein de choses à vous raconter.La population est chaleureuse,heureuse et drôle.Des hommes plus courtois que nous le sommes en Europe.  Leurs préparations culinaires sont délicieuses,oeuvre de savoir-faire,de tradition,d'amour,et de bon sens.Le népalais ne se trompe jamais en cuisinant.  Les parcours en bus et en rikchaws sont épiques.La compagnie des aimables kathmandouriens est un plaisir valant tout les conforts du monde.Dans la ville s'ennuyer est impossible,il y a une grande et belle animation qui ne cessera qu'avec la nuit avancée.J'aperçois régulièrement des touristes venant des pays aux économies dominantes dans la marée humaine qui encombre les trottoirs,ils terminent ou préparent pour la plupart un trek dans l'Himalaya.Les déplaçements en tout genre debordent de toute part .   

    J'ai regardé et rigolé avec les bandes de singes grimpant aux façades des temples,jouant avec l'eau des fontaines,se moquant bien des passants.Les saddhus sont des hommes que je trouve étonnants,sont-ce des mysthiques ou des mystificateurs?.Ceux-ci ont choisi de vivre sans famille et sans travail pour mieux s'imprégner des préceptes de l'hindouime.Les corps nus recouverts de cendre,des bouts de tissus cachant leurs sexes pour tout habits,les visages maquillés de symboles colorés,ce sont des extraterrestres dans la société.Aux ghats sur les rives du fleuve sacré où se font les crémations des morts sur des bûchers de branches,le feu purificateur transforme la partie temporaire,pérrissable et très imparfaite des hommes en fumée éternelle.Deux étudiants furent mes guides d'un après-midi,il m'offre le luxe d'ouvrir mes sens grâce à leurs paroles d'enfants du pays respectueux de leurs origines. Le plus fort de mes rêves est à venir,les treks dans les hautes-montagnes dont on aperçoit par temps claire les sommets blancs mythiques au fond de l'espace.   Au une gargote je partage une table avec Daniel,un moine bouddhiste belge de 55 ans qui a revêtu la robe il y a trente ans.Il travaille avec douze enfants dans un orphelinat à Vanarasi.Il est un homme vivant différemment,à l'écart de la masse.J'apprécie les hommes ayant choisi un autre chemin que ceux tout tracés par les sociétés. Bain de foule au coeur du coeur de Katmandou,assis en haut de la plus haute des stupas de Durbar Square.Ces monuments portent l'histoire d'une nation que les ans ont sublimée.Un guide de montagne,un enfant malicieux deux de ses orteils pansés pour mendier des roupies aux nababs de touristes,une femme qui insiste dans un sourire aussi large que paraîssant innocent pour me vendre une médaille de toc avec les yeux de Bouddha,un vieillard cramponnant de ses doigts noueux un mot de son docteur,disant ceci qu'à 86 ans il nécessite l'aide des plus riches,m'entourent,me sourient,me font partager leurs chaudes humeurs.Le guide me donne à consulter son livre de bord dans lequel des touristes de tout les pays lui adressent des compliments.Dans la montagne,il porte,il indique,il rassure,il explique,il aime l'Himalaya où l'eau qui coule est un peu de son sang,où la neige est un peu de ses cheveux,où les sentiers sont un part de son esprit,où la pierre est un peu de ses os,où le ciel est sa seconde peau. Un cordonnier ambulant répare mes sandales qui ont un coup dans les semelles.Il fait son boulot comme le petit chef de l'essentiel,il a l'habitude des touristes et demande toujours plus d'argent que l'on veut bien lui offrir.Je divise la somme par deux et nous sommes amis.Je quitte mes amis du moment aux sourire d'éternité pour poursuivre mes tribulations enivrantes dans les rues vibrantes.

   Depuis Pokhara la deuxième ville du pays,je partirai demain de bonne heure pour entamer le trek des Annapurnas,qui demande environ vingt jours.Les plus hautes montagnes du monde sont extraordinaire,les cimes nous signifient que nous sommes seulement de toutes petites créatures, que le sens de nos vies demeure mystérieux et que nous devons être humbles.J'ai transpiré de façon incroyable sur mon vélo entre ici et Katmandou mais comment perdre le bon esprit avec les enfants au bord de la route,tous spectateurs m'encourageant avec des petits mots de sympathie,des signes amicaux de leurs petites mains.Les plus anciens aussi m'applaudissaient,calmes et dignes.J'ai traversé le lac Phewa Tal sur une vieille barque puis j'ai suivi le sentier empierré qui permet en moins d'une heure d'être en surplomb de la vallée.Je suis revenu en contournant le lac.J'ai croisé beaucoup de buffles,ceux-ci je ne les trouve pas très beaux.Mon point de vue peut évoluer,on s'habitue à de nouveaux amis et ceux-ci gagnent notre bon jugement.En traversant les quartiers pauvres de la péripherie,j'ai réalisé qu'il y avait beaucoup de démunis et de la misère au Népal.Nous devons aider les plus défavorisés sur la terre,et si cela est difficile il le faut tout de même.Il en va d'un avenir meilleur pour les êtres humains.Comment atteindre à un bonheur universel si le trois quart des humains sur la terre sont trop pauvres?.Nous naissons tous égaux.Un même homme a été adopté tout petit enfant par une famille d'un pays riche,il est maintenant hautement qualifié et père de famille heureux,ce même enfant est resté livrer à lui même dans une contrée d'un pays sous-développé,il est maintenant seul et mendiant dans les rues d'une ville de son pays. 
   Sur les sentiers du tour des Annapurnas j'ai progressé à une vitesse double que celle indiquée par les guides.Dix jours de randonnée énergique pleine de bonheur.Le grand nombre de touristes sur le parcours peut nuire à plus de tranquillité escomptée mais pour qui découvre pour la première fois la magie des plus hautes montagnes de la terre,cette randonnée qui atteind 5416 mètres à son point culminant est une merveilleuse expérience.J'ai partagé des instants de tendresse naturelle avec des enfants rigolos,sales comme on imagine mal,jouant avec des noix,des bouts de bois ou d'autres trucs de dernière fortune,ils ont dans leurs sourires un peu de l'or de la terre.J'ai méditer dans les temples boudhistes des villages d'altitude qu'aucun véhicule motorisé ne peut rejoindre.Les porteurs népalais qui ont parfois plus de cent kilogrammes sur les épaules dans de grandes corbeilles réalisent l'entier ravitaillement des lieux de vie éloignés sur les versants.Je me suis surpris à deviner des choses que je ne soupçonnais pas,longtemps assis dans la posture du lotus,les mains retounées sur les genoux,en méditation,comme si c'etait une évidence.Les yaks sont des bêtes formidables,amies des haut-montagnards,ils fournissent le transport,le lait et leurs robes.La tsampa tibétaine au petit-déjeuner,c'est de la sagesse bouddhiste qui se glisse dans mon estomac. J'ai emprunter deux bus déglingués,ils le sont presque tous.Avec le premier j'étais perché sur le toit avec des tas de bagages et d'autres passagers intrépides.Les transports publics avec des hommes suspendus ou accrochés dessus un peu partout est une normalité banale.Les autocars roulent pépères sur des pistes lamentables,ils rasent les précipices,ils frôlent la catastrophe très souvent.Rassuré par l'atmosphère heureuse et empli de joie je n'ai pas eu peur.
 
    Je prépare maintenant le trek de l'Everest.Il me faut retourner à vélo à Kathmandou,comme à l'aller il me faudra trois étapes. J'ai passé deux jours très agréables au village buccolique et rustique de Bandipur,perché à l'écart de la route qui relie la capitale à Pokhara.Au village les beautés de jadis ont bravé les épreuves du temps,les autrefois nous offrent un héritage sacré.La luxuriante végétation,les senteurs de plantes,des feuilles,d'écorces,de terre retournée des environs est un cortège odoriférant.D'un énorme rocher le panorama sur tout les horizons est extraordinaire,les cimes en pointes du massif de l'Annapurna sont posées sur d'immenses masses nuageuses,le dégradé du ciel va d'un gris sombre à un rose léger pastel.Contemplation de petit homme devant le spectacle infiniment grand de la nature et de la planète.
 
    Dans la capitale en dépit de la gigantesque agitation quelque chose reste paisible.Je retrouve Bissal Lama par hasard dans une rue,comment est-ce possible de retrouver quelqu'un dans une foule aussi démentielle?.La seule explication qui me vient à l'esprit est qu'une amitié commune nous est programmée. 
  198 kilomètres de vélo jusqu'à Giri,le village départ pour rejoindre an trekking le massif de l'Everest.C'est un patelin très éloigné au fond d'une vallée au terminus de la seule petite route très montagneuse qui y mène.Les ascensions sont longues,je souffre sur le vélosacoches.La voie est étroite,tortueuse,en très mauvaise état,il me faut toutes mes forces de cycliste.J'ai installé ma tente au centre d'un des innombrables hameaux où les indigènes vivent avec presque sans argent avec un potager et quelques buffles.Les villageois du coin étaient béats,semblaient admiratifs,m'entouraient de près lorsque j'assemblais la guitoune. Les népalais sont matinaux,ils répondent au soleil levant,toujours des bruits d'hommes me tirent du sommeil.A Giri,ma reine est garée à l'hôtel pour vingt roupies(0,20 Euro) de gardiennage.La randonnée de quinze jours avec un sac à dos de neuf kilos fut le plus éprouvant trek de ma vie.Quatre jours au-dessus de 4000 mètres d'altitude dans les plus hauts paysages terrestres.Depuis un sommet "Gokio peak" à 5360 mètres,le panorama est époustouflant sur l'Everest et les autres cimes du sublime massif..Deux heures durant je fus dans une contemplation inoubliable,les difficiles mais symphatiques premiers jours pour me trouver sur ce point d'orgue me conduisait vers le paradis des cimes.De nombreux touristes arrivent en petits avions d'Air Népal à l'aéroport de Namche Bazar.De là en quatre ou cinq jours ils peuvent atteindre le camp de base de l'Everest.J'ai croisé une japonaise de 89 ans sur ces sentiers.L'altitude conserve,le froid aussi paraît-il.Le secteur est envahi,les prix des lodges et dans les petites échoppes sont de trois à dix fois supérieurs que partout ailleurs au Népal.Peut-on faire quelque chose pour empêcher les envahissements destructeurs du tourisme de masse?.Que faut-il y voir de bon et de moins bon?.Que faire contre la pollution du tourisme facile?.De retour vers Namche-Bazar,j'ai bouloté du fromage de yak.Il a moins de goût que le comté mais une saveur fine appétissante.
  De Giri je repars en bus avec le vélo sur le toit.A la suite du plus beau trek de ma vie qui a duré dix-huit jours,cela me semble presque inhumain de devoir repédaler sur la route qui m'a fait sué comme un fou dix-sept jours auparavant. Dans la grande vallée qui relie Kathmandou au Tibet et à Lhassa la route est barrée avec des troncs d'arbres coupés par des manifestants.Au bout d'une heure parmi les centaines de véhicules stoppés,les va et vient des passagers,devant les échoppes pauvrettes des riverains,je réclame mon vélo sur le toit de notre bus arrêté.Seul passager à avoir une solution bis.C'est alors que je fus heureux sur une chaussée sans traffic. Nouvelle halte à Bhaktapur après celle de l'aller.La cité historique est prestgieuse,habitée et très vivante.Ses temples,ses pagodes,ses sculptures,son artisanat et sa formidable richesse artistique restent inoubliables.Le pouvoir de l'art et de l'histoire sur l'esprit humain atteind un maximum ici. Depuis les hauteurs de Nagarkot les sommets alentour dans les couchers et les levers de soleil sont féeriques.La lumière allume les cimes blanches dans une beauté transcendante.Ce spectacle du ciel et de la terre m'interroge sur ce que nous sommes les petits humains dans l'immensité du monde.La pleine lune était le seul astre visible dans la nuit brumeuse,alors je me suis dit en jouant les stupides:"Et si un jour elle nous tombait dessus!"
    Je suis de retour dans la turbulente Kathmandou,ma chambre d'hôtel est une bonne affaire.L'endroit est calme,sur le balcon le vélo est à l'abri,au travers des beaux rideaux je reçois les rayons du soleil le jour entier. Une dentiste népalaise m'a prodigué les premiers soins pour une molaire dont je souffre depuis trois jours,cela nécessite d'y retourner plusieurs fois.Pendant ce temps je demanderai le visa indien à l'ambassade puis je ferai d'autres visites dans les environs de la capitale. La dentiste ne réussi pas à m'administrer une anesthésie éfficiente,je sursaute sur le fauteuil de douleur,nous allons stopper ces soins de torture.A l'hôpital des Etats-Unis,un ricain va m'arracher la grosse dent avec une gymastique compliquée sans me faire souffrir .Ce matin j'ai emprunter les ruelles hyper encombrées du quartier touristique,pour me rendre à la station des bus en tout genre.Kathmandou est une fourmillère qui va à bonne allure,ce pourrait être invivable et ça ne l'est pas.Quarante-cinq minutes de trajet à être balloté,compressé par le surnombre des passagers qui montent et descendent aux très fréquents arrêts.Un homme a l'emploi d'ouvrir et de refermer la porte du véhicule,et d'empocher les quelques roupies de chacun. Kirtipur est une bourgade dans la banlieue campagnarde de la capitale.L'endroit est assez pauvre,je n'y vois aucun touriste.Je gravis un chemin pentu et delabré,il y a des ordures et des sâletés à tout les coins.Des canards,des poules,des coqs fiers divaguent dans la fange,des femmes aux âges indéchiffrables tamisent des grains de blé sur des paillasses tressées exposées au soleil.C'est le moyen-âge dans une version d'aujourd'hui.J'erre au hasard,dans une courette désolées j'hésite à emprunter un mini tunnel sous une maison pour lequel je dois me courber en deux.Dans cette petite ville aux airs desherités,il y a un temple bouddhiste thaïlandais flambant neuf.Des hommes aux allures importantes sont réunis là.Au sous-sol se trouve une cantine,des nonnes bien portantes et des moines grassouillets ingurgitent de copieux dal-bath(Plat national népalais:riz blanc avec légumes et sauce pimentée).Je m'assieds pensant me restaurer,mais je suis prié de quitter les lieux.Que dois-je penser?.Les fois sont nombreuses lors de ma vie de voyageur où je refuse de croire à mes pensées,car un bon jugement demande de la certitude.J'empiffre des délicieuses pâtisseries,des petites boules de gâteaux trempées par un sirop,des pâtes d'amendes en losanges,des biscuits caoutchouteux très sucrés et parfumés au cacao,accompagnées par un thé citron facilitant l'ingestion et la digestion de ces fines gourmandises.
 
     J'ai visité Patan,separée de Kathmandou par le fleuve,et ses temples extraordinaires.Les temples dans la vallée de Kathmandou sont sans égal,prodigieuses constructions aux décors superbes. Balade à pied en traversant les quartiers pauvres périphériques de la capitale jusqu'à "Monkey temple" au sommet d'une imposante colline,ce nom en raison des nombreux singes qui s'en donnent à coeur joie là-bas.Des longs et grands escaliers,des rangées de statues de Bouddha,d'éléphants et beaucoup d'autres encore,des stupas,des oeuvres et des chef d'oeuvres et avec toutes ces merveilles un panorama sur l'entier Kathmandou.Je me trouve avec mon ami Bissal Lama,un jeune homme de trente ans,un bouddhiste des hautes-montagnes proche du Tibet,doux,souriant,drôle,serviable et malicieux.Il fut un guide et conseiller hors-pair lors de mes trois arrêts dans la capitale. Les deux soirées restaurants cabarets avec orchestre,musiques,chansons,danses et costumes traditionnels,furent des remarquables divertissements dans la joie contagieuse et resteront dans ma mémoire tels une page d'amour.
 
    J'ai repris le vélo et fait 750 kilomètres en sept jours,les cinq derniers sur une route plate à l'asphalte plein de petites bosses entre les montagnes de l'Himalaya au nord et la plaine indienne du Gange au sud.J'ai passé les nuits dans des villages aux hôtels minables.Vie de bohême chérie. Les chars à boeufs que l'on croise dans le sud du Népal font penser à une antiquité qui dure encore.Avant de quitter le beau pays je me repose un jour dans une ville chaotique proche de la frontière indienne la plus à l'ouest. Demain je pédalerai en direction d'Agra et du légendaire Taj-Mahal l'esprit rempli de beaucoup d'heureux souvenirs au Népal.
 
 
 L'INDE: J'ai fait 360 kilomètres sur le vélo depuis la frontière népalaise jusqu'à Agra,ce fut laborieux et risqué car la route sur des portions est en piteux état et la circultion intense des véhicules se poursuit inlassablement de partout à vive allure.C'est comme s'il y avait plusieurs catégories de routes comme il y a plusieurs castes dans la population,dans la survivance de l'ancien système.L'Utter pradesh est l'état le plus peuplé du monde,la circulation est infernale,faire du vélo est une histoire dingue.
  De la toiture-terasse de l'hôtel,nous apercevons la partie haute de l'extraordinaire Taj-Mahal.Quelle merveilleuse visite,un immense mausolée de marbre blanc édifié de 1631 à 1648 sur l'ordre d'un empereur monghol pour perpétuer le souvenir de son épouse favorite.Le joyau le plus parfait de l'art musulman en Inde est l'un des chefs-d'oeuvre universellement admirés du patrimoine de l'humanité.Contre quelques roupies un homme m'offre une photo admirable,debout au bord d'un bassin d'eau où se reflète le mausolée je lève le bras et place le bout de mes doigts avec l'effet de la perspective exactement comme si je tenait ou pouvait soulever le monument par son point sommital(voire photos en Inde).
  Je suis à Jaipur au Rajasthan,trois millions d'hommes,le luxe et la misère face à face,la foule démesurée,la vie des plus misérables dans les rues,la multitudes d'échoppes,les odeurs de cuisines et de piments des restaurants appétissantes,les rikshaws mû par des grands cyclistes en shorts et maillots de corps aux membres longilignes,les vaches sacrées qui se balladent heureuses,fouillent dans les tas d'ordures ou mangent et ruminent la verdure qu'on leur apporte,et salisent encore davantage les rues déjà immondes avec leurs excréments.L'Inde des castes de la société hindoue où l'on vit dans l'acceptation de sa condition,dans l'indifférence devant la misère humaine.Après avoir bu un thé au lait dans un verre en grès,le petit marchand du bord de la route me prenant pour un hors caste me demande de jeter mon verre en le brisant.Ma condition de vie fatigante à vélo lui a suggéré que j'appartenais à la plus basse caste et on ne partage rien avec.Nombreux ils sont à dormir sur les trottoirs des villes,celui-là sur son rickshaw,une femme et des enfants à un campement misérable fait de leurs mains à un carrefour.Des gamins en haillons,pieds nus et sales attendent les touristes devant un magasin de glaces,espérant recevoir quelques roupies des clients gourmands.Les rues sont souvent malodorantes,les détritus jonchent le sol un peu partout et les vaches sacrées se balladent à leur gré,faisant bousses et pipi n'importe où. J'ai des soucis avec mes chambres a air,les réparations à la rustine sont difficiles(Je n'y suis pour rien),en Inde rien ne va pour mon vélo.Les bicyclettes indiennes sont des engins lourds,sans vitesse,avec des roues plus grandes et des grosses valves de chambre à air.Ils ont des selles moelleuses et larges avec des gros ressorts dessous.Des dizaines et des dizaines de millions d'indiens utilisent ces lourdes et très robustes bicyclettes.Et puis il y a la foultitude de richshaws dans le coeur des grandes cités.Si les conducteurs sont très polis,ils pensent aussi beaucoup aux pièces de monnaie qu'ils vont cacher quelque part sur eux.Les hindous sont pénibles avec l'argent,se sont des angoissés du porte monnaie et du budget.Beaucoup sont parmi les champions du monde de l'avarice.J'ai decidé pour demain une longue étape sur le vélo de 150 kilomètres jusqu'à Pushkar,je l'espère sans crevaison.
  Mille kilomètres dans les regions de l'Uttar pradesh et du Rajesthan qui sont assez dissemblables.La première est surpeuplée,très animée,la seconde est plus tranquille.J'ai rencontré un alter-égo du vélo à Fathipur Sikri,Florian qui vit à Bregenz en Autriche.Il est parti de Pékin,est passé par Lhassa(Tibet) et finira son parcours à Mombaï.Nous faisons équipe six jours très sportifs pour une avancée de six cent vingt kilomètres en Inde du Nord.Je n'étais plus un voyageur solitaire. Les lieux touristiques sont des régales,les monuments sont resplendissants,les repas délicieux aux restaurants,les chambres d'hôtels agréables,les musiques traditionnelles douces et stimulantes.En revanche les étapes vélocipèdes sont d'une monotonie extrême,les routes plates sont très longues et lassantes,les paysages sont pauvres,la circulation est horrible,dense,bruyante,rejete des fumées noires d'essence mal rafinée asphyxiante.Record battu pour la moyenne horaire sur le vélo avec Florian:26,45 Km/h.L'entente fut parfaite,nous nous sommes relayés de façon très égales.J'ai appris à faire du velo de façon éfficace,en assouplissant mon pédalage,en demeurant toujours mesuré avec moi même.Je n'était pas trop fatigué à l'arrivée.Les rustines fabriquées en Inde sont très bonnes,les réparations tiennent la route,elles vont me simplifier le voyage.A Jaipur j'observe les va-et-vient des rues,la vie de la ville.Il y a tant d'animations et de gens aux coutumes que je découvre,mon dépaysement est extême.A Pushkar je porte mes observations sur la cuisine végétarienne.Le plat de riz brun mélangé de dix légumes est un des meilleurs que je n'ai jamais mangé.
 
     Jodhpur est ville légendaire avec son fort posé sur la colline au-dessus des falaises.Cité aux murs bleus azurs et blancs mats des basses habitations coiffées de terrasses.La vue depuis la cour du fort et ses vieux canons en position est à couper le souffle.Le fort resté intact et impressionnant domine l'espace et le temps,son pouvoir sur la ville est incontestable.J'ai des nouvelles pédales,en ayant tordu une en butant contre un gros cailloux.C'est la seule pièce interchangeable avec celles des lourdes bicyclettes hindoues .J'ai hier parcouru 169 kilomètres sur une route plate avec du bon vent et une chaussée excellente.Des deux côtés de ma route un sol plat poussièreux s'étirait à perte de vue,avec des arbustes rabougris de loin en loin,de la caillasse,du sable grossier et de nombreux dromadaires chaloupant dans ce désert.
 
  A Jaisalmer dans le désert de Thar,plus très loin de la frontière d'avec le Pakistan,j'ai passé mes nuits dans une auberge des ruelles de la vieille citadelle,dans un décor riche et réussi.La cité est une merveille des batisseurs du XII au XIVème siècle,mais elle a subi les épreuves du temps et les administrateurs n'ont pas toujours pris les bonnes décisions pour la préserver toujours aussi belle.Néanmoins le séjour ici nous fait penser qu'on est l'acteur d'un film,que nos vies sont soudainement devenues des fictions.La ville extérieur avec le fouillis des rues propre à l'Inde,avec son bazar d'échoppes diverses,les vaches sacrées,est l'Inde authentique,un géant qui mélange modernité et sous-développement,où les plus pauvres sont devant les plus riches tout naturellement.Qu'elles sont drôles les touristes,vêtues à l'indienne et en sandales à contourner les bouses des bêtes sacrées.J'ai remplacé la chaîne du vélo par une deuxième afin de doubler le temps d'usure de celles-ci et par là de l'entière transmission.J'ai fait les cent pas dans les ruelles encombrées pour trouver une aide,car le maillon-agrafe etait incroyablement difficile à ouvrir.Je n'avait pas d'alternative à réussir à démonter ma chaîne.J'ai fait un petit tour derrière une moto dans les rues de la ville extérieure,le circuit pendant lequel on s'est faufilé à travers la cohue en évitant de percuter des individus ou des choses fut décapant.
 
    A mon arrivée à Udaipur,j'ai peiné pour trouver le lac et le quartier des touristes.Les passants de la rue me renseignaient de façon peu claire.Conserver mon sang froid bien que très agacé,je me trouve nouveau d'être ainsi capable.A Ranakpur j'ai visité un prodigieux temple Jaïn,vieux de trois siècles,tout en marbre blanc comme le Taj-Mahal.Il compte plus de cent cinquante piliers et plusieurs milliers de petites sculptures découpées et ciselées dans la pierre.Il m'est impossible de faire un photo assez grande pour bien rendre compte de l'intérieur du temple,c'est à la fois trop exigu et trop chargé.Les murs,les pilliers,les plafonds en voûtes tout est recouvert de petites sculputures pour un effet d'ensemble incroyable,des éléphants les trompes enlacées,des femmes lascives,des démons,de l'abstrait et de la géométrie savante.Là,j'ai rencontré Simon,un anglais de 46 ans qui voyage aussi en vélo.Il a réalisé de nombreuses excursions en vingt ans sur la planète.Ce fut un plaisir de le croiser,nos routes etant en sens inverses,nous ne pédalerons pas ensemble. Beaucoup d'hindous ont des allures de petits bourgeois,ils sont bien en chair,les ventres rebondis,ce sont des "beaufs".Ils ont quelque chose qui avant de m'ennuyer m'amuse.
 
   Udaipur est la ville la plus visitée d'Inde du Nord.Le palais construit sur une île immergée vers le centre du lac grand de vingt kilomètres carrés,est une construction pour le rêve,les pensées élevées et l'esthétisme triomphant.Visite aussi du palais du Maharaja,le plus grand du Rajasthan,labyrinthe de corridors et d'escaliers étroits,pièces de toutes dimensions,cours interieurs.Je circulais péniblement dans la foule des visiteurs à quatre-vingt pour cent indienne et à vingt pour cent des voyageurs venus de l'étranger selon mon estimation.Les femmes drapées de saris de couleurs vives,les hommes en chemises et pantalons synthétiques bien repassés,avec des escarpins luisants,aux vieilles dégaines dépassées. Une jeune femme portent un jean,un chemisier décolleté,des lunettes de soleil excentriques,se déplace seule à vive allure sur un scooter,cette nana indienne branchée est une exception qui confirme la règle.En Inde les femmes sont discrètes et pudiques.
   L'autoroute entre Udaipur et Bombay est peut-être la plus encombrée du pays,le traffic peut être ralenti ou stopper par des vaches se dodinant,un tracteur,un berger conduisant ses chèvres et beaucoup plus rarement par un vélovoyageur tel que moi. Faisant partie d'une catégorie rare en m'apercevant en plein éffort les coducteurs utilisent leurs klaxons aux sons stridents.J'ai quitté cet enfer de route pour un détours plus calme de qurante-cinq kilomètres vers Dungarpur,dernier stationnement de mon voyage au Rajasthan.Visite intéressante d'un vieux palais en état de ruine commençant.Les routards arrivent là au compte-gouttes,après avoir flairé bon le détours dans les pages d'un guide.Le gardien des lieux,un vieil homme chétif et souriant de ses dernières dents,enroulé dans un drap lui couvrant une seule jambe m'a offert sa bonté d'acceuil.Ne parlant pas anglais,c'est avec un jeu drôle de gestes et de mimiques qu'il m'informa du plus important du passé en ce lieu.Des peintures et fresques un peu partout sur la maçonnerie de la construction,de l'art naïf délicieux,des scènes du quotidien et d'autres plus savantes inspirées par la littérature.Des dentelles de pierres ciselées partout.Une pièce recouverte de miroirs,on reçoit son image en double depuis les pieds sur le plancher,les deux images opposées dans le plafond et la même chose dans les quatres murs,soit un Didier et onze fois son image réfléchie.C'est génial,idée bienheureuse.Des scènes peintes de petites tailles regroupées telle une page de bande déssinée,inspirées du Kama Sutra,se trouvent à l'interieur d'un placard mural que mon guide m'ouvre avec un peu de malice.Pour venir j'étais dans un rikshaw pétaradant à toute allure,avec une musique tapageuse sortant d'un haut-parleur fixé sur le toit,nous nous faufilions dans les ruelles animées et encombrées.Je suis repartit à pied par les rues de la vieille ville aux rythmes et aux couleurs très pittoresques.Je sens les regards des autochtones qui me dévisagent depuis leurs places de vies ou de travails.Les facades bleus ciel azur,les enfants excités avec des cerf-volants jouant sur les toitures-terrasses,des femmes aux habits multicolores assises sur le sol avec des paniers de légumes à vendre,des ateliers de couturiers,des barbiers ouverts sur la rue,des vaches sacrées,des rickshaws,des scooters,des vélos indiens,des musulmanes dissimulées sous des voiles légers où filtre la lumière sans que l'on distingue les visages.En Inde,les femmes sont discrètes,elles savent s'éffacer,se mettre en retrait de la vie.Quelqu'unes cependant de nos jours brisent les coutumes.Il y avait trois femmes policiers en costumes officiant à un carrefour d'Ahmedabad,elles paraissaient épanouies dans leur travail.
 
     Ahmedabad est la ville la plus polluée et bruyante avec Téhéran(Iran)que je connaisse.Il y a là-bas des embouteillages démesurés de voiturettes à trois roues.Le centre-ville est très étendu,je vous laisse imaginer le nombre de ces doriphores et la cohue générale.Des cyclistes indiens dans la cacaphonie pédalent benoîtement. L'Inde est le premier pays végétarien du monde,mais dans cette ville à dominante musulmane le quartier des boucheries s'étend sur plusieurs ruelles,l'odeur de chair et de viscères y est si nauséabonde que je me suis bouché les deux narines en les pinçant avec les doigts tout le temps nécéssaire pour me trouver ailleurs.Des viscères putrifiés jonchent le sol et des vautours planent et rodent à côté.Les bouchers jouent des couteaux énergiquement,le sang des animaux s'ecoule sur place au hasard.
 
    A un restaurant chic de Vadodarades les serveurs du restaurant sont plus nombreux que les clients en tenues de sortis.Ridicule?.Ils s'empressent vers vous remplis d'attention.A peine fini de manger le plat est déjà ôté,jamais votre verre d'eau restera vide,ils surveillent tout les détails de votre table.Ils servent les préparations dans votre assiette en plusieurs petites fois afin que vous mesuriez bien votre appetit gourmand.Vous êtes munis de trois couverts differents..Et patati,et patata.Les restaurants chics en Inde sont ostentatoires et versent dans le maniérisme et trop de politesse.
 
    Daman fut une enclave potuguaise jusqu'en 1965Au port le vent du large est ravigotant.Mes premiers achats intelligents dans une superette en Inde:Coton tiges,sachet de dattes,eau gazeuse,sirop Ayurvedique aux vingt plantes différentes,onction"Baume du tigre" pour les muscles endoloris,petits sachets de lessive. Les édifices portuguais sont en décrépitudes.Il y a des maisonnettes aux toits de tuiles rouges avec des petits jardins,je suis heureux de revoir quelque chose qui ressermble à mon continent l'Europe.Un maçon crépit la base d'un grand crucifix en béton.Un ancien ou un nouveau converti probablement.La grande plage au sable gris n'est pas engageante,elle est même répugnante,sale,les immondices charriés par la rivière dégoûtante qui sort de la ville viennent se disperser sur la côte.Immense problème de propreté et d'hygiène dans le sous-continent.En Inde des cours d'art ménager seraient très utiles à la population.Je suis éloigné de toute présence humaine,je m'allonge sur le sable,ferme les yeux.Le soleil s'empare de mon corps,le souffle de la brise marine et l'écho du roulis des vagues aussi.Pour la première fois dans ce pays bouleversant,je me retrouve seul avec la planète nature,en paix. J'ai fait l'expérience du train indien jusqu'à la banlieue nord de Bombay,ce fut épique.Si j'ai réussi à embarquer,c'est par une aide invisible et miraculeuse que je n'ai pas compris.Désordre et ordre se mélangent beaucoup pour donner quelque chose qui n'appartrient qu'à l'Inde.N'ayant pas de ticket à cinq roupies pour le vélo,à ma descente un contrôleur antipathique me donnait une amende de cent quatre vingt seize roupies.J'ai réussi à faire capituler ce bouffon qui se foutait que je lui dise avoir voyager avec ma reine dans le wagon à bagages.
 
     Bombay est une géante très contrastée,une mégalopole de tout les indiens et de toute les conditions.Visite de la maison de Gandhi dans un quartier près de la grande baie en croissant de lune,des instants passionnants: Les photos de sa vie,des lettres écrites de sa main pour Roosevelt,Hitler,une lettre d'Einstein de félicitation à son intention,des documents relatifs à sa vie,des objets lui ayant appartenus,des oeuvres le représentant,tout ceci me bouleverse.J'ai toujours eu une belle idée du mahatma,je quitte le petit musée avec le même respect pour ce grand homme.Je souhaite que dans l'avenir d'autres grande âmes agissent sur le monde des hommes comme Ghandi l'a fait à son époque.En suivant un parcours unique,avec un charisme sensationnel,des idées magnifiques,une politique courageuse et formidable de non-violence.
 
  Goa fut une colonie portuguaise pendant trois siècles,ses terres sont ouvertes sur l'océan.Un petit état indien atypique et charmant.La végétation est resplendissante,là se dressent les plus beaux arbres de mon parcours en Inde.Les vieux quartiers des petites villes,les maisons de campagne,rappelent le Portugal.Old goa à quinze kilomètres de la côte est l'ancienne capitale,qui pour raison de guerre et d'épidemie fut desertée à une époque.Une cathédrale et d'autres églises sont en parfaits états.Elles nous expliquent que les colons ne se convertissaient pas aux religions de leur terres conquises mais qu'ils exportaient avec eux leurs confessions et coutumes. J'ai mis une parenthèse au tout en vélo.Pourquoi ne pas utiliser les véhicules à moteur dans des sociétés auxquelles nous ne pouvons jamais nous soustraire?.Le bus de Bombay à Goa,quinze heures de trajet et une nuit sur un siège inclinable,le vélo est sur le toit au milieu des gros cartons et des paquets volumineux.Les bus en Inde font aussi le transport de marchandises.Ils stockent sur les galeries des centaines de kilos de choses diverses,ficelées et cachées dans des emballages.Deux nuits à Panjim,la grande ville de Goa,les gens ont hérité sans mérite de la cité belle et charmante,est-ce cela qui rend certains d'entre eux prétentieux et mercantiles?.Je suis allé jusqu'au dernier village au nord,fuyant les touristes et voyageurs.Il y a les classiques sans particularité mais surtout de nombreux néo-hippies et raveurs,ils ont leurs plages d'elections,beaucoup sont des jeunes d'environ vingt ans.Il y a aussi les survivants de la première époque à Goa,ils sont comme les anciens combatants de la première guerre mondiale en voie d' extinction.Querim,le village le plus au nord de la région est epargné,un petit nombre de vacanciers bénéficient d'un choix judicieux de séjour.La plage est belle,le sable fin est doré mat,la plage est balayée par la brise marine,la mer est une princesse de l'univers d'huile et de limonade. J'ai mangé des poissons,des crevettes,des fruits de mer.J'en avais plein les babines.Ma nuit fut très confortable dans une maison d'hôte,une belle et grande villa appartenant à un couple d'hollandais octogénaire ayant choisi de vivre six mois par an ici et les six autres en Irlande du sud.
  78 kilomètres à vélo pour rejoindre Palolem et son bord de mer très occidentalisé où l'ancien colon anglais est à nouveau envahisseur.C'est assez comparable aux côtes de villégiatures françaises avec le cachet indien intarrissable.En Inde,richesse et pauvreté sont au coude à coude dans tout le pays. Nous nageons ici dans une mer à 25 degrés,l'eau est limpide,les vagues sont faibles pareilles à une petite force accommodante.C'est le meilleur de l'année,le bonheur est  au rendez-vous.
    
      Palolem(Sud Goa)-Mysore:580 kilometres en cinq jours de vélo ininterrompus (155/123/106/84/114 kilomètres).Autrement dit,je n'ai pas traîné.L'Inde sur une bicyclette c'est le plus souvent un peu du parcours du combattant.En quittant Goa,j'étais étrangement sur une route tranquille,c'est si rare en Inde.Retour dans la réalité:Le traffic démesuré,les bruits assommants,les routes incertaines,l'alternance des voies neuves et défoncées,les véhicules roulant face à moi comme des flèches meurtrières,les vieux camions surchargés crachant des fumées noirâtres.Troisième nuit silencieuse en un mois et demi dans le sous-continent,dans la tente le long d'une plage à cinquante mètres de l'océan.Le chant du large se substituant aux raffuts grossiers des hommes.Une nuit bercée par l'harmonieuse sonorité des vagues m'a regaillardi.Au réveil le muscle est relaxé,je sens mes jambes légères.Je deviens narcissique tant mon organisme a travaillé à me rendre heureux,mon esprit est fier.La fin du jour approche,je dois faire vite et compter sur la chance pour laver mon corps en sueur,trouver ma bouffe et une place pour camper.Un homme se rend à un puits tirer de l'eau.Il forcee sur la corde enroulée à une poulie et remonte des seaux d'eau claire et fraîche.Affable,il m'en donne un pour une toilette avec le gant.A la place du village,les échoppes commercent l'indispensable quotidien aux autochtones.Je mange des oeufs durs,des morceaux de poulets,des galettes sucrées frites au ghee(beurre clarifié),j'avale du jus de canne à sucre.Je pédale doucement et jette des regards à droite et à gauche pour dénicher une place pour camper.Je m'installe dans le jardin d'une dame septuagénaire distinguée,avec sa permission.C'est ici la maison de campagne d'une famille aisée.Ils cultivent la noix de cajou,les font sécher.Ils embauchent des villageois pour le travail.Elles seront transformés en poudre médicinale.Le lendemain matin,un thé m'est offert par mon hôte,le liquide chaud dans mon gosier est bon,je pense à mon rude parcours dans le sous-continent. La route est en piteux état,ça monte vingt kilomètres ininterrompus,la souffrance cycliste augmente,mais la pleine nature et la montagne sont magnifiques,je m'élève au dessus de moi-même.Je suis dopé par le voyage.Arrêt à une cascade.Trempette de joie dans une vasque d'eau tiède où s'ébattent des araignées inoffensives.Arrivée au col,fin du forcing cycliste.J'achète des mandarines et de l'eau gazeuse bons pour accélérer ma récupération.Le lendemain je retrouve une grande route bien asphaltée et là je rencontre Sean,un australien de 41 ans arrêté au bord de la chaussée,son bon vélo à quatres sacoches bien chargé posé sur la béquille.Nous finissons le parcours ensemble,il avance lentement, je l'attends.Le vent est contraire.En Inde à cette saison le vent vient du nord.
   
    Mysore:Arrivée une fois de plus dans les embouteillages et l'agitation d'une grande ville indiennes.Il faut s'accrocher au guidon,surtout ne pas perdre sa concentration,contrôler le stress.Le réconfort d'un lit moelleux d'hôtel,le repas au restaurant me retaperont. Visite du plus beau palace du Sud de l'Inde,une splendeur d'architecture et d'art.On mesure dans cet endroit magique la richesse du passé et de l'histoire humaine.Il faut parfois aimer,prier et penser à nos ancêtres. Séance photos orchestré par Sean,le palais en toile de fond,trônant debout sur ma reine.Nous nous retrouverons trois jours plus tard à Ooty avec l'australien. Sur la route qui traverse le parc protégé de Mudumalai j'étais épouvanté à l'idée de croiser un tigre et de lui fournir sa nourriture du jour.L'ont m'a dit pourtant que les félins demeurent éloignés des êtres humains et qu'en cas d'une rencontre exceptionnelle ils sont innofensifs.La nature est intacte,en symbiose les animaux sont libres,détenteurs de leur territoire.Un grand éléphant avec deux jeunes trois fois plus petits se suivant à la queue leu-leu traversent la route à quelques cent mètres devant moi.Nobles sont ces grosses bêtes,l'homme est un poussin stupide face à elles.Vers le bureau du parc et des auberges il y a une foule de badauds.Je veux me poser en cette enclave mais les gens sont distants et antipathiques.Je dois m'adapter à eux mais eux non à moi.Ils savent que mon voyage est fatiguant mais ils ne m'offrent pas la moindre aide.Mes affaires vont mal,il y aura du meilleur bientôt,garde le moral Didier,une vie de globe-totter ça se gagne. Ving-cinq kilomètres plus loin à l'entrée d'un village,j'entre dans la cour d'une école catholique.Il y a une chapelle,une madone décorée de guirlandes,une petite église de style roman.Je frappe à la porte de la cure,une religieuse m'ouvre et appelle le prêtre indien et directeur de l'école.Il me reçoit aimablement et m'offre l'hospitalité.Je lui dit"je suis français,catholique,baptisé,je vais souvent à la messe",j'ai tant besoin d'un bon toit ce soir.Ma nuit sera dans une salle de classe,les écoliers sont en vacances.Un matelas,un coussin,une couverture,une gamelle de riz épicé très copieuse,des morceaux de poulet à gogo,une douche froide au recipient.Tout le meilleur après les kilomètres assis sur une selle.Ils m'ont reçu avec coeur et charité.Cette école à la lisière du parc de Mudumalai est un souvenir heureux.Vive la paix et l'amour que les hommes peuvent partager.Ces catholiques indiens sont charitables,tout les chrétiens devraient être ainsi.Après cette halte bénie,il ne me reste que trente kilomètres pour rejoindre la ville d'Ooty dans la montagne.J'ai la bagatelle de 1350 mètres de denivelé à gravir,quinze kilomètres d'une pente à plus ou moins 15%de dénivelé.Du vélo pour purs grimpeurs.Sur le plus petit développement,à l'allure d'un homme à pied de cinq kilomètres à l'heure,rempli d'adrénaline les virages devant moi passent lentement mais sûrement.Arrêts aux kilomètres cinq,dix,quinze.La campagne et la vue depuis la route sont très belles,la plaine immense rejoint le ciel très loin.Les petits singes le long de ma route me distraient par leur drôle d'innocence,les véhicules klaxonnant à tout-va en revanche m'agaçent.J'ai passé la montée la plus raide de mon parcours indien avec une incroyable energie puisée sur ces terres lointaines. 

     A Ooty,la pension est un héritage bien conservé de l'époque anglaise,contrairement à l'hyppodrome devenu un terrain vague.Ma pédale gauche est branlante,je ne suis pas lucide lorsque je m'entête à la dévisser dans le mauvais sens.Elle est coincée,ma clef tordue est devenue inutile.Ce contre-temps m'offrira un jour de repos agréable.L'adage du cyclovoyageur,"quand cela va mal,cela va entraîner quelque chose de bien meilleur"se vérifie de nouveau. Le contraste d'hommes est saisissant entre les touristes étrangers là dans un dépaysement agréable et les autochtones qui ne connaissent que leurs vies ici et qui sont paradoxalement comme s'il savaient  tout.Dans la société indienne comme dans presque toutes,les informations visuelles ou écrites sont très conventionnelles,avec un parti-pris de complaisance.Les citoyens sont les moutons dociles d'un monde à demi artificiel. Par ailleurs le problème de la surpopulation devrait toucher les consciences et faire évoluer des moeurs inadaptés aux temps modernes.Les femmes ne prennent pas la pillule.La sexualité sans l'idée de procréation est tabou.

    28 miles de descente,des virages en épingles,le vert intense des grandes collines où s'étagent les champs de théiers.Inde de la montagne moins bruyante,agricole.Au Tamil-Nadu,les hommes s'entichent d'un tissu autour des hanches retombant sur leurs jambes grêles,c'est la jupe masculine.On a peint en jaune les cornes et les poils en blanc des vaches dans le but d'accentuer la vénération que les hindous leur doivent.Les femmes mariées ont un point rouge apposé sur le front entre les deux yeux,les filles célibataires un noir,c'est le troisième oeil de Shiva sensé porter bonheur.Aux temples,on fait des offrandes(riz,fleurs,fruits...)pour favoriser les bonnes récoltes.On laisse déambuler les vaches en tout lieux.Le végétarisme est courant.Considérer sa vie comme transitoire dan un cycle de réincarnation est ce que beaucoup croient ou veulent ainsi. 164 kilomètres aujourd'hui,la nuit est proche,je traverse une grande ville sans trouver d'hôtel dans la confusion des enseignes innombrables,inscrites en anglais et en Tamil mélangés,deux alphabets différents.L'anglais pas plus de cinq pour cent de la population le parle correctement.En dernier recours je monte les escaliers d'une terrasse en me faisant discret et m'installe à la belle étoile,malheureusement les gens du dessous me surprennent et m'exhortent de partir.Ils ont peur de moi,pourquoi?.Ils n'entendent rien aux aventures d'un cycliste.Je replie bagage et pédale trois kilomètres avec la lampe au guidon.Sur le matelas gonflable,à la dure dans un temple,ébloui par des néons,à coté d'un carrefour bruyant,voilà enfin pour la nuit d'un intouchable cycliste.Les boules Quies sont un renfort précieux.Avec la fatigue le voyageur vagabond réussit à s'endormir dans des lieux insolites et incomfortables. Kilomètre dix-huitième,une crevaison à l'avant:Didier entre dans une usine pour demander assistance,on lui apporte une cuvette d'eau pour repérer la fuite avec ses bulles d'air.Le regonflage est exagéré,la chambre à air éclate.Stupide!.Deux heures s'écoulent avant qu'il puisse enfin repatir.Kilomètre soixante neuvième,recrevaison:Il doit se poser quelque part et espérer.Sa chance:Un jeune homme l'invite à le suivre.Il est acceuilli par des gens adorables et bienveillants.L'ami réussi la réparation difficile,il découpe un patch sur une chambre à air de moto,opère un grattage soigneux à la toile émeri et étale la colle,enfin il appuie fortement sur la rustine a l'aide d'un maillet en bois.Ces tamils qui ont accroché un poster de Ghandi dans la grande pièce de leur maisonnette lui ont offert leur paix joyeuse,leur simplicité très positive.Il se rappelera toujours de la beauté d'âme de ces hôtes de dix-huit heures aux grands coeurs. 65 miles sur des chaussées délabrées pleines de nids de poule,un parcours de forcené dans la pagaille.L'Inde devra s'éveiller aux problèmes écologiques car les consciences en retard sont à la traîne, et le respect de l'environnement est en faillite.

     Le compteur affiche le 55555ème kilomètres de ses voyages à vélo,que des cinq,ce nombre le flatte. 445 kilomètres en quatre jours,il arrive à Pondicherry,capitale des établissements français dans l'Inde jusqu'en 1954,cette destination aimantait son esprit.Le quartier français colle au rivage du golf du Bengale."A french good way of life"tient toujours haut le pavillon de notre forte et riche culture.Comme presque partout en Inde beaucoup de mendiants et d'indigents à Pondi.,cherchant leurs quotidiens sur les trottoirs.
    Auroville,la cité utopique,la cité nouvelle,une autre façon de comprendre nos vies,de croire en la force des hommes et d'aimer.Dans les allées de terre,dans la forêt il mesure ici plus qu'ailleurs combien son vélo lui est sacré,vénérable outils de sa vie.Enchanté,aux anges,ils rencontrent des aurovilliens,Irina la russe,Thomas l'espagnol,Matt l'australien,Ingo le suisse,qui vivent une expérience unique.Retour à la nature,à la sagesse,au bon sens,au respect de toutes existences,relation avec l'au delà.Lieu original et agréable,qui offre ou se rapproche d'un idéal savamment construit.Exemple trop isolé d'une nouvelle société qui nous élève spirituellement.Lieu de recherche et d'accomplissement personnel ouvert à tout hommes sans distinction.Pas de quête vaniteuse,pas de compétition,pas de cupidité matérialiste.Partage entre tout les citoyens de la cité,habiter là c'est oeuvré au bien de tous.Irina a sa chambre dans une maison de bois,de pierres et de paille dans les bois où l'écosystème est protégé.Des plantes médicinales s'épanouissant au jardin,un scorpion semblant rêver sous sa carapace dans un espace reconstitué et d'autres experimentations écologiques occupe la jeune russe qui découvre la beauté dans le respect de toutes vies.Le "Matrimandir"est une grande construction de la forme et à l'aspect d'une énorme balle de golf dorée dont le cinquième de la totalité constitue la fondation sous terre.C'est le lieu de méditation ouvert aux citoyens aurovilliens,c'est à dire à ceux qui ont fait leurs preuves pendant plusieurs mois de vie ici,c'est une église "new-age".A l'intérieur douze colonnes de marbre blanc soutiennent à leurs sommets une boule en cristal de grande dimension sur laquelle frappent les rayons solaires,seul source d'eclairage de l'espace clos.A Auroville la folie humaine n'est plus.
     Quatre aller-retours à velo de Pondicherry à Auroville et quatre demi-journées de balades heureuses dans la ville la plus insolite et la plus encourageantes de mes parcours.Maintenant essayer de répondre à ma question.Pourquoi une aussi belle idée comme la cité utopique d'Auroville a eu si peu d'influence dans la marche du monde,et n'a été recopiée nulle part ailleurs sur la terre?.Sa naissance remonte à 1968.
      Je serai à Bangkok dans deux jours.Un nouveau chapitre du globe-trotter va s'ouvrir.

LA THAÏLANDE:  Bangkok où l'Inde devient un souvenir.J'ai emporté du sous-continent indien beaucoup d'émotions qui vont me tenir le corps et l'esprit bien souvent les prochans jours.La capitale thaïlandaise est belle,propre,aux éffluves agréablement parfumées,moderne.Les habitants possèdent une belle énergie et beaucoup de tact. Le magasin vélos qu'il me faut absolument je le trouve à cinq minutes de mon hôtel.Deux pneus plus larges pour une meilleur tenue de route et plus de confort,une chaîne,des pédales légères et solides,trois chambres à air,avec ces pièces je suis sans souci pour quelques milliers de kilomètres. Je suis sur un bateau de passagers sur le Ménam qui divise la capitale comme la Seine Paris.A un restaurant dans le quartier chinois non loin de celui des plus grands temples boudhistes,les plats sont savoureux.Un monde culinaire,des parfums grisants.Les thaïlandais prennent soin d'eux,les jeunes femmes sont affriolantes,les temples sont des constructions d'antan savantes,richement décorées,l'eau du fleuve et des canaux est limpide.Le bouddhisme et sa voie du juste milieu ont enfanté une capitale enchanteresse à l'esthétisme raffiné.Les Thaïlandais et leur besoin de perfection sont conventionnels,charmants mais peu drôles ou farceurs.Le globe-trotter pense déjà que s'il s'attardait dans la capitale du Siam il ne s'ennuierait jamais mais plus de gaitée lui manquerait. 128,116,107,122,118,127 kilomètres sans jour de repos de Bangkok à Chiang Maï qui est située au centre de la partie la plus nord du pays à la croisée des routes vers le Myanmar,la Chine et le Laos,sur des routes impeccables,dans un pays de culture,de tradition et d'histoire bouddhistes,aux espaces rizicoles étendus,aux innombrables temples restaurés et bichonnés.Des stupas recouverts de feuilles d'or,des pagodes tarabiscotées,d'admirables pierres taillées,des sculptures de chimères fabuleuses,de serpents nagas,d'oiseaux hamsas,des gongs géants,des moines en robes safran une épaule nue et les cheveux rasés.Le film de mon voyage offre des cartes postales superbes.

   Les six jours depuis Bangkok furent assez monotones et très fatiguants.Le climat chaud et lourd,le changement de nourriture,et la plaine offrant peu de paysages en sont les principales raisons.Mais en cours d'étape et chaque soir,les villageois furent prévenants,intelligents et bienveillants avec moi.Ils m'offrent des petites choses à garder ou à manger car je suis un voyageur qui fait des efforts courageux pour avancer sur sa bicyclette de trente six kilogrammes.Dans un bar on me donne à manger.Mon porte-bagages avant déssoude,j'ai la chance d'être devant un magasin de motocycles,pour un euro et dix centimes un jeune homme souriant répare impeccablement.Je suis dans une cabane au bord d'une rivière pour y passer la nuit,des thaïs m'ont apperçu,ils m'apportent de l'eau et du lait de soja.Je me pose près d'une maison que je crois inhabitée,il y a quelqu'un ici et je suis invité a dormir à l'intérieur.J'ai avec la permission des moines dressé ma tente dans le parc d'un monastère,le lendemain matin un bonze dépose devant un petit dejeuner composé de lait de soja,d'un jus de fruit et de biscuits.Les anciennes salles de bains sont curieuses et pratiques,des reservoirs rectangulaires étroits où l'on se dispose sur la paroi et use d'un robinet d'eau froide,l'eau se déverse parfaitement,c'est simple et pur.L'on me fait un prix d'ami à mes achats de bouche,l'on m'offre les bouteilles d'eau.En Thaïlande que les chats sont beaux,je ne parle pas de la race siamoise.Bien nourris,des rois privilégiés aux robes incroyables,aux queues en plumeau,aux yeux de bijoux,aux pattes surdouées,ici se trouve un de leurs paradis.Les chiens,eux,ont des caractères souvent idiots,avoir la vie facile ce n'est pas une vie de chien.L'amoureux du voyage s'est payé le visa laotien,valable pour soixante jours et trente dans le pays.Les thaïs sont des perfectionnistes idéalistes.Leur sens civique ne connaît guère les bavures ou les faux pas.Leurs sourires presque permanents sont de douces parades pour que le temps s'écoule harmonieusement,sans perturber l'ordre divin.

     Dans les rues de Chiang Mai,Didier est relax,attentif,patient,contemplatif.Il agit et voit avec bon sens,raisonnable. Il fait défaut aux thaïs un peu plus de chaleur humaine,d'humour,de spontanéité,de gaieté.Mais comment un cycliste de passage,en découverte,peut se targuer de savoir alors qu'il ne parle pas un mot de l'idiome du pays et qu'il le parcourt pour la première fois.Il est lucide et les premières impressions qui arrivent d'elles-même sont souvent bonnes mais cela suffit-il à écrire des choses dont il pense maîtriser le sens. 353 kilomètres depuis Chiang Mai,dans 54 il sera au poste frontière du Laos où il traversera le Mékong sur une barque ou un rafiot.L'extrême nord thaïlandais est une région de moyennes montagnes splendides,la flore très diverse est exubérante.Vert tendresse,tons pastels ou brillants,tout un camaieu harmonieux oeuvre de la nature vivante.Feuilles mortes planantes,des roses,des oranges,des violets,des jaunes...une vraie palette.Paysages pour peintres amoureux de la couleur et de la végétation.Montagnes aux contours arrondis drapées par des nuages de brume qui se refusent à révéler tout leurs secrets et des cimes pointues symbole d'une contrée forte.L'élément végétal a tout envahi sans débordement.Quand dame nature a fière allure!. Le vélovoyageur a gravi des côtes aux pentes inhumaines.Sur son vélosacoches il était dressé sur les pédales tout les muscles bandés,la tête immobile,l'esprit perdu dans l'effort,les yeux sans regard.Plusieurs fois plusieurs kilomètres de pente entre 15 et 25 pour cent.Monté de 25 mètres en une longeur de 100 mètres de route est une pente tès raide.Dans le passé il a escaladé quelques murs à 30 pour cent,c'est un maximum.Des routes plus pentues que 30 pour cent ils en existent très peu. Sauf en Ecosse peut-être,le nomade ne se souvient pas avoir autant cravacher qu'ici dans le nord thaïlandais.A deux reprises totalement à bout de souffle et l'énergie épuisée,il a poussé le vélo sur quelques centaines de mètres,seulement pour bouger et respirer différemment car c'était alors encore plus ardu.Il a aussi utilisé des zigzagements d'un côté à l'autre de l'asphalte pour amoindrir l'effet de la pente.Prisonnier de son itinéraire,son seul choix est d'avancer coûte que coûte sachant qu'il y a toujours une fin à un rude passage à vélo.Tout homme est capable de certaines prouesses,il le sait.Après des étapes rudes,la douche,le dîner,la détente allongée sur un lit sont des moments de grand bien-être.

     La vie courante est très bon marché.Pourtant le seul pays de cette partie du monde à n'avoir jamais été colonisé est bien développé et assez moderne.Une personne avertit en économie peut-elle m'expliquer pourquoi une tasse de café coûte huit fois plus chère,une chambre d'hôtel vingt fois,en France que là-bas. Ils ont besoin de beaucoup moins d'argent pour vivre chez eux que nous chez nous.Ils peuvent difficilement partir en voyage à l'étranger ou pour d'autres explorations.Pourquoi partir ailleurs quand on vit dans une bonne société?. Les thaïs sont des non-violents qui ne savent pas très bien ce que signifie le mot compétition.Un peu de leur sagesse et de leur bonne éducation seraient utiles à tout les français de France.Ils ont pour coutume tous,hommes et femmes,d'expérimenter une période comme moines ou nonnes,de revêtir la robe safran les garçons,blanche les filles,tous avec les crâne rasés,au moins une fois dans leurs vies.Le bouddhisme enseigne que nos réalités individuelles sont illusoires,que nous devons nous débarasser de nos égos,que les désirs causent la souffrance,que seule la voie du renoncement peut mener à celle de l'illumination.Pour y parvenir,il faut renoncer au monde,se detacher de soi et suivre l'octuple sentier.Compréhension juste,intention juste,parole juste,action juste,mode de vie juste,effort juste,conscience juste et concentration juste.La Thaïlande et ses 95% de bouddhistes nous apprend qu'avec les paroles de Bouddha on batit et vit dans une beau pays.

    Les autochtones sont d'excellents paysagistes,les maisons coquettes sont agrémentées de jardins de plantes,de fleurs,d'arbustes judicieusement agencés et mariés avec des décors variés.L'homme est l'ami dompteur de son environnement. Le portrait photo de son excellence le roi,né en 1927,se trouve un peu partout,dans les maisons,les commerces,les bureaux,les ateliers,les usines,sur les façades,ailleurs encore,mais non dans les temples.L'on ne confond pas le spirituel avec le temporel.Aimer le roi c'est aimer la Thaïlande. Le Mékong étire ses flots qui racontent une partie de l'Asie,des histoires sans âges,incite à des rêveries.Je suis sur la berge enivré de sa présence puissante,inspiré,voulant croire à nous les êtres humains.

LE LAOS: Je viens de franchir la frontière du Laos en barque en traversant le Mékong.La différence avec la Thaïlande est flagrante.Ce sont deux peuples bouddhistes aux cultures proches,leurs langues sont distinctes mais sont ressemblantes. J'ai déjà le ticket du bateau pour Louang Prabang.Deux jours dans le sens des flots avec une escale d'une nuit à un village le long du fleuve.Le Laos est moins embourgeoisé que le pays d'où j'arrive.Les gens sont têtes en l'air et drôles. Sur le Mékong deux jours embarqué sur un vieux,long rafiot de passagers,aux dimensions d'approximativement 80 mètres de longueur et 6 mètres de largeur.Il est bondé de touristes,de thaïlandais et d'autochtones,120 passagers pour une capacité raisonnable de 70.Paysages fluviaux très jolis,croisière à la vitesse du trot d'un cheval,du bonheur sur la planète,des passagers tous amis de passage.Des cimes arrondies tout azimut recouvertes par le végétal,l'eau bleue delavée,tirant sur le gris à certain endroits,des centaines d'îlots de rochers,les barques éffilées courant sur les flots,beaucoup d'éxotisme.Depuis les villages perchés en aplomb des berges,les hommes et surtout les enfants nous lancent des saluts de mains dynamiques et convaincants.Le fleuve c'est la voie d'ouverture sur l'extérieur,la meilleure possibilité d'aller vers les gros bourgs en bateaux à moteur ou en pirogue.Ici au Laos comme au nord thaïlandais les écosystèmes sont préservés.Les habitants sont chaleureux,petits de tailles avec les nez épatés et les joues rebondies.Les jeunes filles se font des queues de cheval avec leurs longs cheveux fins,lisses et de jais.Nombreux des plus âgés ont conservé des allures d'enfants. J'espère que le tourisme en expansion ne dénaturera pas cette douce et sauvage contrée. Le vélo est sur le toit plat en tôle du bateau,il est attaché avec un autre d'un anglais qui vélovoyage également,ils seront retenus en cas de glisse amarrées par une corde autour d'une cheminée d'aération.Le voyage s'écoule lentement,poétiquement,on écoute seulement quelques roulis anodins tout à la joie de naviguer.

   Louang Prabang,60 milles habitants,se niche dans une anse du fleuve.L'atmosphère est  calme.Les touristes se promènent aux quatres coins de la ville,certains sur des vélos de location.Le pays fut sous le commandement de colons français en mal d'exotisme de la fin du 19ème siècle jusqu'en 1953.L'influence française survit toujours.Ils ont laissé des villas aux murs épais et aux toits de tuiles,des boulangeries avec baguettes et croissants,la circulation routière se fait à droite.Les laotiens sont naturellement aimables,certains touristes peu sympathiques,individualistes,sans scrupules,accentuent davantage par contraste l'idée de formidable gentillesse que nous donnent les autochtones d'eux-mêmes.Des vacanciers photographient à la façon de voleurs d'images,sous le choc du dépaysement ils s'empressent de se servir de leurs appareils sans même parler ou être amicaux avec la population.Ils ne pensent pas à un partage intelligent,à une communication heureuse et inpirée avec les tendres laotiens.J'ai envie de leur faire la leçon d'un tourisme équitable et dynamisant.Ces asiatiques ont une relation différente de nous avec le temps qui s'écoule,ne leur dérobons pas.Ils ont le sens de la vie simple,de la valeur de toutes choses dans le respect bouddhique de tout ce qui est.Deux jouent aux dames avec des capsules de bouteilles,un enfant bricole avec une grosse clef son vélo déglingué,deux jeunes femmes sont allongées simplement où elles se trouvent sous le soleil,à côté d'elles un panier rempli de babioles qu'elles espèrent vendre aux touristes,une femme sous un parasol écrase au pilon des légumes et des épices,ces scènes sont un extrait du film de ma promenade dans le centre de Louang Prabang.Les temples (wat) de la cité royale sont somptueux,le plus grand le wat Xieng Thong fut construit au bord du Mékong en 1560.A l'intérieur plusieurs stupas renferment des bouddhas d'époque,sur une façade une splendide mosaïque représente "l'arbre de vie". Nonchalance et langueur voilà deux mots qui qualifie le mieux la vie ici.

    Louang Prabang-Van Vieng,redépart à vélo: Longues montées avec une forte chaleur,Didier perd l'eau de son corps rapidement,il va boire huit litres,peut-être même un peu plus,avec ses bidons qu'il remplit avec urgence dans les hameaux du bord de sa route.La campagne est très verte,les villages pauvres sont nombreux.Les campagnards vivent d'un peu d'insousciance,de tendresse et de tout les travaux d'une vie paysanne au Laos,beaucoup d'habitations sont aussi des petites épiceries ou des gargotes.On rentre dans les maisons largement ouvertes en bois ou en roseaux tressés et aux toits de paille.Les indigènes acceptent volontiers de partager leur nourriture,on s'installe comme si c'était chez nous.Il y a peu de circulation sur une des principales artères du pays,les vieux autocars de passagers sont les plus nombreux.Les campagnards utilisent la nature à bon-escient.Les laotiens sont des gens de l'amour,il faut voir la façon dont ils savent aimer leurs enfants.Et ces enfants sont les plus adorables du monde. Le vélonomade a planté sa guitoune à plus de deux milles mètres d'altitude dans la montagne,la nuit est claire,toutes les étoiles sont visibles et illuminent la terre.Le cosmos est aussi beau que l'âme des laotiens ce soir là.

   Les haltes dans les villages sont providentielles à chaque fois.Les échoppes font étalage des mêmes produits que l'on retrouve sur tout le territoire:Lait de soja,boissons sucrées,eau en bouteille plastique,yaourts liquides,bananes sèchées,biscuits,sardines,dentifrice,savon,lessive,et quelques autres choses.A trois reprises ce seul jour,les habitants du bord de son parcours l'invitèrent à partager leurs modestes mais savoureuses cuisines.Ils mangent quand ils ont faim,ce peut être à n'importe quelle heure.Le repas typique des campagnes est composé de riz gluant dans un panier rond tréssé,l'on se sert dedans avec la main à chacun son tour,de choux bouilli,de soja à la sauce de poisson fermentée.Les villageois se rassemblent autour de son vélo,il est l'occasion d'une distraction.Ils n'osent rien lui demander mais attendent silencieusement que peut-être il leur offre un petit cadeau.Une majorité sur sa route saluent son passage avec la jolie sonorité d'un "Sabbaii dii" (Bonjour en Laotien),les enfants l'accompagne d'un gracieux geste de la main,la paume ouverte dans sa direction et le poignet qui tourne delicatement de gauche à droite.



15/01/2013
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