Planète Vélo

Planète Vélo

CHILI , ARGENTINE:fin du voyage à vélo,départ sac à dos

Janvier-Février 2010.

   CHILI: 1925 kilometres au Chili depuis le 7 janvier,Santiago-Valparaiso-Los Angeles-Temuco-Puerto Montt-8heures en ferry vers Chaiten-7h en ferry vers Castro sur l'île de Chiloé-45 minutes en ferry vers Puerto Montt:  Le vélonomade atterrit à l'aéroport de Santiago peu avant la nuit.Une fois de plus il va lui falloir se démener et ne pas perdre de temps,sinon sa première nuit en Amérique Latine risque d'être mauvaise.Il arrive dans une société très différente de celles où il a déjà posés ses pieds de nomade.Il a imaginé l'Amérique du Sud comme des terres de mystères qui se sont aimantées à son désir de voyager là-bas un jour.Au Chili,les indigènes amérindiens sont très minoritaires,ils ne sont que trois pour cent de la population et vivent dans les contrées retirées.La part des métis dans la population est de quarante-quatre pour cent,les autres cinquante-trois sont des européens immigrés depuis 1520 jusqu'à aujourd'hui,les descendants d'espagnols étant parmi eux largement majoritaires. Freddy est un métis chilien d'ascendance espagnole par son père et indienne Mapuche par sa mère,il est professeur de français à l'Alliance française de Puerto Montt,il me donne une mini leçon d'histoire sur les indiens des Andes.Le Chili,17 millions d'habitants,compte cinq cents milles pur indiens qui sont à quatre-vingt dix pour cent des Mapuches divisés en trois groupes distincts,les Picunches qui vivent au nord,les Pehuenches qui vivent dans la cordillère près de la frontière argentine et les Huilliches qui vivent au sud.Des Quechuas et des Aymaras vivent dans l'Altiplano près des frontières avec le Pérou et la Bolivie.Mon ami me montre des photos d'une fête traditionelle du peuple Huilliche.Ces amérindiens tentent de sauvegarder une religion animiste de respect et d'amour de la planète et de la nature.On ne coupe pas un arbre sans s'en remettre aux esprits divins.Les indiens se disent ceux de la terre,cela ne signifie pas qu'ils sont des paysans mais qu'ils font union avec leurs lieux de vie.       

   Je remets en route mon velo à coté des chauffeurs de taxi qui guettent des possibles clients quittant l'aéroport.Un d'eux me trace un croquis pour rejoindre par la route le centre de Santiago,la capitale chilienne compte plus de sept millions d'habitants.Mon tour du monde en vélo a prit un autre départ,celui de l'Amerique du Sud.Je ressens si intensément les trépidations de ma vie que cela la dispense de tout préssentiments.Je suis seul et serein avec ma vie agitée qui traverse le temps qui passe régulier.

   Sa première nuit au Chili sera dans un petit hôtel coquet près du centre de Santiago,le hasard l'a porté jusqu'ici,son destin de voyageur aussi.L'endroit est utilisé par les jeunes et moins jeunes couples à la recherche d'une chambre pour leurs intimités.Ils en aperçoit subrepticement quelques uns dans l'espace entre les rideaux de la fenêtre de sa chambre.Ils sont drôles et même comiques avec leurs affaires amoureuses.Il a passé une très bonne nuit dans un lit ancien qui a dû servir de couche à des milliers d'amoureux. Le lendemain il trouve la carte routière du pays dont il ne pourrait se passer à la bibliothèque nationale à une encablure.Dans les rues la circulation est dense,le concert des moteurs est un méga ronflement qui n'a de cesse.Les pistes cyclables qu'ils souhaiteraient n'éxistent pas.Les nombreux bus urbains sont les plus dangereux,ils suivent leurs coutumiers trajets tels des robots métalliques.Sur sa bicyclette il est une feuille tremblante.A la rue San Diego se rassemblent les meilleures boutiques de vélos.L'entière transmission et l'axe de la roue arrière sont remplacés par des pièces neuves.Les parties usées qui vont à la poubelle aujourd'hui ont roulé vingt-cinq mille cinq cents kilomètres,c'est très bien.

   Comment est-ce possible,Aaldrick et Sonya sont dans la ville,arrivés comme lui hier après-midi.Il a rencontré ces deux vélonomades en mai 2007,il y a donc deux ans et huit mois à Téhéran en Iran.Ils logeaient à la même pension et sont vite devenus amis.Sonya est une australienne de Perth,Aaldrick est néerlandais,ces tourdemondistes sont des passionnés,des rêveurs et des amoureux du voyage.Il se reconnaît bien en eux.Depuis leurs routes communes en Asie Centrale,ils se sont à nouveau croisés en Ouzbékistan à deux reprises,leurs itinéraires autour du globe se sont ensuite beaucoup éloignés.Il a choisi l'hémisphère sud depuis l'Indonésie pour rejoindre l'Amérique du Sud et le Chili,ses amis ont volé du Japon à l'ouest du Canada et depuis vingt mois vont du nord au sud sur l'immense continent.Il a reçu un e-mail d'eux alors que vaguement ils les savaient quelque part en Amérique Latine.Quelle coïncidence incroyable? Il ne réussira jamais à s'expliquer comment un pareil hasard fut possible.Ils se retrouvent à l'auberge,ils ont pris quelques couleurs et quelques rides de voyageurs,lui aussi présume-t'il.Sonya et Aaldrick ont respectivement le même âge et deux de moins que lui,ils voyagent de la même façon,c'est à dire avec des vélos tout chemin supportant quatre sacoches et d'autres affaires sur le porte-bagage arrière.Eux ont connu quarante pays avant le Chili et pédalé quarante-quatre mille kilomètres assis sur leurs vélos de baroudeurs.Ils se parlent prolixes,ils ont tant à partager qu'ils mélangent plus de quatre conversations différentes ensemble.Toutes cependant sont au sujet de leurs voyages vélonomades pour lesquels leurs enthousiasmes sont admirables.Ils ont déjà tellement bourlingués sur cette bonne vieille terre en pédalant toujours davantage vers de nouvelles surprises.Lorsqu'ils se séparent l'émotion commune est palpable.Après de mémorables  photos avec leurs célèbres vélos,il s'en va seul avec ces derniers mots en tête:"Quand et où je reverrai mes amis vélovoyageurs la prochaine fois?".

   138 kilomètres,c'est ma journée la plus longue depuis l'Australie,me voici à Valparaiso la belle,ville ancienne d'artistes,de poètes et de rêveurs.Un endroit unique et prenant où les hommes ont élaboré une vie meilleure.Pourquoi Valparaiso et beaucoup d'autres places merveilleuses sur la terre ne sont-elles pas de partout?.Sur mon carnet de bord je dessine un petit drapeau chilien signifiant qu'ici est exceptionnel.Valparaiso j'adore,le soleil illumine la colline artistique,dans la vieille ville le temps s'aboli avec le pittoresque outrancier.Le photographe se régale,les vues,les scènes,les natures mortes,les portraits sont éclatants.Cafés tendances et concerts,boutiques d'artistes,échoppes trouvailles,petits restaurants très décorés de plein de choses étonnantes, bonnes librairies de livres anciens ou nouveaux,clubs pour historiens,philosophes et autres intellectuelles,peintures murales,théâtres de rues,marionnettistes,danseurs et musiciens à ciel ouvert,ici la culture est ouverte et donnée à tout le monde,c'est le partage démocratique le plus beau et le plus équitable,l'anti-déprime est garantie.Des amoureux s'embrassent interminablement,au Chili je vois les amours décents en publics les plus passionnés du monde,des couples mixtes d'âges très divers exposent leurs tendres jeux dans les rues.Ils m'ont provoqué des agacements car ma solitude est un peu triste parfois.Ils profitent de l'existence ces amoureux avec une belle simplicité de personnes pas très sages.Nous avons déjà tort de nous priver de ce qui fait les meilleurs moments dans nos vies.

    La route jusqu'à Puerto Montt n'en fini plus,il passe des journées de vélonomade chevronné assez agréables et assez rudes,plus ou moins l'une ou l'autre.Le vent arrive du sud contraire à sa progression ce qui le pousse dans des retranchements où il n'existe qu'avec son corps en action et les sensations d'un voyageur qui bravent les difficultés pour gagner son trajet.Sa route croise celle d'Ido,un japonais avec vingt-neuf mille kilomètres à son compteur parti depuis dix-neuf mois d'Alaska.Losqu'il pédale derrière le nippon,il s'amuse de ce jeune et petit cyclovoyageur du pays du soleil levant qui s'activent comme un forcené sur son vélo surchargé auquel il a fixé un large retroviseur sur le guidon. Depuis son départ à Kathmandou il a rencontré une cinquantaine de voyageurs à vélo,parmi tous seul celui-là est depuis plus longtemps et plus de kilomètres sur sa selle.Il en ressent une satisfaction et moins de solitude,c'est inconfortable de songer que l'on est éventuellement une exception.Ido lui adresse quelques mots hésitants d'anglais et aucun d'espagnol,comment peut-il voyager ainsi avec aussi peu de vocabulaire?.Un ultra-mordu du vélo?.Il a des problèmes pour imaginer qu'elle a pû être la vie du vélonomade japonais depuis son départ en Alaska.Ils roulent l'un derriere l'autre trente kilomètres puis se séparent car chacun d'eux escompte sur une différente providence pour obtenir une bonne nuit de repos.Bonne chance grand cycliste voyageur du Japon.Son chemin à plusieurs fois trouvé des aventuriers en vélo de ce riche pays,parmi lesquels des jeunes couples mixtes.Les français et les japonais sont peut-être les plus nombreux à se déplacer ainsi dans le monde.

   Je me trouve au bourg de Chaiten à l'extrèmité nord de la Patagonie.Je n'irai guère plus au sud vers Ushuaia,une autre fois peut-être.La réalité est que ce sera trop difficile,j'abandenerai probablement dans un endroit très éloigné et mes affaires seront alors compliquées.Je préfère ne pas prendre trop de risque et élargir mon itinéraire vars le nord du continent.En Patagonie la route asphaltée se transformera en piste cabossées prochainement et les jantes étroites des roues seront inadaptées à un très long parcours cahoteux.En outre trop de vent et de pluie vont transformer l'épreuve en une de forçat. Un paysage est parlant,les sensations les plus fortes qu'il procure sont absentes d'un savoir ou d'idées antérieures à son spectacle. Chaiten fut sinistré en 2008 par l'irruption du volcan qui toise les environs au dessus à deux minutes d'un vol d'oiseau.La bourgade,porte d'entrée du territoire patagonien,grand comme une fois et demie la France,qui prospérait avec le tourisme et les débarquements des ferries en provenance de l'île de Chiloé ou de Puerto Montt est en phase de résurrection.Elle fut totalement recouverte par une épaisse couche de cendre,jusqu'à trois mètres.Il n'y a eu aucune victime,avant les dégâts tout les hommes alertés ont pu fuir rapidement.

   La traversée en ferry de Chaiten à Castro sur l'ile de Chiloé est d'une beauté inoubliable.Le glorieux soleil éclate dans le ciel transparent,le bleu de l'espace est anesthésiant.Les îles et îlots éparpillés dans toutes les directions sont des paradis d'oiseaux.Un goupe d'une vingtaine de dauphins nous escortent,ils plongent par dessus l'eau et disparaîssent et ainsi recommencent tous à la vitesse du bateau et dans sa direction,certains bondissent synchronisés.Nous assistons à un charmant ballet.C'est un petit dauphin noir,son aileron dorsal est arrondi,il vit en groupe mais il est timide et ne se laisse pas facilement approcher.Les passagers se penchent sur les rambardes pour les photographier. L'île de Chiloé à vélo est un bonheur.Les petites routes sillonnent l'espace qui a conservé son caractère sauvage et romantique.Le calme est légendaire,la nature apparaît paisible,l'air est frais et doux.Le roulis de l'eau marine et les gazouillis des oiseaux dispensent leurs sonorités bienfaitrices.Les villages de pierres et leurs chapelles sont où il fait bon s'éterniser.

    Je suis de retour à Puerto Montt d'où je remonterai à Santiago par le bus.Une nuit entière sur un fauteuil comfortable d'un car moderne plein de passagers d'un pays sans voie ferrée.L'Amérique Latine est un continent avec peu de voies ferrées où les peuples se déplacent dans des grands cars modernes,il y en a plein dans chaque ville. Je suis à l'intérieur d'un magasin de chaussures dans une rue piétonne.Je dépose mon petit sac à dos par terre devant le siège où j'enfile une paire de baskets puis je me lève et fait quelques pas en avant pour apprécier ces nouvelles chaussures.Lorsque je me retourne mon sac à dos a disparu.Mon tour du monde dure depuis dix-sept mois sans problème jusque là,je me sens à demi fou,complètement désemparé.Plus d'argent,de cartes de credit,de passeport et d'appareil photo,c'est le drame qui annonce peut-être la fin du voyage.Vingts secondes au plus d'inattention auront suffit,il était déjà trop tard.Je lance des hurlements désespérés les bras battants en l'air dans la rue piétonne où je me suis précipité.Les passants m'évitent,je parle trop peu l'espagnol et j'ai l'air d'un détraqué.Les "carabinieros"(gendarmes) viennent me ceuillir dix minutes plus tard.Ils ne serviront à rien sinon à receptionner mon passeport à leur commissariat,qui est revenu après vingt-quatre heures en circulant entre plusieurs mains.Le reste est disparu pour toujours.Adieu mes belles photos de Polynésie française,de l'île de Pacques et du Chili qui avaient une grande place dans mon coeur de globe-trotter.Je suis dégoûté et désabusé,je ne photagraphierai plus en voyage.Quelle absurdité la vie d'un homme!.Pourquoi y a-t'il des personnes ignorantes qui font n'importe quoi,pourquoi quelqu'un qui innocemment recherchent toujours la beauté dans la vie doit supporter cette laideur dévastatrice.Mon affaire offrira l'occasion d'un fait divers à la radio locale.Les bandits,escrocs et voleurs sont des professionnels.Ils opèrent en se donnant une part de légitimité,ce problème de criminalité paraît insoluble et sans fin sur le continent. L'Alliance française,une association de propagation de la culture française présente de partout dans le monde,va m'apporter une aide précieuse.Vive la belle France et sa brillante culture!.Paulina et Freddy me portent secours,me rassure,je garderai malgré tout le moral.Le tour du monde va se poursuivre,deux nouvelles cartes bancaires arriveront à l'ambassade de France de Santiago.Mon rêve le plus fort a vacillé,failli s'écrouler mais il va se poursuivre.Chaque jour est unique,nouveau et ne ressemble à aucun autres avec sa part d'imprévus qui fait le jeu d'une éxistence passionnante.Un même quart d'heure du voyage il arrive que je m'émerveille,me révolte,ris et pleure.Mes émotions sont multiples,ma vie est formidable.Tout les hommes ne devraient jamais se séparer de leurs rêves dans un monde plus beau.

   Son voyage est stoppé depuis quatre jours,comme il lui est difficile soudainement de vivre différemment que nomade en vélo.Il est déjà en manque d'exercice et le début d'une déprime s'accapare déjà de ses forces.Il déambule dans les rues de la capitale chilienne parmi les innombreux passants l'esprit entre désespoir et rêveries rassurantes.Sur le vélo sa vie est plus douce,il regarde et voit ce qu'il veut.Les meilleurs paysages son esprit a le don de les rendre encore plus beaux.Ses yeux sont le premier matériel fantastique de sa vie de vélonomade.Son éxistence est plus gaie et davantage porteuse de sens lorsqu'il se déplace à la vitesse d'un bicycle sur le globe.Revenir subitement à une existence plus conforme lui est difficile,il a un besoin irrépressible de sa vie de bon marginal nomade à vélo.C'est un écoamoureux,il caresse la terre,il admire la planète.Il est assoiffé de plus d'amour,de tout ce qui est fortement beau.La vitesse d'une bicyclette et l'exercice cycliste sont parfaits pour embellir tout les décors d'un trajet.L'homme plus humain et en harmonie avec son environnement est un cycliste. Ses jours traînent en longueur à patienter de pouvoir reprendre son du tour du monde.Nomade et vagabond,il est renversé sur place parmi d'autres hommes sans bicyclettes.Où à cet instant se trouve son colis de la Poste française qui entre ses mains signifiera liberté,aventure et vraie vie ?

    J'ai grimpé deux fois à pied par un sentier long et pentu sur la colline San Christobal où se dresse triomphatrice une statue géante blanche de la Vierge Marie haute comme une girafe.Là-haut le panorama est extraordinaire sur la capitale chilienne.Cette après-midi j'aplatirai mes pieds d'homme inquiet pour la quatrième fois sur les mêmes trottoirs qui me conduisent à l'ambassade de France.La faune urbaine me laisse dans des songes mélancoliques.Quand vais-je reprendre ma route?.Vingt jours maintenant que je suis arrêté à Santiago malgré moi.Le plus long contretemps de mes aventures dans les pays du monde.Etre un véritable vélonomade c'est toujours repartir sans se poser vraiment nulle part,c'est une évasion continuelle. A l'ambassade aider leurs ressortissants en difficulté fait partie de leurs missions,mon expérience témoigne du contraire.Monsieur le consul en personne par téléphone ne m'a pas indiqué d'utiliser la valise diplomatique.Le personnel n'est pas symphatique et ne me donne aucune information. Cette nuit du 27 février 2010 à 3 heures 34 minutes la terre tremble au Chili,deux minutes et quelques secondes de terreur.Que se passe-t'il?.Pourquoi l'américain au dessus dans le lit superposé se met à bouger ainsi?.Quelques secondes de stupeur,et puis la panique qui prend au corps.Tout tremble,la ville tremble,c'est un tremblement de terre tout va peut-être s'écrouler.La terreur de vivre ses derniers instants dans des fracassements diaboliques.Nous fuyons tous dans les escaliers pour gagner l'exterieur.Toute la population est dans les rues priante pour la fin de cette gigantesque colère tellurique.Après trente minutes et plusieurs répliques de plus faibles amplitudes,le cauchemar semble terminé.Les pensionnaires voyageurs regagnent les dortoirs et les chambres,certains d'entre nous hésitent encore à revenir entre les murs de notre bonne auberge où pas plus que quelques fissures sur une façade laissent des traces du séisme qui vient de s'éteindre. Le Chili est en zone de risques élevés,le pays a mené une bonne politique de constructions aux normes anti-sismiques.Dans la capitale éloignée de sept cents kilomètres de l'épicentre les dégâts sont très minimes.Quelques heures plus tard à nos réveils,il n'y a ni eau,ni électricité.Des questions arrivent à nos esprits sous le choc.Avec les ordinateurs portables nous obtenons les premières réponses.La magnétude du séisme était de 8,8 sur l'échelle de Richter,soit parmi les plus puissant de l'histoire.L'épicentre était à quatre-vingt dix kilomètres dans l'océan Pacifique au large de Conception,grande ville du centre du pays à trois cents cinquante miles au sud de la capitale.Les victimes sont évaluées à environ sept cent,dont aucune à Santiago.Le bilan est provisoire.Que c'est macabre de compter des victimes innocentes,nous savons tous qu'il y a trop de morts injustes et sans explication autre que la terrible fatalité.L'atmosphère est étrange dans les rues de la capitale chilienne cette matinée d'immédiat après catastrophe,peu de passants apparaîssent comme si la population avait déserté.Un besoin de rétablissement psychologique est général,la plupart des commerces restent clos.Des murs sont fissurés,lézardés,quelques vitres ont volé en éclats,des petits tas de gravats sont balayés,la ville est indemne. Toutes les explications scientifiques ne changent rien au fait que nous aimerions exister sur une planète sans catastrophes naturelles.Pourquoi cette terrible menace pour de nombreux terriens,notre raison devant est impuissante?.Aujourd'hui j'aime plus fort mes frères les hommes qui partagent cette même épée de Damocles.Dans les zones à hauts risques il faut impérativement bâtir aux normes anti-sismiques.Au Chili les bonnes constructions ont protégé beaucoup de vies mais à Haiti quelques semaines auparavant,une catastrophe comparable a tué encore plus épouvantablement. La télévision diffuse en continu des images et des commentaires de la catastrophe,des jeunes touristes de langue anglaise parlent bruyamment.Ils sont heureux de vivre et d'avoir la chance de voyager.Il y aura d'autres séïsmes.Quand?Où?.Prions,pour que la planète terre ne tue plus.Prions avec beaucoup d'amour,nous serons plus fort. Cinquante cinq heures après le tremblement de terre,un risque de répliques n'est plus à craindre.La sérénité et la joie de vivre réaparaissent sur les visages.Des premiers avions ont atterri et décollé à l'aéroport international.Le tremblement de terre du 27 février 2010 au Chili restera un souvenir dramatique.

    Enfin il quitte Santiago.Les employés l'ont progressivement pris en affection,ils ne sont pas habitués à des sejours prolongés,les voyageurs ne font que transiter ici.Ils sont amers de voir tout le monde toujours arriver et repartir.Il est compréhensible qu'ils souhaitent en retenir un à l'occasion.La pétillante sexagénaire Blanca,la femme à tout faire qui organisent les soirées barbecues en musique,va jusqu'à verser quelques larmes théâtrales lorsqu'il pousse son vélo dans le corridor de sortie pour son redépart. Sa bicyclette a changé de couleur.En effet près de Chaiten,l'extrémité de sa fourche droite arrière s'est fracturée.Un bout de trois centimètres s'est désolidarisé,il a réussi provisoirement à le repositionner en serrant davantage l'écrou extérieur de l'axe de la roue.Une soudure est difficile mais possible.Didier fait le mauvais choix d'acheter un nouveau cadre trop léger qui ne conviendra pas.Il va abandonner pour la première fois un parcours à bicyclette.A Mendoza en Argentine,il vendra à un prix dérisoire le vélo,les quatre sacoches,les outils et les chambres à air.

   Il traverse les longs faubourgs de la capitale chilienne et parvient aux premières étendues de la campagne.Le globe-trotter pas très bien remis du tremblement de terre cherche d'éventuels dégâts le long de sa voie,il ne voit rien de significatif.La roue arrière crève.Il angoisse terriblement de devoir faire demi-tour et de retourner à la même auberge.Le vélonomade repense aux vendeurs de cycle de la rue San Diego,il est empli de fiel contre ceux-ci bien peu professionnels.Un rivet casse,le porte-bagage arrière tient par le Saint-Esprit.Le jeune mécanicien a baclé son travail.Il est inquiet d'avoir de nouveaux ennuis avant la frontière.Didier se répète que bien qu'il emporte malgré tout des souvenirs sympathiques du Chili,ce pays aura été le plus compromettant et endiablé de tous:Un vol catastrophique,le cadre du vélo cassé et le tremblement de terre. Il gravit le dernier et aussi le plus long col de son tour du monde à vélo,cinquante kilomètres d'ascension à la pente très modérée.Il n'affectionne pas ce genre de montée trompeuse interminable où il ne parvient jamais à trouver le bon rythme,c'est à la fois facile et difficile et finalement terriblement fatiguant.Nouvelle avarie,le grand pignon ne passe pas et manque cruellement lorsqu'il a besoin de répit,de moins forcer l'allure.Le dérailleur avant sur ce nouveau cadre ne s'adapte pas avec ses plateaux,plusieurs positions tiennent mal ou pas.De plus la chaîne frotte bruyamment contre la plaque du dérailleur lorsqu'il se trouve sur le petit braquet.Son aventure vélo s'enlise.Néanmoins il escalade vaillamment le col conservant au fond de lui de secrets espoirs.Le regard d'un battant dirigé vers les prochains lacets il croit encore à son tour du monde tout en vélo.Les versants de la montagne dénués de végétation où le minéral s'accapare toutes les surfaces sont d'une beauté troublante.Une impression d'une planète où toutes les vies sont disparues sous des quantités vertigineuses de cailloux,de pierres et de rochers.Une espace lunaire,intriguant et fascinant,crème,ocre,vert,rose,sanguine,orange et merveilleux.Il affectionne de se laisser saisir par la beauté de sa route,par ses énigmes.Il s'abreuve de l'élixir des puissances des mystères de la création.Il franchit la frontière chiléo-argentine sans complication mais le manque de sourire et d'amabilité des personnes qu'il croise brièvement le rende nostalgique des beaux jours en Asie.    

  ARGENTINE:  Je passe ma première nuit argentine dans un chalet en bon état mais non habité et sans meuble.Je suis rentré par un fenêtre non verrouillée en me faisant invisible craignant qu'un indigène m'aperçoive.Me voilà à l'abri du froid dispenser de devoir camper sous la tente.Chaque soir est une quête d'une nuit la meilleure possible. Mon pneu arrière éclate,ce sera la dernière alerte d'un parcours qui ne devient plus possible.Cet incident sérieux prouve que je n'arrive plus à gérer mon vélovoyage.Il me faudrai tout reprendre à zéro ce qui m'est totalement impossible.Seulement deux mille kilomètres avec un pneu neuf de mauvaise qualité,je n'en ai pas vu de meilleur à Santiago en ce début d'année,signifie la fin de cette aventure.A Mendoza à un commerce de bicyclettes ils prennent le vélo,les sacoches et les outils à un petit prix.Ce qui compte alors c'est que je poursuive un long parcours dans plusieurs pays d'Amérique-Latine.Un voyage tout autre commence avec un grand sac à dos et des chaussures de marche.Un redépart pour boucler le tour du monde.Poursuivre sac à dos depuis Mendoza,belle cité à l'ouest de l'Argentine,je ne le voulais pas mais je l'accepte sans trop d'amertume comme une page à tourner dans l'histoire de ce tour du monde,mélancolique sans mon habituel compagnon à deux roues mais néanmoins enthousiaste en songeant au voyage moins fatiguant devant moi.Je n'ai plus le toisième des vélos avec lesquels j'ai avancé sur 78400 kilomètres dans cinquante-quatre pays.

   Il débute le parcours globe-trotter avec le sac à dos de quinze kilos et les chaussures neuves,il a mué.Le voyage nomade au long cours,les lieux,les pays,les populations,les différentes cultures le bousculent sans cesse dans ses convictions.Pas un seul aventurier itinérant n'est assez fort pour traverser le monde sans se perdre avec lui-même,se contredire,être égarer dans ses pensées même les plus belles.Il y a davantage de bonne choses à manger ici qu'il n'y en avait au Chili.Il s'offre un demi kilo de cerises tès rouges.C'est une gâterie exceptionnelle,il fait touner le fruit au bout de sa tige pour déjà le dévorer du regard.Toujours sous l'effet traumatisant du vol à Puerto-Montt,il repousse l'achat d'un nouvel appareil photo.L'Argentine est un pays avantageux pour le routard qui peux s'y attarder avec un petit budget.En outre le sens du bon acceuil offert aux touristes en Amérique Latine est excellent.Mendoza est la plus grande ville de la province du même nom.La Cordillère des Andes conditionne toute la géographie de la région dont tout le territoire est à plus de mille mètres d'altitude,avec les sommets les plus hauts dont l'Aconcagua qui s'élève à 6962 mètres qui est le toit de l'hémisphère sud.La principale activité est la viticulture,c'est le premier centre argentin de production de vins.Chaque année en mai se déroule la fête nationale des vendanges où l'on élit une Reine et qui se termine par d'éblouissant feux d'artifices.Le centre de la grande cité est cossu,les avenues onbragées sont opulentes,les squares et les parcs sont richement fleuries et décorées.Les vasques et les fontaines,les bassins et les jets d'eau resplendissent.Les riches habitants se prennent un peu trop au serieux,tant élégants que légèrement ridicules.Néanmoins ils sont amicaux et savent sourire.

   Il s'en va par un bus de nuit pour Buenos-Aires.Son trajet observé sur la carte coupe par le centre d'ouest en est le pays en deux.Il laisse passer le temps dans les rues de la belle cité avec le sac à dos tirant sur ses épaules jusqu'à lui faire mal,ses souffrances physiques vont être différentes de celles d'un vélonomade.La nostalgie du vélo fait ses premiers effets,sa façon préférée de se déplacer lui manque déjà. Quatorze heures de car de Mendoza à Buenos-aires:Il est à l'étage au premier rang,le fauteuil au-dessus du chauffeur,la route lui appartient.A cette place  panoramique,il fait un voyage de nuit princier,dormant paisible le plus souvent.A l'aube,le nouveau globe-trotter decouvre la Pampa argentine dans le jour naissant,l'immense paysage est impressionnant.Maintenant le bus à étage traverse la banlieue démesurée de la capitale et ses innombrables petites habitations aux toitures-terrasses accolées plusieurs ensemble et entourant des patios.Nombreux du petit peuple le moins riche vivent là près de la capitale qui attire toutes les misères qui espèrent trouver plus.En se rapprochant du centre historique le car double des grattes ciels modernes aux façades de verre rutilantes,high-tech d'architecture.Ces géants de verres,de béton,de métal et de nouveaux matériaux dévisagent l'horizon prétentieusement.Les yeux grands ouverts devant il se sent tel un petit oiseau apeuré par un danger indéfini.Il pense que ces très hautes constructions sont le besoin insensé des hommes de toujours repousser des limites à travers de nouvelles prouesses aptent à satisfaire le goût de la puissance mais non de  l'humanité.Son opinion est que les êtres humains ne vivront jamais tous en paix et heureux dans des sociétés trop orgueilleuses. Beunos Aires est située sur la rive ouest du Rio de La Plata au niveau de son embouchure avec l'océan Atlantique.Quarante-huit quartiers,dits "barrios",composent la ville.Elle est considérée comme étant la plus européenne du continent.La majorité de la population est d'origine espagnole ou italienne.C'est la deuxième ville la plus peuplée d'Amérique du Sud.Beunos Aires possèdent de nombreux théâtres et opéras,dont le Teatro Colon est l'un des plus célèbres au monde.Le tango a vu le jour dans la cité à la fin du dix-neuvième siècle.Les rues de certains quartiers vivent au rythme de la musique et acceuillent fréquemment des danseurs.Le zoo et les jardins botaniques offrent plus de cinquante hectares de verdures à la mégalopole.La viande de boeuf est un grand classique et le maté se boit à toute heure dans les rues de la capitale argentine.

   Je ferme les yeux,j'imagine une vie très belle et autre,les images de mon imagination sont celles de ce que pourrait être une autre réalité nettement plus jolie. Les vieux quartiers de Buenos-Aires laissent deviner une ville exceptionnelle qui le fut davantage autrefois.Les constructions nouvelles se rapprochent semblant presque mépriser les beautés d'autrefois. En Uruguay avec ses bords de mer sauvages,je souhaite pactiser heureux avec la planète nature.



07/02/2010
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