L'EQUATEUR , LA COLOMBIE
Juin-Juillet 2010.
EQUATEUR: Je doutais de la véracité de l'information parvenue à mes oreilles des bouches d'autres routards que la frontière entre le Pérou et l'Equateur est la plus dangereuse d'Amérique du sud car entre eux les voyageurs trop subjectifs et individualistes souvent s'informent mal. C'est ma dernière descente de bus au Pérou.Je suis las,pendant les cinq heures de trajet ni ami rencontré,ni musique à écouter,ni beaux paysages pour ouvrir les yeux.Trois hommes d'allures correctes mais aux airs particuliers me proposent avec insistance de monter dans leur vieille voiture pour me conduire à la frontière à la mauvaise réputation à cinq kiomètres.J'ai pas trop envie d'aller avec ceux-là mais je compte sur une aide d'une bonne étoile.Nous partons dans leur auto déglinguée.Le scénario pour voler le touriste de passage ils le connaissent par coeur.Ils me parlent beaucoup lors du court trajet jusqu'au contrôle douanier de sortie du pays,leurs propos et leurs façons sont assez stupides.Leur symphatie hypocrite ne tarde pas à me gêner et à m'inquiéter.Ils me déposent devant le bureau des sorties du territoire.Mon passeport est tamponné rapidement.Ils insistent alors à nouveau pour me transporter jusqu'au poste d'entrée en Equateur à deux kilomètres.Je refuse mais je me trouve alors dans une zone dangereuse et j'ignore dans le fouillis environnant le chemin pour parvenir au passage en Equateur.L'un des hommes me pousse sur la banquette arrière alors que j'étais là voulant payer le prix convenu et normale de la course taxi.Ils me racontent une histoire de grève qui bloquerait le passage de la frontière plus loin et qu'ainsi je dois leur donner l'équivalent de 100 dollars américain.Je comprends qu'ils veulent me dépouiller,qu'ils s'y prennent pas très bien et que si je m'échappe au plus vite j'éviterai de gros ennuis.Je force la portière,me jette dehors,leur laisse le double du prix du trajet.J'ai frôlé une catastrophe.Apeuré je vais à pied quelques dizaines de mètres et un tricycle à moteur s'arrête pour moi.Je suis sur mes gardes comme dans une zone de non-droit,une seule idée me tient l'esprit,être en Equateur rapidement et quitter cette frontière.Le jeune homme est honnète et bon,il me trimbale derrière lui jusqu'au poste d'entrée du vingtième pays du tour du monde.Je remercie ce petit chauffeur qui avec une douce magnanimité ma donné son aide à l'exact moment où j'en avais le besoin urgent
Me voici dans le huitième pays de mon parcours sud-américain.Aussitôt après avoir reçu le tampon d'entrée j'échange les sols péruviens qu'il me reste contre des sucres équatoriens.Les pages de mon passeport sont remplies par sept ans de voyage dans soixante pays.Il y a juste assez de place pour les tampons de la fin de ce tour du monde.Je compte aller jusqu'au Mexique avec cette piece d'identité qui contient dans un désordre total les marques de mes passages fontaliers de globe-trotter.Un bus passera dans un quart d'heure pour ma première destination dans le deuxième plus petit pays de langue espagnole d'Amérique latine où au nord de la capitale Quito passe le cercle imaginaire de l'équateur.Le nom du pays est une lapalissade. Une jolie fille à la grosse poitrine et à l'air rigolo de gamine attardée me sert une soupe de quinoa et un steak-papas à une petite gargote à une encablure de l'épouvantable zone frontalière où je me sens plus à l'aise et déjà dans le nouveau pays.Le soleil chauffe fort l'air,les nuages s'éffilochent dans le ciel azuré.Je devine incapable de leurs donner un nom des parfums de nature agréables,sont-ils l'effet de mon imagination ou existent-ils?.Je suis enthousiaste et je me répète "l'aventure continue".Fantastique vie de voyage,sans lassitude,jamais monotone.Des bananeraies à perte de distance des deux côtés de la route remplissent entièrement l'espace terrestre.Des millions de kilogrammes de bananes pour les enfants de la terre que nous sommes tous.Un endroit qui me fait penser à un bon Dieu,ça me rappelle les immenses étendues de céréales en Australie quand je songeais à une main bienfaitrice au dessus des humains.
J'arrive à Cuenca au crépuscule.J'ai choisi de venir dans cette ville pittoresque en lisant les bonnes informations sur mon guide.L'histoire et la pierre ne font qu'un dans la beauté des constructions.La troisième ville du pays à 2500 mètres conserve une magnifique architecture typique de l'époque coloniale.Ses vieilles rues pavées rectilignes se prolongent entre des façades imposantes et ravissantes.Les coupoles bleues de la cathédrale,une des plus belle du continent,surmontent des murs de marbre rose.Sur la grande place se tient le marché aux fleurs avec les vendeuses coiffées de panamas.A flanc de colline au dessus du fleuve Tomebamba de somptueuses demeures coloniales ont des allures triomphantes.Je suis paumé,il me faut une période d'adaptation comme à chaque fois pour mes premières heures dans une nouvelle société.De nouveaux calculs mentals me sont obligés pour connaître mes dépenses de routard.
Le relief se compose d'une multidude de courtes vallées,de versants parfois abrupts et de sommets bas.Les petits villages montagnards sont nombreux guère éloignés les uns des autres.Les paysans sont pauvres mais poursuivent leurs existences traditionnelles avec beauté d'âmes.Les collines sont recouvertes de parcelles cultivées.Les épis de quinoa sont des draps dorés ondulant légèrement dans l'air tonique de l'altitude.Un rythme général de la vie doux et long est en accord avec les muettes paroles du paysage ou les décors ingénieux et ostensibles des rues et des choses Le plus haut sommet du pays est le pic volcanique Chimborazo à 6268 mètres.Je pars seul sac au dos sur les sentiers des vastes versants pour rejoindre le refuge à 5200 mètres.Il neige lorsque je parviens au lodge,me voilà dans l'univers des hauteurs de la terre isolés de l'agitation et des tourments humains.Deux alpinistes qui monteront sur le sommet demain sont avec moi ici.Le jeune gardien qui m'avoue qu'une amie lui manque et que le temps est long a passé seul dans la montagne me laisse utiliser la cuisine où la sâleté fait concurrence au désordre.Je ne suivrai pas les ibériques qui commenceront leur montée avec crampons,cordes et piolets en milieu de nuit pour être au sommet aux premières lumières du jour.Lors de l'agréable redescente je me retourne fréquemment pour admirer le plus haut sommet équatorien qui resplendit avec son manteau de neige immaculé sous le ciel ensoleillé.J'apperçois un groupe de sept gracieuses vigognes.Ce camélidé est un représentant au fort symbolisme dans les montagnes andines du Pérou et de l'Equateur.Les vigognes vivent à plus de 3500 mètres,elles sont beaucoup moins nombreuses que les lamas,les alpagas et les guanacos,moins de 200 mille.C'est le plus petit d'entre ceux-là,elle a une figure gracile et des mouvements harmonieux.Son pelage est marron caramel et blanc sur le poitrail,le ventre et l'intérieur des pattes.Sa fibre très fine est très convoitée.De nos jours l'espèce est protégés mais victimes aussi malheureusement des braconniers.
Mon parcours en bus progresse dix fois plus vite que le même à vélo d'après mes savants calculs personnels.J'ai en quelques heures quitter les sommets du pays pour me trouver à la petite ville thermale et touristique de Banos qui est un mélange savant de Cordillère et d'Amazonie,au pied du volcan en activité Tungurahua dont le cratère se situe à huit kilomètres de la charmante bourgade.Cette présence fantomique et puissante est une préoccupation continuelle pour la sécurité des résidents.Banos fut fondé par les dominicains,son église est consacrée à la vierge de l'eau sainte.La qualité de ses eaux thermales est avérée depuis belle lurette.Les nombreuses cascades qui dévalent les pentes très raides de la vallée encaissée entourent la ville et offrent des sonorités chantantes et une fraîcheur qui se superpose avec bonheur à la chaleur tropicale.Dans la campagne alentour on cultive la canne à sucre que l'on transforme en alcool.Avec l'on fabrique également une pâte sucrée,le melcocha qui est une spécialité d'ici. Aux bains thermaux,je m'amuse beaucoup à me trouver parmi une faune d'équatoriens en caleçons et slips qui se comportent là comme s'ils se trouvaient dans leurs salles de bains privées.L'eau est extraordinairement bonne,douce et chaude je suis tout près comme les dominicains fondateurs de l'attribuer au pouvoir de sainteté de la Vierge Marie.Nous sommes tous très comiques dans et autour des bassins comme jouant une farce burlesque,plus ou moins disgracieux,plus ou moins quelconques,être humains sans importance soulagés par de l'eau sacrée.
Le bus traversent des villages de paysans quechuas,l'abscence de toute modernité et le paysage intact laissent des sensations de vérités et de paix originelle,les existences ancestrales sont empreintes d'une belle sagesse.Les montagnards vivent en partie en autarcie,leurs premiers alliés de subsistances sont leurs troupeaux de lamas,de vaches et de moutons. Le volcan Quilotoa est une émeraude serti sur la croûte terrestre.Il culmine à 3915 mètres,dans une des régions du pays les plus reculées.Le minuscule village de Zumbahua se trouve à 200 mètres du cratère,les terres des autres directions sont un damiers de champs cultivés,tout d'abord de pommes de terre et de céréales.Une fois par semaine les indiens arrivent pour le marché des alentours.Ils apportent leurs productions sur les dos de leurs lamas.Au marché aux bestiaux ils commerceront aussi leurs animaux. Il faut compter plus de cinq heures de marche sur le sentier qui suit au plus près la crête haute du tour du cratère pour terminer la boucle et revenir au village.La perspective avec tout les points autour du gouffre jamais loin à vol d'oiseau et le sentier au tracé compliqué que l'on ne devine pas sur les bords tourmentés,laisse estimer un temps de randonnée nettement plus court.A l'interieur à 180 mètres en dessous s'étale un beau lac bleu foncé aux reflets émeraudes à la circonférence guère inférieure à la longueur de la crête car les falaises tombent à pic vers l'eau et offrent un décor enchanteur.L'endroit est photogénique,tout le décor offre des prises,une caméra me manque.
Je quitte le village en auto-stop,car aucun bus n'arrive.Je suis mal informé et j'ai envie d'avancer toujours plus libre avec le hasard de ma route et de ses rencontres.A la façon dont je voyage en vélo,je désire me sentir seul en quête de nouvelles découvertes et émotions.Un camion déglingué me prend.Nous sommes quatre serrés ensemble sur la banquette à côté du chauffeur sur la piste pleines d'ornières à nous faire secouer comme la bouteille d'Orangina de la publicité.Je parviens à un patelin beaucoup plus bas dans la montagne.Ici rien n'a favorisé le tourisme et les indigènes sont demeurés de bons sauvageons authentiques.A la meilleure auberge,tous les clients sont équatoriens,une trentaine de citoyens aisés en promenade dominicale à travers le pays.J'affectionne d'être dans une situation isolée ou un pionnier quelque part,de me retrouver dans des circonstances atypiques,mon sentiment de vive liberté est amplifié.Un voyage géographique et un parcours parmi les hommes me comblent. C'est le jour de la fête des écoles et des enfants au village paumé aux pieds des montagnes à cent kilomètres au sud de Quito.Les gosses ont des mines adorables,ils offrent à mes photos leurs joies photogéniques et à mon coeur l'amour qui s'échappent de leurs douces prunelles.Des boîtes à chaussures remplies de petits cadeaux leur sont distribuées,je m'asseois avec plusieurs,les aide à ouvrir leurs colis et partage leur plaisir en leur donnant des petites indications avec mon parler espagnol maintenant assez bon après cinq mois et demi en Amérique du Sud.Ils sont beaux ces petits choux joyeux,des enfants de la terre félicité.Des gamins de l'air non pollué,fils d'hommes braves aux vies simples et honnêtes,des âmes gracieuses à protéger.Une petite fille de moins de dix ans court dans ma direction dans sa blouse trop large et ses tennis délacées,ses boucles d'oreilles gigotent.Elle veut elle aussi que j'ouvre sa boîte à chaussures. Je me représente le village comme un musée de la vie campargnarde dans les montagnes andines.Un peintre y trouverait jubilation avec de multiples scènes naturalistes à reproduire.Dans une courette,des hommes ont égorgé et vidé de son sang un cochon,ils sont à lui griller la peau sur un feu de bois par terre,je considère la scène barbare mais respectable.Je pense que l'art et la bonne manière peuvent tout embellir,tout expliquer.Mais où commence et où s'arrête l'art?
Je parviens à l'entrée du parc du Cotopaxi à pied et remorqué par des locaux qui empruntent la piste cabossée qui y conduit. Le Cotopaxi qui s'élève à 5897 mètres est le plus haut volcan actif du monde,c'est un cône régulier qui remplit l'horizon et rejoint l'azur tel un dieu tellurique.Le blanc manteau qui le recouvre sur les deux tiers de sa hauteur resplendit dans l'espace,au lever et au coucher du soleil le paysage est féérique,la neige brille alors fortement et semble une parure détachée de la terre. Il pleut de trop et le crépuscule s'approche.L'entrée payante est valable sans limite de temps,je bivouaquerai dans un chalet avant de gravir le sentier demain.Ma nuit fut insouciante dans un lieu sur la terre où l'on ne peut pas s'imaginer le moindre problème.J'ai trimbalé assez de bonnes victuailles,nomade aguérri et prévoyant.La popote au réchaud à pétrole a été de la pure détente pour un homme se sentant le père de sa propre vie.La vaiselle et la toilette au gant au robinet d'eau froide des instants digne de Robison Crusoé sur son île.Je m'élance sur le sentier qui perce la végétation et la forêt tropicale,mais la météo ne vaut pas mieux qu'hier.La pluie est froide,la température fraîche et le chemin très boueux.La brume tombe de partout et empêche toute visibilité.Le hasard de mes pérégrinations m'a conduit ici un mauvais jour météorologique.J'entends la symphonie des oiseaux mais je ne les vois pas,je glisse dans la boue,m'accroche aux branches,aux longues tiges ou aux grandes feuilles.Je désespère d'obtenir un peu du plaisir d'une belle excursion dans ses conditions.Il faut une longue journée de marche pour arriver sur le plateau où se dresse le haut volcan,en chemin les découvertes et observations peuvent être formidables.Il y a des condors,des caracas,des mouettes,des colibris,des lapins,des cerfs,des gazelles,des belettes,des renards,et avec la providence et une bonne longue-vue l'on admirera peut-être des pumas et des ours.La faune aussi est merveilleuse avec des gentianes,des valérianes et une pléthore d'autres espèces de la belle nature des hautes altitudes.Globe-trotter malchanceux je fais demi-tour après deux heures de montée dans la purée de pois et me dirige alors vers Quito.
Le Quito historique est un ensemble harmonieux,grand,riche,réhaussé par la beauté des hautes montagnes alentours qui apparaîsent en toile de fond au hasard des vues aux bouts des rues,au dessus des constructions ou depuis les hauteurs panoramiques de la ville la plus baroque d'Amérique du Sud.La population de la capitale équatorienne est de 2,5 millions d'habitants,son altitude de 2850 mètres.Les monuments richement décorés sont des exemples admirables de l'école baroque de Quito qui avec prouesses mélangeait des influences diverses,espagnole,italienne,mauresque,flamande,indienne,et indigènes.L'église de la Compagnie de Jésus est parmi les sept merveilles du monde de mon classement personnel.Cet édifice est un énorme bijou qui apportera piété au plus irréductibles païens.Son intérieur brille et illumine des feuilles d'or qui ont interdit d'autres couleurs moins nobles,les bois sculptés sont des prodiges de précision,de patiente et de génie.La façade exterieur est parfaitement symétrique,il faut des minutes pour s'extirper de son effet sublimant et peut-être lui touver un défaut qui existe à peine.Le monastère San Francisco est le plus ancien monument colonial d'Equateur,sa façade extérieure assez sobre intègre des éléments architecturaux de la Renaissance,son intérieur plus tardif expose toute l'éxubérance du baroque colonial.Dans son enceinte se trouve un musée de l'art chrétien,des statues bibliques,des croix de Jésus crucifié,des objets de cultes et de dévotions,des meubles d'églises,des peintures de scènes religieuses,des archives écrites,des habits des anciennes traditions chrétiennes,et encore bien davantage appartenant à l'évangélisation du pays.Je ressens fortement l'importance qu'à eu la Bible dans l'histoire des hommes.Les siècles passés l'église avait le premier pouvoir sur la vie des citoyens et une grande partie de leurs activités gravitait autour de ses croyances.Dans les salles en enfilades tout autour d'un cloître et d'un patio mon coeur a tendance à vaciller,mon esprit à chavirer devant la profusion des oeuvres saintes.Les yeux exorbités,je recherche des explications qui me torturent intérieurement.Heureusement des élèves d'une l'école de restauration du patrimoine religieux de Quito sont avec art et connaissances au travail dans le cloître.En observant leurs techniques passionnées je retrouve ma juste réalité présente.
Otavalo est une ville de cinquante mille habitants au nord du pays.C'est aussi le nom des indiens quéchuas de la région qui sont les plus influents dans la ville.Leurs artisanat est mondialement réputé pour sa richesse et sa qualité.Le tissage est leur production phare.De nombreux ateliers sont en pleine activité dans et aux alentours de la bourgade.Ce sont aussi d'excellents brodeurs,céramistes,sculpteurs sur bois,vanniers.De très nombreux visiteurs et touristes viennent spécialement ici pour le marché qui est le plus vanté d'Amérique Latine:Tapis,ponchos,couvertures,pullovers,ceintures,sandales,bottes,panamas,objets sculptés,poteries,bijoux,et tant d'autres choses que les énumérer me serait interminable.Les indiens Otavalos ont su garder leur identité tout en developpant leurs savoir-faire,ils ont fait mieux que s'adapter au temps qui passe. Pour m'aérer l'esprit après des heures à arpenter les rues aux commerces et au marché flamboyants,je me ballade à pied dans la campagne des environs.Mon choix est judicieux car avec la proximité de la riche bourgade la vie y est très paisible,je profite ainsi davantage des paysages bucoliques et des faces gracieuses des indigènes.Une fois de plus je partage des instants délicieux avec des enfants en train de jouer avec des riens de pas grand chose.Les voyageurs sont nombreux à aimer rencontrer des gosses,c'est avec eux que l'on trouve la tendresse qui manque à notre vie de nomade solitaire.Ces promenades en liberté ce sont des parcours en amour.
Il n'y a aucun touriste à San Angel,lieu de ma derniere escale en Equateur.J'aime sortir des sentiers battus.C'est un gros village très ordinaire et ennuyeux mais c'est justement ce qui fait tout l'intérêt de mon passage.Pour mieux découvrir un pays il est bien de le parcourir avec un certain désordre et en laissant de la place au hasard.Confronté à de l'imprévu notre coeur bat la chamade,notre voyage nous grisent.
COLOMBIE: A Ipiales frontière entre l'Equateur et la Colombie,je rencontre Laura qui revient de deux ans d'études en droit à Bordeaux.Elle est ravie de me rencontrer,je lui sert à faciliter sa lente réadaptation au pays natal.Je me trouve aux postes frontaliers du vingt et unième pays de mon tour du monde.Laura est une jeune colombienne charmante,souriante et symphatique.Elle me procure une première impression très bonne du pays,mes derniers jours en Colombie seront beaucoup moins heureux.Son père venu la chercher nous emmène en voiture chez eux dans le centre d'Ipiales.Ils m'offrent un repas copieux et délicieux,nous bavardons allègrement de la France et de mon voyage.Laura parle couramment le français,j'ai apprécié cette parenthèse dans mon existence toute espagnole depuis mon arrivée sur le continent.Ensuite ils m'accompagnent dans les rues de leur quartier jusqu'à un taxi qui me conduira à Notre Dame de Las Lajas.Ces gens m'ont offert un très agréable acceuil,des comme eux j'aimerai en rencontrer chaque jour.Grâce à la générosité et à la convivialité de certains,les globe-trotters poursuivent des épopées plus humaines et plus formidables. La cathédrale fut construite entre 1916 et 1949 à cheval sur des gorges à l'endroit où en 1754 une enfant sourde et muette accompagnée de sa maman se reposent là dans une grotte lorsqu'elle retrouve la parole en voyant apparaître une vierge métisse sur une peinture.C'est le centre de pélerinage le plus important d'Amérique du Sud.Le chemin qui descend dans le canyon jusqu'à l'entrée de l'église est jalonné de plusieurs centaines d'ex-voto pour toutes sortes de motifs.
Je quitte la ville frontalière sans charme dans un minivan confortable.Le paysage des montagnes andines est féérique,mes yeux restent grands ouverts et collés derrière la vitre pendant les trois heures de trajet.Je fais halte pour une nuit à Pasto,une grande ville située au pied du volcan Galeras à 2500 mètres,qui est le plus actif de Colombie.L'on distingue depuis les rues de la ville de la fumée qui s'échappe de son cratère.Un jour ou l'autre le volcan peut entrer en éruption et cracher un feu meurtrier sur Pasto en fuite. Les transports en commun m'épuisent,je repense à ma vie de cylonomade où j'entretenais une meilleure forme physique et pendant laquelle malgré les rudesse de ma route je conservais toujours un moral à toutes épreuves.Au fond de mon coeur je me sens très nostalgique,je verse intérieurement des larmes émouvantes lorsque je repense à mes jours de vélovoyageur.
A Popayan,en 1983 un violent séisme en dix-huit secondes a gravement endommagé la très belles villes coloniales.Dépassant les difficultés les habitants ont reconstruit avec un orgueil positif,une énergie admirable et un bel amour.La ville blanche est un véritable joyau désormais.Les processions de la Semaine Sainte sont réputées comme étant les plus formidables de tout le continent.Popayan est quelquefois surnommé la Jérusalem d'Amérique Latine.C'est la ville qui a fourni le plus de président au pays et aussi de nombreux poètes,peintres ou compositeurs. Je flâne très relax dans les ruelles pleines de clarté.Pour soulager une faim lancinante une galette de maïs au fromage cuite sur un braséro par un petit vendeur de la rue est parfaite.C'est très nourissant,goûteux et le prix est modique.
C'est la pagaille entre tous pour charger les bagages et s'attribuer une place dans le véhicule.Le minivan s'en va enfin avec beaucoup de retard,il pleut des cordes.Je découvre une certaine Colombie à la mauvaise réputation dont j'ai entendu parlé.Un pays où beaucoup de vices et de criminalité prennent l'ascendant sur beaucoup moins de vertus et de beautés humaines.La piste est dans un état catastrophique,ça secoue à tout rompre.Un minivan n'est pas un véhicule adapté à des trajets pareils,on passera de justesse avec un presque petit miracle.Le paysage est agréable mais comment apprécier vraiment le décor du parcours dans la promisciuté et les secousses continuelles.Des passagers éméchés s'échangent des bouteilles de pisco.Une jeune enfant regarde défilé les diables de flacons devant ses petits yeux qui ont déjà perdu leur première innocence.Sa mère est une femme grotesque et paillarde qui participe activement à la beuverie.
San Augustin et mes plus doux souvenirs en Colombie:J'ai déniché sur les hauteurs du grand village le meilleur endroit possible pour séjourner ici.A la "Casa de François",un français symphathique qui a construit et développé son auberge.Je dormirai dans un hutte confortable,joliment décorée où contrairement à mes habitudes de voyageur je resterai peut-être plus longtemps.Chez l'ancien routard qui s'est marié avec une argentine et s'est posé un jour à San Augustin,le mélange Colombie et France est réussi,l'art français du bien fait et du beau dans un style local pittoresque est de très bon goût. Au parc archéologique,on découvre et contemple 130 statues sculptées à différentes époques depuis 3000 ans avant Jésus-Christ.Elles me remémorent celles plus grandes,moins artistiques et moins stylisées de l'île de Pacques.Des vestiges de fondations de villages,de routes,de terrasses,de constructions sont dispersés sur deux cents kilomètres carrés dans les montagnes.Les amérindiens de temps très anciens venaient dans la région enterrer les morts et vénérer leurs dieux. Soirée nocturne au village à un concert reggae:Je suis resté sage,me trouvant une bonne place pour bien voir le groupe dans la petite salle bondés d'une faune de fêtards la plupart peu orthodoxes.La cocaïne et les hallucigènes circulent entre beaucoup,des grands verres de picso ou de bière sont servis promptement à petit prix.Nombreux sont disjonctés,évadés dans leurs paradis artificiels.Le groupe est brillant et très professionnel,étonnemment les trois musiciens et la chanteuse ont des dégaines sobres.La musique était bonne mais l'ambiance n'était pas drôle,il y avait trop d'alcool et de drogues et plus de paroles ou de sourires. Pendant la marche dans la montagne dont la majorité des touristes font le parcours à dos de cheval,je rencontre deux soeurs franco-colombiennes,l'une vit en France,l'autre en Argentine.Le métissage culturel est une bonne chose,il permet la valorisation mutuelle des deux origines et aussi la naissance d'une autre culture très originale.Elles sont nées à Bogota.Elles me parlent d'Ingrid Bétancourt,l'image de sainte véhiculée par les médias n'est pas la réalité.Elle avait des ambitions politiques qui ne valaient pas plus que d'autres.Une tête géante gravée de vingt siècles apparaît à un détour du sentier sur une paroi rocheuse sur le versant d'une étroite vallée à la végétation éxubérante.Tout en bas un torrent impétueux à peine visible d'ici gronde et lance des échos presque mélodieux.La nature verte est prodigieuse à perte de vue sous le ciel qui semble une cloche grise et bleue.Il en émane une puissance qui me bascule dans une spiritualité naturaliste. A une petite ferme en terre battue et rondins de bois,une jeune femme au jolie minois qui tout les jours exerce ses connaissances avec les touristes se présente comme astrologue maya.Ces affaires d'astrologie j'apprécie toujours,c'est divertissant,parfois savant et c'est porteur d'espoirs et de rêves.Elle m'annonce avec ma date de naissance que mon signe maya est l'aigle bleu.Il représente le serviteur planétaire.Sa vision est complète,holistique.Il est au service de l'humanité.Je n'ai jamais pensé pouvoir être à la hauteur d'un tel aigle.
San Augustin-Neiva en petit bus,puis trajet de 18 heures à minuit dans un grand bus jusqu'à Ibague,qui se situe à 125 kilomètres à l'est de Bogota: Si la ville est célèbre pour son festival folklorique de musiques et de danses colombiennes,pour mon cas elle le sera pour le drame qui va me tomber dessus.Chaque année à la veille de la Saint-Jean,la cité musicale de Colombie s'habille en fête.Des scènes sont installées un peu partout,les mélomanes qui ont la musique dans le sang sont enchantés,les gens dansent sur les rythmes andins traditionnels:des sanjuaneros,des bambucos,des pasillos. Un bandit très malveillant a versé un somnifère dans ma bouteille que je trimbalais imprudemment dans le bus,la chaleur tropicale nécéssite de souvent boire mais on m'avait parlé de ce méchant stratagème qui est d'endormir des passagers pour les dépouiller.Je devine que pour le malfrat l'affaire s'est déroulée exactement comme il le souhaitait.Je m'évanouis et perds connaissance de l'immédiate après descente du bus vers minuit jusqu'au jour lever du jour.Je me trouve alors dans un petit parc proche de la gare routière à demi hébété à regarder sur l'herbe à l'endroit où j'ai probablement dormi tout ce temps si quelque chose m'appartenant se trouve là car je n'ai plus rien.Mon sac à dos a disparu,il ne me reste que mes sandales,ma chemise,mon pantalon et mon coeur qui bat.Un policier passant par là me questionne.Les derniers jours du tour du monde commencent alors.Ma première urgence est que je reçoive de l'argent,ce qui se fait rapidement grâce à un transfert.Ensuite je vais me reposer dans un hôtel,tenter de retrouver des idées claires,et acheter certaines choses nécéssaires à une vie de globe-trotter.Deux jours plus tard j'arrive dans l'immense Bogota.A l'ambassade de France la charmante dame qui me reçoit me prévient que je dois patienter car obtenir un nouveau passeport depuis l'étranger est un long processus.Le moral en berne je décide de rentrer en France après 22 mois et demi d'aventures très belles.
Bogota se situe au centre de la Colombie à 2640 mètres d'altitude,elle est la troisième plus haute capitale du monde après La Paz et Quito.C'est une mégalopole de 10 millions d'habitants. Je suis monté avec le funiculaire à Monserrate Sanctuaire qui surplombe l'immense cité tel un gardien mythique sur les hauteurs de la montagne à 3152 mètres.Depuis des siècles les hommes grimpent là-haut pour visiter,se receuillir ou assister à une messe dans l'église dédiée à la vierge noire et pour se détendre avec le panorama magnifique en inversant les rôles dominant et dominé avec la ville. Le temps d'obtenir un papier d'identité,une carte bancaire neuve j'en profite pour dans le centre historique faire des visites culturelles merveilleuses.Le musée national de Colombie est l'un des plus anciens du continent,ses collections d'art,d'histoire,d'archéologie et d'ethnographie sont prodigieuses.Il présente tout ce que les hommes ont réalisé de plus beau,dans les salles on se réconcilie avec soi-même en oubliant ses révoltes,l'on devient croyant en l'homme,réellement religieux.Le divertissant musée Botero expose 123 oeuvres de l'artiste né à Medellin en 1932 qui peint des personnages au corps disproportionnés dans un souhait humouristique à l'effet porteur.Le musée de l'or expose la plus riche collection d'orfèvreries précolombiennes,35 milles pièces d'or,et 30 milles objets en céramique,pierre et textile.Dans les salles on se retrouve au sein d'une force gigantesque,à la source des civilisations amérindiennes et en supervision de l'histoire d'un immense territoire.
Après maintes détours fatiguants à la recherche d'une auberge je trouve finalement ce qu'il me faut dans le centre historique.Une toute petite chambre dans une vieille demeure coloniale.C'est l'endroit dont j'ai le grand besoin pour supporter des jours démoralisants avant d'embarquer dans l'avion du retour.Mes bavardages et badinages avecYennifer,une belle et jeune vénézuélienne radieuse et toujours très gaie,receptionniste à mon auberge,m'aident à supporter l'idée triste que mon voyage est fini.J'attends par transport express international la nouvelle carte bancaire pour acheter le billet Bogota-Lyon avec escale à Madrid.Trois aller-retour à l'ambassade de France sur les artères interminables de la mégalopole pour obtenir une pièce d'identité de remplacement:Monter dans le bon minibus est une difficulté hyper stressante,ils circulent nerveusement dans des embouteillages anarchiques,zigzagent d'une file à l'autre,leurs numérotations sont incompréhensibles et ils sont presque toujours bondés.Dans les rues de la capitale,un climat de danger est perceptible plus ou moins fortement selon les endroits.Certains quartiers sont dangereux et à éviter.Il faut savoir aborder Bogota,car la mégalopole bruyante,polluée et désordonnée,avec son ciel le plus souvent brumeux et gris où se côtoient les hautes tours d'un capitalisme flamboyant et les ruelles de toutes les misères et de tout les dangers pourrait peut-être tel que pour moi vous apparaître une ville désespérante et même effrayante. Je serai bientôt dans l'avion pour onze heures de vol jusqu'à Lyon.Que d'émotions,de souvenirs et de belles choses à raconter j'emporte avec moi,voyageur de retour sans plus aucun bagage...
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