Planète Vélo

Planète Vélo

FRANCE/KENYA/BURKINA FASO/FRANCE

"LIRE C'EST VOYAGER,VOYAGER C'EST LIRE""

Du Beaujolais à Istanbul-3160km/35 jours-    D'Istanbul à la frontiere syrienne-4250km/57 jours-     Frontiere syrienne à Samos(Ile grecque)-4965km/70 jours-    Samos à Athenes-6220km/96 jours-    Avion pour Le Caire     Le Caire à Assouan-6612km/114 jours-    Assouan à Khartoum(Soudan)   Khartoum à Addis Ababa(Ethiopie)    Addis Ababa à Nanyuki(Kenya)    Nanyuki à Dar Es Salam et Zanzibar(Tanzanie)    Nanyuki,Kampala,Kigali,Bujumbura,Mwanza,Nanyuki(Le tour du lac Victoria,passage par les 5 pays d'Afrique de l'Est)    Avion Nairobi-Ouagadougou(Burkina Faso)   Ouagadougou,Fada Ngourma,Nattitinga(Benin),Kara et Lome(Togo),Accra et Tamale(Ghana),Ouagadougou    Ouagadougou,Bobo Dioulasso,Bamako(Mali)    Bamako,Nouakshott et Nouadhibou(Mauritanie)    Nouadhibou à Dakhla(Maroc)-13575km/602 jours-     Dakhla à Marrakech et Tanger-15480km/631 jours-    Tanger à Chauffailles-15950km/-631 jours:Fin de l'odyssee                    

21 mois d'aventures,de liberté,d'une vie parfois rude mais toujours belle. Un grain de folie,merci à la terre,aux hommes,louange à la vie.Seize mille kilomètres en vélo,avion,bateau,car,camion-bus,taxi,train,camion,accroché à une moto,à un tracteur,et la route devant,une destination,une idée vague qui avec les jours devient plus précise d'une arrivée finale où l'on m'attend.

Premier jour:Mon huitième départ en vélosacoches depuis Chauffailles(petite ville française proche des vignobles du Beaujolais) pour une lointaine destination sur la planète. Si au XXIème siècle,parcourir la terre en avion peut-être une histoire se comptant en jours,pédaler dans le monde entier est une aventure interminable qui aura une fin voulue ou contrainte,un voyage inachevé toujours.J'ai l'experience de 78400 kilometres avec mes bagages sur le vélo,une vie derrière moi et dans mon corps.Le présent d'où l'on se repense,se revoit,avec sourire,amour,nostalgie,amertume ou plaisir.

    En trois jours et 255 kilometres je rejoins la Suisse par le plus court chemin.Une fuite en avant,l'urgence de ne plus avoir de domicile(surprenant?),d'être à nouveau un nomade cycliste,d'être sans autres toits que ceux d'une tente,des abris de fortune,des personnes hospitalières,des auberges les plus économiques des grandes villes,d'exister avec peu de lois,sans informations,sous le ciel,dans l'espace,dehors,dans le vent,le froid ou la chaleur,par tout les temps,sur toutes les routes.C'est la fin de l'hiver en Europe,la neige tient toujours sur les pentes montagneuses,sur les hauteurs des Alpes mais il n'y a plus plus de flocons dans le ciel,.C'est très bien ainsi,beau et praticable.Les hôtels sont trop chers,une nuit correspond à un jour et demi de mon cash quotidien.Ainsi je n'aurai plus d'argent pour me nourrir bientôt si je payais les chambres chaque soir et je devrais renoncer à ce long voyage dont je rêve.Depuis dix ans je me promène dans le monde avec un AMI,argent minimum indispensable,je mange assez,je dors suffisemment bien et longtemps,je paie les visas d'entrées dans les pays,l'entretien du vélo et d'autres petites choses sans véritables importances.C'est une vie difficile,souvent inconfortable,fatiguante et même harassante quelquefois mais jamais ennuyeuse,toujours belle de liberté,de découvertes.L'imagination stimulée,je visite des dieux,je me rapproche sans jamais les rejoindre de dimensions autres que celles des humains,je suis heureux de tourner les jambes comme un fou sur une bicyclette,je suis libre de partir,d'avancer,de partir,d'avancer.  Comment ai-je pû dormir sans prendre froid dans le Jura,la Suisse,le Lichstenstein et l'Autriche une fin d'hiver?.Réponse simple,j'ai trouvé refuge dans les étables et les hangars d'autrefois toujours utilisés pour stocker du foin.Je dors dans le passé,je mange dans le présent,j'avance dans le futur.Le Lichstenstein quel drôle de tout petit pays,soixante deuxième dont je franchis une frontière terrestre,vingt-deux kilomètres entre les deux douanes les plus espacées,la Suisse au sud et l'Autriche au nord.Celui qui s'égare ici est une personne qui s'est déjà perdue dans la cour de son domicile.Vaduz,la minuscule capitale,l'unique ville du territoire,sur la colline juste au dessus surplombe le chateau un peu quelconque du prince,absent le drapeau du raliement est en berne.Je traverse la ville,ni belle ni le contraire,contemporaine,à la vitesse d'une vache en ligne droite.Heureux d'être arriver au troisième plus petit pays du monde,de l'avoir traverser tranquillement par un jour de ciel bleu,certain de m'en souvenir jusqu'à la fin de tout mes voyages.De nouveau la route est longue sur les pentes du Tyrol,des skieurs dévalent des pistes tout près de la route.Lorsqu'un passe en glissant à côté,j'éprouve une drôle de sensation,nous sommes deux sportifs et sinon cela tout nous différencie.

Pourquoi les européens sont-ils si peu acceuillants avec moi?.Après une multitude de kilomètres je suis arrivé dans des pays africains où beaucoup d'hommes ne possèdent pas grand chose mais vous offrent tout,leurs sourires,leurs joies,la simplicité,la vérité,un peu du peu de chez eux.Je suis revenu en Europe sachant cela.Voilà l'Afique c'est pour plus tard dans ce récit.   Revenons à Salzbourg une ville étoile et prestigieuse où vécu Mozart.Il y a de nombreux asiatiques dans le centre,surtout des japonais.Je profite de la juste vitesse du vélo pour tout apercevoir en un temps record.J'arrive en curieux,l'inconnu d'une arrivée m'excite,je compte sur de bonnes surprises.Le problème est que sans information et sans guide je passe à côté de choses incontournables.J'étais en plein Salzbourg,j'ai ouvert grand les yeux,je n'ai pas posé la main sur le porte-monnaie et un peu trop vite je suis reparti en direction de Linz et du Danube.Mes oreilles n'ont pas même perçu un air de musique de Mozart provenant d'ici ou là. Quelques mois après je rencontrais Mercy au Kenya qui ne connaît pas l'immense compositeur né à Salzbourg en 1756.Je me figurais que tout les hommes sur la planète connaissaient un peu de sa musique.Le voyage longue durée c'est comprendre mieux,apprendre,découvrir et savoir qu'il n'y aura jamais de fin dans cette quête.Quant aux japonais ils adorent Mozart beaucoup.

Je campe dans un champ humide à l'orée d'un bois,un fourré à renard,la route est loin,les chants d'oiseaux foisonnent.Deux jours de pluie consécontifs:Je dois impérativement trouver des abris.Dans une toute petite cabane,je dors les genoux repliés.A mon réveil tout va bien,à la suite des efforts de baroudeur d'une étape je parviens à passer mes nuits dans les lieux les plus insolites.Traversée de Linz et arrivée sur les pistes cyclables sur les berges du Danube.Direction Vienne et l'est:J'atteind le bout d'une piste sans-issue.Le demi-tour est inévitable jusqu'au premier pont pour rejoindre les bonnes pistes de l'autre côté.C'est la galère et il pleut fort.Les chemins sont pas ou mal indiqués,je ferai pas mal de détours inutiles aujourd'hui assez triste.

   En route,en vélo,ma perception de la vie,de la terre,des hommes,des villes et de la nature devient très différente,tout peut être sujet à amusement,tout peut être drôle,au même instant je suis dans le très réel et l'irréel de mon imagination.Je suis idéalement positionné pour comprendre que tout ce que nous voulons sérieux ne l'est pas tant que ça et que nous oublions l'esentiel,tout ce qui vit sans nous.

  Sous un ciel d'encre et de brume,je finis ma course dans un hangar aux murs de planches.Lors de mes parcours,certaines fins d'étapes j'ai le dos au mur,devant me hâter à trouver un abri ou un emplacement pour la tente,c'est pas la joie,je stresse,je suis fatigué et pourtant je dois accélérer.Alors je pense,si j'avais beaucoup d'argent je ne serai pas heureux,je ne serai pas seul comme ça à chercher un refuge mais j'aurai des problèmes plus démoralisants.Chacun son auto-stimulation.Alors que j'approche de Vienne la prestigieuse,le soleil revient enfin,le ciel sombre laise la place au bleu azur.Passer le plus clair de son éxistence sans un toit en Europe où dans n'importe quel pays de grande latitude,c'est se concilier les jours de météo compliqués et capricieux.Il faut être zen avec les assauts climatiques. Dans les rues de Vienne,je suis soudainement un tout petit voyageur au centre de grandes constructions,au milieu de beaux véhicules,à côté de citadins distingués dans d'élégants habits. A l'auberge la moins chère de la ville se trouvent beaucoup de routards et de globe-trotters.Je fais connaissance avec un couple distingué de mongols d'Oulan Bator.Je raffole de cette autre façon de voyager qui consiste à bavarder avec d'autres vacanciers,ou nomades,et inlassables voyageurs de toutes durées,des travailleurs itinérants,des étudiants en découvertes,des aventuriers à pied,à vélo,en cheval,en motos,et par toutes autres locomotions.Des instants passionnés de communication avec bien souvent que peu de mots en commun,mais avec davantage les visages,les rires,les habits,les bijoux,les coiffures,les choses des bagages ou les détails distinctifs.On se pose des questions sans véritabe importance.Quel est votre meilleur souvenir là-bas?.Dans votre pays où dois-je aller?.Comment faîte-vous pour ça?.Donnez moi votre adresse mails?.Vous êtes les bienvenus dans mon pays?.La vie la plus belle possible,la plus réussie commence par de la curiosité sans fin.Dans les deux cents pays de la planète,tout les hommes ont des secrets merveilleux à nous dévoiler et à nous faire partager.L'avenir heureux des terriens c'est le progrès avec davantage de partage matériel et spirituel,c'est s'aimer un peu plus et se respecter mieux facilement parce que l'on a appris à se comprendre.

  Vienne:Quinze jours de voyage,(257 kilomètres en France,330 en Suisse,22 au Lichstenstein,734 en Autriche) 1343 kilomètres pour une moyenne journalière de 89,5 kilomètres. De nombreux cyclistes et joggeurs entretiennent leurs formes sur les berges amménagées du grand fleuve hors de la ville. Intimidé par la grandeur et la beauté de la capitale autrichienne il me faut près d'une heure de détours et de retours dans les rues encombrées pour enfin parvenir à l'auberge adéquate et économique que je recherchais.Quinze euros la nuit dans une chambre à quatre places avec deux lits superposés.L'endroit très cosmopolite me donne un avant-goût de mes destinations à venir.Avec Yannick un congolais de Kinshasa,je ne me souviens plus très bien quels furent les sujets de notre bavardage mais je me rappel avoir apprécier sa compagnie.Avec les noirs des anciennes colonies françaises,on peut parler de choses graves et importantes sur la vie et sur le monde avec un ton léger et ensoleillé toujours.Il me pose des tas de questions sur mes voyages,cela me plaît de parler de ma vie de nomade.Sur une étagère où des voyageurs offrent leurs bouquins dont ils n'ont plus besoin je déniche un guide de l'Europe Centrale dont j'ai besoin.Au chaud,confortablement et calmement,je cherche sur les pages la meilleure route jusqu'à Budapest,puis jusqu'à la frontière roumaine. Premier jour de repos,c'est à dire sans utiliser le vélo.Je me transforme en touriste plus classique et en photographe chasseur de souvenirs.Plus ou moins dix kilomètres de marche dans le centre historique,mes chaussures remplacent mes pneus.A la suite des rudes jours de vélosacoches il m'est impossible de rester plus de quelques moments sans exercice. J'entre à une petite boutique étonnante.La bouquiniste est jolie comme une fleur fraîchement éclose,son sourire est parfait et dans dix mètres carrés sont amassés uniquement des guides et des cartes de voyages de tout les pays et de la plupart des éditeurs.Tout les rêves d'un aventurier décrit de maintes façons,une profusion d'histoires d'hommes en quête de sens,de bonheurs,de découvertes sont ordonnés dans les rayons.La jeune vendeuse est vraiment mignonne,je la photographie et ainsi j'obtiens rassemblés sur l'image les deux affaires qui m'animent le plus depuis la grande enfance et sont nécéssaire à mon bonheur,le charme féminin et le voyage. Dans la poche de ma veste j'ai glissé une carte routière de la Hongrie,je les préfère toujours au G.P.S. Vienne et ses fabuleux monuments que j'admire,et ses statues géantes d'hommes triomphateurs qui m'incommodent.La capitale autrichienne doit se visiter en plusieurs jours et il est préférable de bénéficier de connaissances sur la ville et son histoire préalables à sa découverte. J'ai bu un délicieux café accompagné d'une pâtisserie,puis je suis revenu faire la popote à l'hôtel Wombat où je fus en concert avec deux étudiantes canadiennes très soupe au lait. Je quitte la riche Autriche pour me diriger vers la Hongrie.Je traverse une vaste zone industrielle effrayante.Comment et pourquoi les humains ont-ils construit de tels complexes sordides,sombres,sans fantaisies,crachant des fumées et rejetant des polluants,avec de multiple tuyaux,des cuves,des cheminées,des hautes charpentes métalliques,des portiques,et bien davantage?.

   Le vélonomade ne parcourt que douze kilomètres en Slovaquie.Il n'a pas le temps de répondre exactement à la question à quoi je reconnaîs que je suis dans ce pays.Au premier village hongrois il échange 17 euros contre 4720 forints,.Quelle modeste somme a empochée la famille rassemblée dans la petite maison au guichet?.Il s'informe du taux de change de la devise préalablement son arrivée dans un nouveau pays et ainsi contrôle l'opération.Ce soir il plante sa petite tente face à un immense champ de blé aux pousses longs comme un avant-bras.Dans son habitacle il se remet de ses efforts en mangeant une délicieuse féta.La bouffe est un besoin impérieux à la suite de l'étape où il dépense une folle énergie par son corps s'activant sans trêve. Après cent trente kilomètres,il n'a qu'un seul désir,se reposer seul dans le calme.Ni bière,ni musique,ni lecture,ni fille à draguer,ni rien du tout,seulement la tranquillité du vide. Il lui faut permuter le pneu avant avec le pneu arrière car ce dernier use quatre fois plus vite que l'autre.

  Budapest,1646 kilomètres: Je repense à mon passage à Budapest en 2005,aux amis rencontrés et aux soirées animées de mon premier séjour.Je ne parviens pas à retrouver la pension dont j'ai oublié le nom.Trouver un bon hébergement dans une grande ville c'est du petit bonheur la chance.J'ouvre la porte cochère d'une auberge sordide et sale,des jeunes d'une vingtaine d'années aux airs de camés sont assis dans la poussière.Personne ne remarque mon arrivée pourtant très visible,je fuis ce lieu répugnant.Puis je déniche une pension idéale dans le centre de Pest.La capitale hongroise est une des plus belles villes du monde avec son Parlement,qui est aussi emblématique là-bas que la Tour Eiffel à Paris,ses larges avenues hausmaniennes,les établissements de sources thermales,les onze ponts superbes qui enjambent le Danube entre Buda et Pest,les musées,les opéras,les parcs,le zoo,et encore davantage.Les bains Széchenyi sont un superbe établissement populaire à l'architecture élaborée et ornementée fondé il y a un siècle.Dans ses galeries se trouvent beaucoup de bassins de tailles et formes variables à des températures différentes,plusieurs saunas et hammams.A l'extérieur il y a un grand bassin de nage,une autre ludique avec des vagues et un troisième à l'eau plus chaude dans lequel quelques hommes peuvent disputer des parties d'échecs sur des plateaux flottants. Le lendemain je profite d'autres bains plus modestes à Buda cette fois-ci.Un temps aquatique de vrai bonheur,une halte bénie dans l'eau chaude ou tiède des bassins avec les douches glacées toutes les dix minutes pour optimiser la thérapie réparatrice.Mon corps se relaxe et se plaît,je ne pense à rien. Le vélonomade pour la première fois du voyage s'offre un repas au restaurant,un besoin bien légitime d'une parenthèse dans sa vie de nomade fatiguante.Au menu de la soupe de champignons,des crudités au fromage fondu et un tiramisu,bon et simple dans un commerce sans prétention très typique. Parfois je vais jusqu'à croire en l'existence d'un esprit protecteur des voyageurs,je pense que Saint-Christophe me surveille bienveillant,j'ai tant pédaler que je délire d'enthousiasme. Réussir des photos souvenirs des hauts lieux de Budapest n'est pas très évident,il est difficile d'obtenir un bon angle et un cadre astucieux,l'on ne trouve pas le reul nécéssaire devant les merveilleuses façades ou les longues perspectives.Pour bien admirer le Parlement il est mieux de touver de se trouver sur l'autre rive du Danube à Buda ou bien sur le pont Margit.

  Les cent vingt et un kilomètres monotones et totalement plats en direction du sud et de la frontière roumaine ne resteront pas dans les annales de Didier.Première petite casse depuis le départ:Un vis fixant le porte-bagage avant sur la fourche se brise en deux,un bout restera coincé dans le cadre.Il  répare avec le fil de fer qu'il garde toujours dans son étui de réparation.Il passera la nuit près du village de Kiskunfelegyhaza(16 lettres).Que signifie ce nom à rallonge?.Didier monte sa tente légère dans une bâtisse en voie de démolition et sans porte,derrière les murs misérables sa nuit sera abritée des regards et de la pluie possibles. La campagne est une plaine interminable,les heures sont si calmes que l'on en perd le sens du verbe s'ennuyer.Le globe-trotter a traversé la petite nation au coeur de l'Europe du nord-ouest au sud-est en 424 kilomètres.S'il revient il apprendra des mots et des gestes magyars.Il se dit cela en emportant avec lui du pays des pensées agréables. 

  Didier franchit la douane roumaine en moins d'une minute.Sur son passeport est apposé le premier petit tampon du voyage.Le douanier lui adresse quelques mots roumains qui à son sourire béat pourrai signifier "bonne promenade chez nous".Les rues des villages et les fossés sont propres,son souvenir d'un pays parsemé d'ordures de toutes sortes n'est pas vrai ici.Des autochtones lui adressent des gestes de mains de bienvenue,leurs besoins de communiquer en toute amitié lui touche le coeur,c'est excellent pour son moral.Il espère en l'hospitalité à un monastère le long de sa route mais dès son arrivée un charpentier perché en haut d'une échelle lui fait savoir qu'ici on n'offre pas d'acceuil.Il s'installe par terre sous l'auvent d'une chapelle.C'est la nuit tombante,l'air est doux il n'est pas nécessaire de déplier la guitoune.Les odeurs dans cette  campagne sont à son plaisir.Il est un voyageur en vélo heureux ce soir,il pense que toutes les agitations pourraient s'arrêter parfois et le temps rester immobile à nous offrir paix et amour. Le lendemain il parvient à un patelin à l'écart du monde au terminus d'un parcours de trente minutes sur un chemin terreux,boueux et pierreux.Les paysans le voient pédaler et passer,ils n'osent pas tout à fait lui accorder un signe amical d'acceuil.Devant leurs façons naïves et directes il n'éprouve pas de gêne à se trouver chez eux par hasard.Une femme d'un âge quelconque,en cotillons,la tête roulées dans un foulard lui remplit ses deux bouteilles en plastiques et le bidon cycliste à l'eau de son robinet nécéssaires à son bivouac tout proche,sans rechigner et comme soumise à quelque chose.

   2000 kilomètres en vingt-quatre jours: Des canards cancanent à une ferme proche,il y a des crottes de moutons autour de la tente.Un troupeau et son berger m'encerclent,le gars reste là près du campement sans mot dire,ses bêtes sont déjà au loin.Puis il s'en va dans sa tenue mal ajustée et vieillotte. J'avance très pèniblement à peine à douze kilomètres heure face au vent soutenu,les petits villages non éloignés les uns des autres me distraient de la route monotone et de l'abrutissement du souffle. Il y a le grand Danube bleu,calme et puissant et un pays de chaque côté,la Roumanie où je me trouve,la Serbie en face.Je circule entre un versant de montagne et le cours d'eau.Des deux côtés du fleuve la même désolation,pas même une habitation pour égayer le paysage de falaises,de terre et d'herbe rase. Dans les montagnes des Carpates Méridionales,un train passe et siffle plus bas à l'horizon,la voie contourne les pentes des grands monts.L'allumé du vélovoyage attendri par la douceur du ciel et du paysage fait une petite lessive s'imposant à une source d'eau qui se déverse d'un réservoir collecteur.Les campagnes offrent souvent de quoi satisfaire un campeur à la sauvage.Puis avec un gant,en tenue d'Adam,le savon dans l'autre paume,le cycliste s'astique la peau et les muscles encore vifs et tièdes. Je suis comme perdu à mi-parcours de ma route roumaine,un soir pour le meilleur.  685 kilomètres en Roumanie: Les enfants et les moins jeunes m'ont régulièrement congratulé,j'emporte en Bulgarie une idée heureuse d'eux et une moins belle d'un pays qui s'en fout pas mal. Première nuit à l'hôtel depuis Budapest,un grand lit confortable dans un décor et une bâtisse kitsch de l'époque Ceausescu et de ses aïeux.Je rigole devant les variétés à la petite télé en noir et blanc.Demain je quitte le pays,j'échangerai 167 leis contre des levas bulgares.   

  La route frôle le parc d'une centrale nucléaire,une photo s'offre dans l'axe de mon trajet,il s'agit de la première fois où je suis si proche d'une fabricante d'électricité.Je préfère les éoliennes.C'est incroyable la planète sur un vélo,l'on se mesure à tant d'imprévus.La route a tout le temps quelque chose d'inattendue qui se peut. Lors des 346 kilomètres dans le pays des Balkans,j'ai photographié à un cimetière orthodoxe envahi par les mauvaises herbes,sans fleurs à l'exeption d'une tombe d'un défunt récemment inhumé,des immeubles de quelques étages délabrés et jamais repeint,et pour parachever ce diaporama glauque la centrale nucléaire au bord de ma route. Je préfère habituellement les instantanés qui nous parlent et nous émeuvent mais je n'aime pas ceux qui nous choquent. J'ai parcouru le pays cinq fois plus petit que la France,par son centre du nord au sud en trois jours,vélovoyageur porté par son vélo dans le vent,activant sa monture à coup de muscles. 

   Turquie: A Erdine,c'est le cafouillage à un commerce internet,j'imprime le i sans point turc se prononçant "eu" et non le bon i sur une autre touche,alors je n'obtiens pas ma connection avec Didier. Je m'agace pour rien:"Tu te trompes de touche même si tu ne le sais pas encore". Trop,trop de fois je stresse pour pas grand chose.Je pense:"Ma vie de voyageur elle va se passer aussi à me parfaire,à réduire le nombre de ces occasions où je ne prends pas le temps de la meilleure lucidité".  La grande route nationale s'étire en une succession de longs dos-d'âne,les champs de céréales rejoignent l'horizon terrestre,le soleil étincelant est un grand chapeau de chaleur,Je suis en Turquie sur la route de l'Asie,du Moyen Orient et de l'Afrique,je tourne le dos à l'Europe m'en allant dans le vaste monde. 3158 kilomètres me voici à Istanbul: Les autochtones par trois fois m'ont offert du thé au bord de ma route aujourd'hui.Les turcs sont fiers de leur préparations et en offrent volontiers un verre aux voyageurs de passage. La tradition du thé en Turquie est vivace.La paume retournée sous un plateau d'étain,le service est prompt, bienveillant et heureux. 90,2 kilomètres est la distance moyenne journalière de mon parcours depuis le départ. Je parcoure les vingt-cinq derniers kilomètres avant le pied à terre final au centre de la mégalopole dans une cacaphonie totale,les gaz d'échappements surabondent,les embouteillages sont gigantesques.Je dois être vigilant dpour ne pas me faire renverser ou coincer entre deux carrosseries.Certains me klaxonnent,d'autres me saluent de la main depuis leurs véhicules roulant au pas.Je suis au coeur d'une interminable vague s'étendant sur une large bande asphaltée passant sur de longs d'os-d'âne routiers.Qui a voulu de ce monde irrespirable?.Pourquoi tout ces citoyens turcs acceptent cette vie comme la meilleure possible alors que moi je pense le contraire et préfère souffrir sur un vélo?.Pourquoi nos sociétés nous rendent à la fois nos vies meilleures et plus épouvantables?.Pourquoi n'avons-nous pas réussi la même chose en mieux?.A peine arrivé à la prestigieuse Corne d'Or,proche de l'ancienne basilique de Constantinople Sainte Sophie,transformée en mosquéee par les turcs qui y ajoutèrent des minarets,qu'un rabatteur me conduit déjà jusqu'à une auberge.L'endroit est symphatique avec des joyeux routards.Peter,84 ans,est de bien loin le plus ancien ici.Il dort dans le dortoir depuis six mois.Romantique et nostalgique,il trouve là une chouette solution pour éviter la solitude et conserver la jeunesse. Nous allons ensemble au restaurant du meilleur rapport qualité-prix du quartier.c'est simple,goûteux et pas cher.Au menu:Une soupe de lentilles,une salade verte composée,des pâtisseries,et du thé.C'est parfait,je suis calé. Le Grand Bazar est un dédale démesuré,on peut se perdre,se retrouver,se reperdre pendant des heures,chercher,chiner,marchander,observer,réfléchir, entourer par une profusion incroyable de marchandises.Souvent on marchande ou bavarde,c'est la bonne occasion aussi de se regarder les uns les autres,de boire des thés,de manger des pâtisseries,de fumer un narghilé,et de photographier.Mais j'ai recherché en vain des pansemants pour les ampoules à l'intérieur de mes pouces frottant sur le guidon.En définitive ce n'était qu'un prétexte pour être plus longtemps dans les galeries aux milles couleurs,senteurs,et bavardages. 

  La traversée en ferry pour rejoindre la rive opposée de la mer de Marmara dure soixante-quinze minutes,c'est la solution la plus facile pour quitter la ville et se diriger vers l'intérieur de la partie asiatique du pays. Le ciel est brumeux,j'ai un horrible mal de mer et je vois les passagers tous turcs comme des silhouettes à qui je ne peux pas adresser la parole.Ce ne sera pas un bon souvenir avec les photographies qui vont avec. Je plante la tente au sommet d'une butte dans une oliveraie.Ne pouvant pas posser le vélo qui s'enfonce dans la terre,je transporte à bout de bras mes bagages les uns après les autres.La joie du vélovoyages et du camping sauvage fait son retour une fois de plus. A une salle d'un café turc très typique comme il en existe partout dans le pays,la clientèle toute masculine et plutôt âgés,en costumes sans joie gris ou sombres avec des mocassins parfois trop longs,se plaît à boire très doucement les petits verres de thé habituels. L'ambiance m'est ennuyeuse et pas un seul ne semble vouloir me parler ni même faire attention à ma précense impromptue.Là je suis très mouillé,mes chaussettes sont des éponges imbibées,les surchassures n'ont pas servi à grand chose.Je profite tant que je peux de ce seul refuge pour me réchauffer et me sécher face au vieux poëlle à bois. Il faut absolument que je trouve une chambre d'hôtel. Deux jours plus tard,je campe en bordure d'un champ de blé,j'ai tordu plusieurs sardines(Petits piquets métalliques de la tente).Déplier,assembler et étendre ma guitoune,je fais ça comme un automate en des temps records,pressé que je suis d'enfin cesser de remuer mon corps et de trouver du repos. Je n'arrive pas à trouver le sommeil,mon corps est collant de sueur sèche,pas de douche ce dernier jour ni de toilette de chat.Je m'extirpe du logis en pleine nuit,vaguement sublimé par le ciel étoilé,je soulage mon corps avec un gant et l'eau restante.Cela suffit pour une fin de nuit meilleure. 89 kilomètres avec une chambre à air qui perd doucement,je stoppe tout les dix bornes pour regonfler le pneu à son maximum. Cette étape de longues pentes ascendantes sur un asphalte de gros gravillons mal damés,avec du vent sauvage et froid qui me freine et les arrêts obligés à espaces réguliers pour me saisir de la pompe dans une sacoche et m'accroupir face à la roue est un rude trajet. Je me réfugie pour la nuit dans un local d'une station essence abandonnée.Il pleut dehors,il y a des crottes de rats un peu partout,ça sent pas très bon,mais pour une nuit de récupération avant l'arrivée à Ankara ça m'ira.

  Les vieux quartiers de la capitale turque s'étagent sur une colline où se dresse à son sommet une citadelle et les ruelles les plus étroites vouées à l'art,à l'artisanat,aux touristes et aux commerces.Depuis le balcon de ma chambre j'ai une vue panoramique de la ville.Entre les toits juxtaposés les rues découpent des formes géométriques,dans leurs prolongements les quartiers de la ville moderne s'étirent à perte de vue. Ma route doit ensuite traverser la Syrie,j'apprends qu'il y a des troubles politiques là-bas.Une importante partie du peuple se rebelle contre les autorités au pouvoir et une guerre va probablement éclater.Vais-je pouvoir entrer et circuler dans ce pays du Moyen-Orient? Paisiblement je colle des rustines sur les petits trous de mes chambres à air défectueuses.Je fais ça bien,il me faut être certain de repartir en cas d'une crevaison inopinée. Le vieux Ankara est insolite et attise la curisoité mais en ce jour bien maussade ma visite est abrégée. Pour la première fois je prendrai un bus demain,en trois heures je serai à Neveshir en Cappadoce,le même trajet en vélo il me faut deux jours.Tout le voyage sur la selle quoi qu'il en soit,où que je sois,ce fut il y a quelques années.Maintenant j'ai sagement admis que si mon aventure devenait trop difficile ou ennuyeuse il est préférable que je me simplifie la vie avec les services de nos bonnes sociétés. Au terminal bus d'Ankara sud,l'accès aux toilettes se monnaye O,90 TL,le tarif n'est pas démocratique pour des besoins innés identiques chez tout le monde.En revanche un thé servi par un marchand qui transporte une volumineuse et longue théière stylisée accompagnée d'une délicieuse grosse crêpe salée est une solution peu onéreuse pour soulager les petits creux de tout un peuple et pour tout les passants.

   Merveilleuse petite région du centre de la Turquie,la Cappadoce m'acceuille avec le retour du soleil. Voyage bonheur triste,voyage bonheur heureux .Stevens,un vélovoyageur australien de trente ans,est au bord de la route sans son vèlo.Il m'explique qu'il pédale depuis neuf mois en Europe.Parti de Barcelone il a sillonné de nombreux pays sur le vieux continent jusqu'à Athènes d'où il a volé pour Le Caire.De la capitale égyptienne il est arrivé jusqu'ici en passant par le désert du Sinaï,la Jordanie et le Syrie.D'où il vient est mon itinéraire jusqu'à la vallée du Nil.Je souhaite que sa rencontre soit de bonne augure et m'empresse de le questionner au sujet de la Syrie.Il a traversé le pays sans problème en obtenant son visa à la frontière et en garde de bons souvenirs.Désormais il se dirige vers l'est turc,l'Iran et l'Asie centrale. L'érosion et le volcanisme ont façconné des sites fabuleux.Il y a bien longtemps des hommes ont creusé dans le tuf volcanique des habitations rupestres.Des communautés byzantines ont bâti dans les roches tendres il y a huit siècles et plus des églises décorées de fresques.Trois milles chapelles sont disséminées dans la région.Les maisons en calcaire tendre du village d'Uçhisar sont blotties au pied d'une haute falaise criblée de trous.Alentour s'élève une foule de cônes impréssionnants.Les cheminées de fées se dressent élégantes hautes comme de très grands arbres,elles supportent des chapeaux de basalte,des blocs plus ou  moins volumineux et aplatis.La bourgade d'Avanos est réputée pour ses potiers et ses tisseurs de tapis. Au camping je remplace la chaîne du vélo par la deuxième,l'alternance des deux occasionne une usure plus lente et donc une plus longue durée à la transmission. Je me promène agréablement par les sentiers dans la vallée rose où la couleur de la terre resplendit.Je me sens si bien et ma vie a été si souvent pénible que me traverse l'esprit l'idée saugrenue de m'allonger par terre ici au centre du relief rose et d'attendre la fin heureuse de ma vie. Je pédale sur une petite route bucolique idéale assis sur une reine,à l'écart de la folie des hommes et dans des villages modestes mais d'aspects dignes où les vies s'écoulent doucement hors des tracas modernes. Depuis mon vélo,je distingue des falaises percées comme le gruyère de beaucoup de trous d'ouvertures et de profondeurs variables.Ce sont à nouveau des habitats troglodytes à cent kilomètres au sud de la Cappadoce. Il fait froid,il va geler cette nuit.Un jeune entrepreneur parlant un bon français me propose de dormir dans la salle d'un restaurant où personne n'est venu depuis plusieurs jours.Assis sur une chaîse de paille tressée,j'empiffre des carottes,une soupe en sachet,des sardines avec du pain turc,des spaghettis,du lait caillé,du fromage à pâte dure,une poire,des biscuits,du chocolat à croquer.C'est là un reconstituant typique de cycliste.Comme j'étais affamé,comme le vélo creuse l'appétit!. En cette fin de parcours je suis éreinté,j'ai utilisé toute mon énergie sur un asphalte mal damé au cours de longues montées dans des paysages guère agréables Le ciel est sombre,le vent arrive de face,la pluie gigle de la chaussée détrempée,je conserve la tête baissée,mon regard est égaré entre la route et le cadre du vélo.J'active mon corps robotiquement,je fonctionne à l'adrénaline,à la satisfaction de dépasser des limites inconnues et d'aller vers une pure liberté.Loin devant,en toile de fond de ma route,les sommets aux neiges éternelles du massif du Taurus dont le point culminant est à 3734 mètres.Il me faut trouver une place abritée du froid pour la nuit.A un patelin égaré et assez misérable les indigènes se groupent autour du vélosacoches ébahis.Ils me jettent des yeux de travers,semblent confus de ne pas comprendre qui je suis.Plusieurs fois je demande de l'aide sans qu'ils comprennent ce que je veux ces villageois anatoliens,et me désignent la route d'où j'arrive.Leur paraissant impensable que je reste chez eux,ils souhaitent qu'un véhicule me prenne jusqu'à la prochaine bourgade. Leur idée n'est pas la mienne,comment leur faire admettre que je veux dormir dans leur village,que je peux monter ma petite tente dans un coin plat et propre,qu'il me faut trois litres d'eau.Cela va durer plus d'une heure jusqu'à ce qu'un villageois plus savant m'ouvre la porte d'une pièce vide très bien pour une nuit de vélonomade.La bande de gamins écervelés qui me suivaient dans les ruelles caillouteuses ont enfin disparu lorsque j'ai vérrouillé la porte du local avec un grand soulagement. Un groupe d'ornithologues français passant un séjour heureux en Turquie sur trouve à l'auberge où je stoppe une de mes plus courte étape au pied des hauts versants de la montagne aux hauteurs blanches.En Turquie et particulièrement dans la chaîne du Taurus les observations à la longue-vue sont riches,passionnantes et superbes.Il y a vingt mille espèces d'oiseaux sur la terre.Si j'étais toujours chanceux,si une vie d'homme durait sans aléa,si l'argent n'était pas indispensable,si tout était plus facile,je pourrais tout expérimenter,tout apprendre et tout aimer.La vie est trop grande pour un seul être,la beauté possible est infinie. Pour la première fois en Turquie j'aperçois une femme dans un café,c'est une touriste helvète.Les distinctions dans les conduites et les habitudes entre les deux sexes sont bien plus différenciées dans les pays de culture musulmane que dans ceux de celle judéo-chrétienne.Je respecte la beauté des populations qui aiment profondément leurs croyances et leurs traditions et qui nous dévoilent un vide dans les nôtres que nous pourrions peut-être remplir. 

   Il bivouaque sur un balcon en bois dans un hameau,personne n'est venu ici depuis plus de six mois vraisemblablement,ceci se devine à la poussière abondante et aux nombreuses toiles d'araignées.Il s'est installé sans risque de déranger ou de se faire déloger.Au cinquante et unième jour de son aventure,Didier fait cuire des pommes de terre sur le réchaud pour la première fois,les choses simples ne se perdent pas et on les retrouve avec un plaisir toujours neuf. Il atteint la côte méditerranéenne sud et son climat chaud un jour d'une fin d'avril. A Adana,la quatrième grande ville turque,le centre grouille de monde,les commerces battent leurs pleins,l'emmêlement des traffics de la rue et des piétons est intense.Chez le "berber",salon de coiffure homme,c'est l'enjouement.Le coiffeur exerce avec dextérité la paire de ciseaux dans ses cheveux secs,puis épile son visage où séjournent des poils rebelles,puis avec des méchioles enflammées le gugusse lui grillent les très petits poils des oreilles et des pomettes et les plus larges qui surgissent des narines. L'étape ultime du travail bien accompli est de le parfumer à l'eau de cologne du bas du cou et de la nuque jusqu'en haut du front. Agréable sieste les pieds chauffés par le soleil qui pénètre par dessus le balcon jusque sur le lit.Le cahangement soudain de climat sur son trajet est comme le jour d'un autre départ. On lui parle à la reception d'un couple français sexagénaire qui a dormi ici dernièrement.Ils venaient de France tout le voyage à pied et se rendaient à Jérusalem. Didier pense aux autres qui tout comme lui ont le bonheur de réaliser leurs rêves de voyages,d'aventures et de liberté.Hommes nomades très organisés,enchantés et éblouis par la grandeur de la planète et des cieux,par la multitude des cultures humaines à valoriser et à sauvegarder. 

  La Syrie refuse de me laisser entrer sur son territoire.Je plaide ma cause,j'insiste tant que je peux mais l'on aime pas mes façons.Maintenant les mots sortent difficilement,je ne parviens plus à m'expliquer.A ce poste frontalier syrien il y beaucoup de nervosité dans l'air,le personnel est agité,un vent de presque panique circule.Pourtant quelques minutes auparavant l'officier turc a tamponné mon passeport sans sourciller,rien ne me laissait deviner que de l'autre côté il régnait une telle pagaille.Les douaniers turcs travaillent et ne savent pas clairement quels sont les exacts problèmes de l'autre pays à quelques centaines de mètres.Un jeune homme en civil au regard agressif et violent m'éxige de vider mes sacoches,il me soupçonne d'être dangereux.Je refuse,il me faut auparavant un visa d'entrée.Le type reste sur son position lorsque je pousse le vélosacoches jusqu'à l'entrée des bureaux.L'ambiance est sous tension,le visage à l'air grave et désespéré de l'employé qui se saisit de mon passeport m'alerte à nouveau.Traverser le pays à vélo en ce moment n'est pas raisonnable.Un homme costumé me prie d'entrer dans un bureau. -"Que voulez-vous monsieur?.Où est votre visa d'entrée?"-"Je n'en ai pas,je compte l'obtenir de vous ici"-"Non,vous devez arriver en Syrie avec"-"Je me suis informé plusieurs fois,vous délivrez des visas à votre poste en fonction des demandes.J'ai fait la route tout en vélo en cinquante sept jours depuis mon pays la France.Je ne pouvais pas savoir si j'arriverais et quand à la frontière turco-syrienne,j'ai préféré attendre d'être ici"-"Désolé monsieur nous ne délivrons aucun visa"- Un homme en civil exhibe mon passeport au bout de ses doigts,il m'ordonne de le suivre.Nous retournons vers la Turquie.Parvenu à la zone de séparation des deux postes frontières,il me rend ma pièce d'identité et me fait signe autoritairement de retourner d'où je viens. C'est la première fois en huit ans de voyage que je suis refoulé ainsi,que l'entrée dans un pays m'est interdite. Nous sommes le premier mai 2011,la situation en Syrie se dégrade de jour en jour,les forces rebelles et l'armée gouvernementale sont sur le pied de guerre. Au moment où j'écris,vingt mois plus tard,la Syrie n'en fini plus avec les combats qui ont paralysé la société,détruit une partie du pays et fait de nombreuses victimes de toutes conditions. Je pédale en sens inverse,le vent qui me poussait me freine fort maintenant.Je suis désabusé,j'ai perdu mon âme de voyageur et de rêveur.Des raisons de politique et de guerre,la folie de certain hommes,peuvent tout briser.Je retourne à Adana avec un dolmus,le vélo est sur la galerie sur le toit,puis avec un bus,ma reine est mon côté appuyé contre un fauteuil qui fait office de béquille.Il n'y avait plus de place dans la soute à bagages. Quelle route je choisis désormais pour aller en Egypte et en Afrique?

   Les trains turcs refusent le transport des vélos.Dommage!.Sur la voie ferrée en Asie Mineure les vastes paysages depuis la fenêtre d'un wagon sont spectaculaires,jamais identiques,captivants. Je ne sais pas alors qu'un bateau,une fois par semaine,va de l'île de Chypre à un port à l'est d'Alexandrie.Les avions pour Amman(Jordanie),passant par dessus l'obstacle Syrie,sont directs seulement depuis Istanbul.Je passerai finalement par les îles grecques des Sporades et des Cyclades en mer Egée.

   Une embuscade militaire à mis fin aux jours du terroriste Oussema Ben Laden.Les turcs avec qui j'échangent quelques mots me disent que la nouvelle est bonne,ils se réjouissent de cette éxécution.Voyageur indépendant,rêveur solitaire,je ne m'interesse pas aux informations du monde,à ce que des hommes relatent pour tout les autres hommes.Si des nouvelles exceptionnelles ou sensationnelles parviennent à mes oreilles c'est le temps et la conjoncture qui rattrapent un évadé.Ma vie est pleine d'émotions le plus souvent belles et douces,de nouveautés et d'imprévisibles quotidiens,d'animations gentilles.Je n'ai pas besoin de nourritures médiatiques insipides,cruelles ou détournées. 

  Ce soir le globe-trotter stoppe sur les rotules à quatorze kilomètres du lac d'Egirdir,il n'a fait que s'accrocher sur le vélo,que de le cramponner pour tenir le coup.Il désespérait de ne jamais voir la fin d'une montée de trente-huit kilomètres sans relâche.La pente n'était pas très forte mais le vent soutenu libre dans la campagne dénudée le freinait beaucoup.Il était ralenti où un jour sans vent il désespèrerait déjà de ne pas accélérer et aller plus vite. Durant les quinze derniers kilomètres de cette étape à la dure s'abat une forte pluie,il passe son chemin en pensant à demain qui sera plus facile.Il trouve refuge dans un verger où il a aperçu quelque chose pour s'abriter.Il grimpe avec le vélo et les bagages par dessus le grillage,il y a un canapé-lit en bon état dans cet abri sans mur.Il  dormira là-dessus.Il ne fait pas trop froid et Didier sera protégé de la pluie.Trouver sa nuit de repos pendant ses aventures à bicyclette est souvent rocambolesque dans les campagnes. La route surplombe le deuxième plus grand lac turc et descend en courts lacets sinueux vers ses rives.L'eau bleue sombre agitée par le vent du grand espace laisse une impression de surnaturelle,de légende,magique de la terre.Ce lac a l'énergie océane.Il est sur la route conduisant à la pointe d'une presqu'île qui dessine la forme d'une cuillère géante.Sur une petite plage de galets des femmes en voiles longs d'âges très divers,se tiennent proches de l'eau remuantes et observent et guettent l'horizon,aperçoivent-elles sur les ondes limpides une ombre du prophète Mahomet?. Au dortoir où nous sommes quelques routards heureux le clapotage des vagues se brisant sur la rive rocailleuse nous arrivent.Nous sommes au-dessus posés en haut d'une falaise. Un soir,une nuit et un matin de rêve.

   Je stoppe plusieurs fois à une station-essence pour m'offrir un verre de thé chaud en libre service gratuit,c'est une excellente réhydratation de mon corps.Le citoyen turc à l'esprit arrangeant ne m'interdit pas ce qui est davantage à disposition des automobilistes.

   Hiéropolis la cité antique romaine et les falaises de concrétions de sels calcaires de Pamukkale avec ses vasques d'eau douce et chaude,les pâquerettes et la petite herbe drue,sont des visites parmi les plus merveilleuses de toute la Turquie.Depuis de nombreux siècles l'eau s'écoule de la montagne et façonne un tableau extraordinaire,blanc translucide,patiné,de formes arrondies et régulières.Ici des Dieux bienveillants veillent et les nombreux touristes sont aux anges,offrent de beaux sourires,se trempent dans les vasques d'eau à température parfaite,grande baignoire naturelle de plaisir généreux. Le grand théâtre aux dimensions herculéennes réclament admiration.Ici la civilisation romaine pourrait renaître demain.Les restes des constructions tiennent hauts,droits et paraissent indestructibles pour toujours.La force éternelle.Le théâtre est un spectacle lui-même,imaginez-y une représentation les yeux fermés et vous serez éblouis les yeux ouverts.

   Ce soir il s'est installé entre des oliviers,seul dans la campagne,en osmose avec la terre.Il déguste de belles figues fraîches qu'il a payé à une pieuse musulmane après qu'elle eusse fini ses prières dirigées vers La Mecque. Didier met le nez hors de la tente trempée par la condensation.Comme chaque matin après une nuit de camping il suit le même rituel de redépart.Il lui faut tout remettre en petits volumes dans les quatres sacoches et sur le porte-bagage arrière du vélo.Lorsqu'au bout d'une heure environ il est prêt pour le premier tour de pédales sa reserve calorique est déjà quelque peu entamée,ses avant-étapes de vélovoyageur se font toujours dans un peu de nervosité.

   A Selçuk,la ville à moins de trois miles de la plus importante cité antique romaine de Turquie,Ephèse,après consultation de son guide en papier,il choisit une auberge parmi la liste de son livre.La propriétaire et femme à tout faire là-bas est Adrienne,une australienne de 55 ans très bavarde qui raconte sa vie et veux connaître celles des autres.La maison est spacieuse et charmante,nombreux les jeunes sac à dos se posent là le temps de visiter les beaux quartiers de Selçuk et la cité d'Ephèse,de reprendre souffle durant leurs voyages énergiques.Le petit chien,un pekinois jeune,est d'une drôlerie impayable,il a le don de s'attirer l'amitié de chacun et de rester calme quoi qu'il se passe. Didier met la main sur un guide récent de la Grèce à la réception d'un hôtel de la ville où des piles de livres sont déposés par les voyageurs.S'il chaparde quelque chose c'est qu'il en a un besoin impérieux sans avoir d'autre choix.Pour se sentir juste et soigner son karma,il déposera à son tour quelque part sur son trajet une affaire dont il n'a plus la nécéssité et pouvant être utile à un autre voyageur. La Turquie est une destination privilégiée par les coréens du sud,dans le centre de Selçuk ils sont des dizaines joyeux,adoptifs des lieux. Des cigognes sont en transit ici,elles ont bati leurs nids de grandes branches aux faîtes d'une construction ancienne,à dix mètres au dessus de la rue.Elles partagent la vie des autochtones en les regardant d'en haut. Didier primesautier,badin,marche sandales aux pieds vers Ephèse.Le soleil printannier resplendit,la nature proche de la mer Egée est à son maximum d'éclosion et de beauté.Le routard par un petit chemin de terre traverse un cimetière aux épitaphes dorées puis des vergers en fleurs et parvient à l'entrée de l'hyper touristique ancienne Ephèse.Le temple d'Artémis appartient aux sept merveilles du monde de la géographie de Strabon le grec.Lui qui a voyagé beaucoup plus loin que le seul bassin méditerranéen sait qu'il y a de nombreuses autres merveilles sur la terre qui appartiennent au temps immémorial des civilisations.Ici Saint Jean a son tombeau,la Vierge y serait morte.Ses idées évangéliques impressionnent notre aventurier qui traversent un endroit parmi les plus visité du globe.Il préfère à l'histoire d'Ephèse et à ses légendes s'imaginer vivre une autre vie dans une cité romaine comme à ses jours glorieux. Kusadace c'est un peu de la ville de Cannes qui serait en Turquie,les plus aisés de la société turque se rassemble ici.Les boutiques de luxe sont légions,le port de plaisance avec les jolis voiliers et les yachts illumine.Sur les promenades près du large et des jetées le monde est élégant et se plaît seulement d'être ici.

   Sur le bateau l'esprit langoureux,les yeux câlins.Le soleil luit,la mer bleue outremer et calme est parfaite.J'entame ma croisière que je voudrais la plus homèrique se pouvant.La petite écume des lentes vagues offrent des reflets d'argents étincelants à perte de distance.Je quitte la Turquie,j'aborde en Grèce.Les conquêtes historiques ont donné au territoire grec la quasi totalité des îles de la mer Egée.Samos se trouve à dix minutes de bateau de la côte turque et à plusieurs heures d'Athènes.Deux minettes de type extrème-oriental,des poupées pour magazines sélects me passent leur petit numérique pour une photo devant la beauté des flots de leurs sourires généreux.Rien ne fera que je serais alors insensible à la grâce et à la beauté féminine. Débarquement à Samos,les passagers font la queue avant le contôle frontalier.D'une culture musulmane à une autre chrétienne orthodoxe,les citoyens grecs et turcs se mélangent peu.Nous étions sur le petit ferry tous ou à peu près des touristes d'autres pays. Je vais à bicyclette sur Samos,patrie de Pythagore,la température de l'air est chaude mais la brise de mer apporte tempérance au corps et douceur à l'esprit.Je pédale entre les petites maisons très pittoresques des villages.Les demeures avec toitures terrasses ont la maçonnerie blanche,les volets,les rampes de balcons et d'escaliers en bois bleu azur.Vacances bonheur de la farniente,tout est un peu trop beau peut-être.Après une douche réparatrice à une plage,je franchit l'intérieure de l'île par la montagne,le parcours le plus court pour de la côte nord rejoindre celle du sud.Depuis les hauteurs la descente est superbe,le panorama est à couper le souffle.Des éoliennes tournent régulières,hélices silencieuses utilisant la force motrice de l'air et engendrant une autre électrique.L'île est un modèle de vie écologique. Soixante-six kilomètres à Samos aujourd'hui:Je m'éloigne à nouveau de la mer en direction de la pointe ouest,aucun bruit de moteur,celui de l'espace.Le vent du large,le murmure de la faune invisible,le bruit atténué de l'eau,l'odeur d'herbes,des pins,des oliviers,d'agrumes,de l'écosystème d'une île égéenne:C'est merveilleux.Pour la nuit le vélovoyageur s'installe derrière la murette de la terrasse d'une maisonnette,des citronniers sont à deux pas.Didier presse plusieurs citrons,les meilleurs du monde,divins.Sur l'île paradisiaque tendez le bras pour ceuillir un citron parfait offert par déesse nature. Par un petit matin du monde,le globe-trotter nettoie à fond son réchaud à pétrole et ainsi prend le temps d'éxister sur une terre édénique.Bain dans la mer,fond sablonneux,eau fraîche,nage de pur bonheur,crawl sur le dos dans une paix d'éternité.Il s'arrose avec un tuyau maintenant puis reprend son vélo jusqu'à une plage plus longue de sable beige.Les fonds côtiers ici cachent de grosses pierres sur lesquelles posés les pieds est hasardeux.Ils sont seulement deux à ce bout du monde,allongés à goûter le soleil sur des transats,lui et une grande gamine allemande en maillot deux pièces à paillettes.Depuis soixante-douze jours de voyage,Didier ne s'est jamais senti aussi relax.L'aube et la fin des temps se sont rejoint là.Ce soir,dans la ronde des jours,il s'installe sur deux chaîses-longues.Une sert à déposer son barda et le réchaud.La pleine lune ascendante dans le ciel nocturne immaculé est une amoureuse de l'univers,la mer en face à dix mètres le berce bébé vagabond.Tout les rêves de la terre sont avec lui cette nuit. Demain il reprendra la route inverse pour la côte nord de Samos et s'en ira sur le bateau à sa prochaine escale à Mykonos.

  Sortie de ferry stressante à l'arrivée au port de Mykonos:Entre la cloison du bateau et un poid-lourd,mon vélo qui se trouve là ne passe pas,c'est trop étroit.Où vais-je aller jusqu'au terminus du trajet,où?.Avec l'énergie d'un enragé,je trouve une issue en arrachant les sacoches et en les propulsant sur le sol de l'autre côté du camion.Sur les fesses et un coude en appui je tracte ma reine à la suite.Dix fois ouf!!.Mykonos est avec Santorini l'île la plus visitée de la mer Egée,une des plus petite aussi,quatre-vingt cinq kilomètres carrés et trois mille cinq cent habitants.Il y a chaque jour plus de touristes que d'autochtones les deux pieds sur l'île.Tout les murs de constructions sont blancs,brillants,immaculés,lavés.Nombreux massifs de fleurs persistantes,volumineuses de couleurs vives éclatantes colorent l'espace terrsestre.Les plages sont ratissées tout les matins,les transats sont alignés,les parasols en palmes séchées les accompagnent.Les hôtel offrent un comfort douillet et un service précis.Les ruelles de Mykonos ville sont sinueuses,seulement piétonnes et exceptionnellement on y distingue quelqu'un de ma sorte y pousser son vélo.Boutiques et restaurants sont légions,tous de petites tailles comme l'île et comme toutes ses constructions.Je pense l'endroit surfait avec sa foule d'insouciants bigarrée.L'absence d'une forme d'éxistence plus habituelle,me trouver parmi des vacanciers paresseux qui ne m'apprennent rien,causent que déjà je veux poursuivre ailleurs ma croisière en Grèce. A Paros,au soixante quinzième jour de nomadisme,j'achète un camembert,le premier du voyage,le deuxième se sera à Lomé au Togo quinze mois plus tard.De ce fromage symbole de mon pays,je me régale.Trente trois kilomètres sur la selle:Le ciel est très sombre,c'est la demi-obscurité,la pluie est lourde,le paysage est estompé,la visite des places fortes est écourtée,mais je suis un joyeux vaillant cycliste-voyageur.Le corps,les vêtements et les chaussures trempés,je balaie avec un morceau de carton le sol de la maison couverte en construction où je vais gonfler le matelas.Il n'y a rien sauf des cintres qui me sont utiles,j'y suspends mes effets tout mouillés.Puis j'allume le réchaud,fait cuire des spaghettis.Une fois rassasié je vais me reposer jusqu'à l'aube demain,sans rien faire d'autre.

   A Naxos,le nomade à vélo rencontre Jurgen et son épouse,ils viennent en vacances d'été sur les îles grecques depuis quarante ans.Ils ont sillonné la quasi totalité de celles habitées et quelques autres,soit plus de soixante.C'est une grande île,la vue porte sur un territoire vaste,les côtes sont longues,le charme est un peu moindre que sur les terres plus petites mais il s'en dégage une beauté et une force captivante.Ce qui est formidable est que chaque île de cette partie du monde est unique,plus ou moins différente en ceci ou cela avec les autres.Le soleil me brûle les épaules et les bras découverts,ma nuque est cuissante,n'est ce pas trop tard d'enfin songer à m'enduire de crème et à me couvrir.J'aime le plaisir sensuel de la chaleur qui s'élève sur ma peau mais maintenant ça fait mal,idiot que je suis.Une boulangère à un village perché dans la montagne m'offre un petit pain("Psomi" en parlé grec),parfois j'inspire à un autre terrien l'amabilité de me donner gracieusement un modeste cadeau.Je rêve d'un monde humain où la bonté serait une vertu commune. Je bois comme un trou.Tout les moins de dix kilomètres je cherche de l'eau courante pour m'asperger,tremper ma chemise,mon short et mes pieds nus.Dix minutes plus tard tout est sec et mon organisme recommence sa surchauffe.

  Cela m'amuse beaucoup de penser à mon jour anniversaire de naissance,la vie nomade toujours et encore fait que tu ne sais pas où sur la terre tu te trouveras pour ce petit évènement personnel.A cette même date je fus en Espagne,en Norvège,au Turkménistan,au Tibet chinois,au Pérou,en Grèce et au Kenya en 2012.Des arrosages tous tout à fait différents,même pas comparables,une idée avec un jour de l'incroyable diversité de la vie des hommes.Didier se ballade sur l'interminable plage par laquelle un tour complet de Naxos est possible,les pieds nus entre sable chaud et sable mouillé par les vagues mourantes,les sandales suspendues aux phalanges des doigts.Il espère qu'il va se passer quelque chose de symphatique ou de drôle mais le premier jour de sa quarante septième année restera monotone et sans surprise.Un globe-trotter choisit ses parcours,ses destinations,décide de la durée de ses excursions,de quelle façon il ira ici et là,et sinon le hasard de l'aventure,l'inconnu décide du reste.Un anniversaire à Mary dans le désert turkmène fut une fête follement animée,très arrosée et joyeuse.J'ai bu trop de vodka,j'ai dansé sur des musiques d'Asie Centrale,j'ai goûté aux lèvres de plusieurs jeunes femmes dévergondées par des bisous à la façon russe,j'ai dit des trucs délirants que mes amis entendaient bien sans en comprendre un mot.D'une différence extrème aujourd'hui,solitaire j'ai lézardé sur la côte,allongé sur un transat j'ai admiré sans famille et sans amis le soleil géant orange brillant disparaissant derrière Paros en face à un court vol d'oiseau.

  Trente kilomètres sur les petits développements du vélo pour ne pas trop puiser d'énergie et davantage observer le spectacle de ma progression sur l'île volcanique de Santorini.Auparavant depuis le pont du ferry,Didier a photographié les hautes falaises blanches de la côte ouest et le village d'Oia à l'extrémité nord,accroché là-haut avec le génie humain.Je débarque au pied de l'impréssionnante falaise dans la crique qui loge le port.Reparti sur le vélo pour quatre kilomètres de montée de lacets courts comme un ressort distordu et penchant,un à un les véhicules sortis du ferry me dépassent.Les tourdemondistes à vélos,nos existences sont originales.Nous sommes toujours à l'air libre à pédaler alors que les autres voyageurs sont le plus souvent assis dans des machines propulsées.Au nord l'on embrasse le dessin de la géographie de l'île,le panorama est enchanteur avec la plaine en bas et la côte est contrastant fortement avec les hauteurs où je me trouve.Oia perché au-dessus du large est un des plus beaux villages touristiques des îles grecques,un grand îlot de roche découpée lui offre un pendant à quelques encablures.Les blocs carrés,rectangulaires,en losanges et d'autres formes des petites constructions toutes en blanc brillant,épais et limpide,serrées proches les unes des autres,les ruelles pavées,les chapelles aux clochers côniques évidés où de belles cloches dorées étincelantes sont suspendues,les échoppes de souvenirs,d'objets précieux,de produits du terroir,vous transporteront à la nuit tombante sans avoir à regretter une minute de votre temps ici. Un couple à bicyclette très atypique,trentenaire nous venant du Tyrol autrichien patiente au port pour l'embarquement vers la Crète.Lui en vélo avec assistance électrique transporte la totalité de leurs bagages,sa compagne monte un excellent VTT.Leur expédition intéresse Didier le voyageur d'hier et de demain,il pense à peut-être voyager un jour sur une reine avec aide électrique.L'autonomie du moteur sur les modèles les plus connus en vente aujourd'hui est de soixante-dix kilomètres avec trois heures de recharge sur une prise secteur.Le système est encore trop peu pratique pour une avancée simple à bonne allure.La solution parfaite serait de recharger continuellement avec un panneau solaire.Le vélo idéal qui permettrait de ne pas trop se fatiguer je ne l'ai pas encore apperçu.Existera-il un jour,quand?

  Quand l'aventurier quitte le ferry à Héraklion en Crète,le jour est tombé.Il n'a pas d'éclairage avant sur le vélo alors il se dépêche de quitter la plus grande cité de l'île et se réfugie dans un champ d'oliviers tout juste sorti de la zone urbaine.Il dormira à même la terre heureux qui comme Ulysse faisant son long parcours,glissé dans son sac de couchage sous le ciel clair étoilé qui lance des lueurs entre les petites feuilles des arbres.  D'Héraklion au plateau de Lasithi,nuit dans la cour d'une petite villa isolée dans la montagne,là la nature tient le gouvernement.Psicharo sur le plateau,nuit planquée sur un balcon au centre du village,je joue à l'homme invisible.Aujourd'hui sur les petites routes pentues j'ai amélioré mon record de vitesse moyenne lente sur le vélo,9.9 kilomètres à l'heure.J'ai visité un merveilleux petit monastère orthodoxe avec des russes en voyage organisé,le temps que la pluie cesse,je suis là avec les pieds trempés,un peu benêt ne sachant pas sur quoi compter.Côte sud de la Crète,105 kilomètres ce jour c'est ma plus longue distance sur les îles grecques.Je campe à 50 mètres du rivage,ma nuit est bercé par le bruit des vagues molles.Longue remontée dans la montagne,rester près de la côte est possible par des pistes parfois difficiles mais avec mon chargement je vais trop galérer.Achat de victuailles à une épicerie à Ano Vamos,petit bourg à flanc de montagne à la poulation brouillonne et agitée.Les iliens se servent de tuyaux d'arrosage pour lutter contre la chaleur et la sécheresse,j'en profite plusieurs fois par jour pour une douche froide tout habiller mes sandales posées à côté.Au camping de Matala,village balnéaire assez chic,on peut poser sa tente sur le sable gratuitement,uniquement un robinet d'eau est utilisable,ça ira.De l'eau potable à proximité et la vie est possible.Les crétois sont des ours peu souriant mais leur placidité est rassurante.Me suis installé sur le balcon d'une villa sans personne,je surplombe depuis les hauteurs le littoral sud.Il y a des oliviers et des figuiers autour de la maison,des légions de petits oiseaux voltigent et les gazouillis sont multiples.A l'aube j'aurai le soleil levant le plus tôt sans obstacle,dieu que je suis bien ici en nomade solitaire pour une nuit de repos.Paysages superbes depuis la route accidentée qui suit la côte sur les flancs de la montagne.Le casse-croûte est fameux à l'ombre assis sur un muret de pierres dans un village.J'étais une première fois à Chora Sfakion il y a six ans,terminant alors un long tour d'Europe,c'est un petit port chic et naturel ultra touristique.D'ici le plus simple pour poursuivre vers l'ouest sans quitter la côte et de prendre un ferry pour une courte croisière resplendissante pendant laquelle on admire le paysage côtier depuis le large.Le vélovoyageur prend du bon temps sur un transat et des bains de mer avant d'embarquer.Je quitte le bateau à Loutro où je passerai la nuit près d'une chapelle sur un promontoire près du minuscule port dans une anse au pied de falaises sans route asphaltée qui y conduise,et demain je prends un deuxième bateau pour rejoindre des routes carrossables.J'aimerai dormir à la belle étoile et admirer le ciel étoilé extraordinaire mais des vilains moustiques sont trop nombreux.Il me faut me mettre à l'abri d'eux sous la tente.Cette étape ma vitesse moyenne est de 8.1,le record de lenteur est largement augmenté.Nuit sur la terrasse d'une église,je n'ai pas trouvé de ravitaillement sur ma route,les commerces étaient fermés,en plus de mon paquet de pâtes à terminer j'ai un litre de coca-cola,ça ira pour tenir le coup sans demander de l'aide.Ma vie est bien rude quelquefois c'est le prix de la liberté que j'affectionne.J'ai souffert sur ma reine ce jour,ce soir mes jambes sont sans force.Très belle Crète sur la route sinueuse qui escalade l'île très montagneuse pour relier la côte sud à la côte nord.Il ya beaucoup d'éoliennes alignées sur les hautes crètes qui tournent à plein régime.Dans les champs les oranges sont mûres et prêtes à être ramassées,il y en a une quantité astronomique.Je bivouaque à la belle étoile planqué derrière une chapelle,je mange comme un affamé ma gamelle de pâtes sauce tomate puis je me rafraîchirai avec les oranges que j'ai chapardées.

   Six heures sur un énorme ferry-boat pour rejoindre le continent et Athènes.Au camping en attente de la traversée en méditerrannée j'ai trouvé un copain,un chat long et fin,petite panthère caramel qui adore les caresses et ne cherche pas ma nourriture.Pour quelqu'un comme moi qui adore la compagnie et jouer avec les petits félins le voyage nomade est généreux de leurs rencontres.Il y a des chats à caresser de partout sur le globe. Sur le bateau la nuit j'ai roupillé sur un banc,à demi comblé par le ciel nocturne avec un étroit croissant de lune et à demi dérangé par le vacarme de l'énorme machinerie.Quitter le bateau au Pirée au petit matin est long et cafouilleux tant les cales sont remplis et mon vélo minuscule est loin derrière. Je traverse la capitale en phase de réveil d'une longue traite jusqu'à l'aéroport.Heureusement que trouver un aéroport est le lieu le plus facile qui soit car les carrefours innombrables et les indications en lettres grecques sont comme une cabale à mon esprit.Le personnel de la compagnie éxige que je recouvre de carton le vélo.L'emballage n'est pas en vente ici,quelqu'un doit m'en trouver un.La personne revient avec des panneaux à lier autour de ma reine.Au sevice empaquetage ils parviennent à recouvrir ma reine.Ouf!,je peux passer à l'enrégistrement et m'envoler vers l'Afrique.A une salle d'attente une symphatique touriste m'offre des bouts de fromage des montagnes du Péloponnèse.Les départs pour des lointains géographiques sont des moments intenses,bénis,emplis d'espérances ou de promesses diverses.



11/12/2012
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