Planète Vélo

Planète Vélo

ILE DE PACQUES(CHILI)

Décembre 2009
 
    345 kilomètres à vélo sur l'île de Pacques en dix jours: Le tour complet de l'île justement réputée pour ses statues monumentales appelées mo'ai,90 kilomètres environ,n'est possible qu'avec un solide vèlo tout terrain.Avec mon demi-course à roue de sept cents,mon tour aura été de 65 bornes.L'île est l'une des plus isolées du monde,l'une des plus éloignées d'une autre habitée.La côte chilienne est à trois mille sept cents kilomètres et Tahiti à quatre mille.L'île habitée la plus proche est Pitcairn à deux mille kilomètres à l'ouest.Sa plus longue distance est de 23 kilomètres et quelque cinq mille personnes l'habitent.Soixante pour cent sont d'origine polynésienne,trente neuf pour cent d'origine européenne et latino-américaine,un pour cent sont des chinois.Le premier navigateur européen aborda l'île le jour de Pacques 1722 d'où son nom.La communauté rapanui veille sur les traces de son histoire et constitue un pouvoir parallèle au gouvernement officiel chilien.L'île est célèbre pour ses vestiges mégalithiques.Le patrimoine archéologique compte environ neuf cents statues de basalte,les moai,de quatre mètres de hauteur moyenne,et près de trois cents terrasses empierrées aux pieds de ces statues,les ahû.L'importance croissante du culte des ancêtres s'est traduit par l'érection de plus en plus de statues qui a fini par raréfier les arbres.Avec cent mille visiteurs par an,le tourisme est la ressource principale de l'île.
    
   Ce soir je campe sauvage au nord de l'île,près des falaises qui tombent à pic perché à cinquante mètres au dessus du rivage sur l'herbe des vastes patûrages où s'ébattent de très nombreux chevaux.La guitoune montée derrière un vieux mur de grosses pierres est protégée du vent du large sans obstacle ici.Le grondement sourd du gigantesque océan m'apporte des idées d'infini,des sensations ineffables,une communication métaphysique avec la planète.J'ai passé un nuit de campeur merveilleuse,seul au monde,bercé par l'espace et le bruit de l'eau. Le climat est subtropical maritime,les températures toujours clémentes varient entre dix-huit degrés et vingt-huit degrés.La terre chaude baignée de soleil mélée à l'air doux et tonifiant du large offre une vraie jouvence.A mon réveil avec la pâle lumière d'une aube paisible qui éclaire la toile de tente,je suis avec plusieurs centaines de minuscules fourmis.Bien que leurs piqûres soient insignifiantes,elles sont si nombreuses que ça n'en fini plus de me démanger sur la peau.J'ai obtenu la désagréable sensation qu'elles vont s'infiltrer dans mon corps par tout ses orifices.J'ai dû en avaler quelques unes avec mon café et mes biscuits.J'espère en des bonnes protéïnes pour une belle journée.
    Un seul bourg sur l'île,quatre-vingt dix pour cent des îliens vivent dans le même secteur au sud de la terre,l'aéroport international est à côté.Les autres hommes vivent dans des fermes ou des maisons dispersées et éloignées les unes des autres.Les mo'aï répartis sur le territoire en plusieurs sites sont la raison essentielle des groupes de touristes qui passent chaque jour.Ces grandes sculptures sont exposées sur l'île qui est un vaste musée à ciel ouvert.Ce sont de longs bustes sculptés dans des blocs de basalte,larges et volumineux,lourds et massifs.Des oeuvres simples,épurées,maladroites et sympathiques à la fois,un héritage et un témoignage poignant de la vie des anciens peuples qui ont tissée une histoire légendaire sur cent soixante-six kilomètres carrés égarés sur le plus grand océan du globe.Depuis vingt ans et la diffusion d'un film,les visiteurs en provenance des quatre coins du monde viennent admirer ces bustes à la fois étranges et familiers.Certains apprécieront beaucoup l'île de Pacques d'autres moins.L'endroit est atypique,unique et original,il ne laisse personne indifférent.
   Les jours s'écoulent agréablement,le rythme de mon court séjour sera excellent.Sur cette terre entourée de l'immensité de l'océan beaucoup d'humains se retrouveront en paix avec eux-mêmes,apaisés et ressentant la force de leurs organismes avec des sensations exactes.Nous ne sommes jamais seuls avec les fortes présences basaltiques des statues et leurs puissants symboles ancestraux.Je ne suis pas loin de leur attribuer une âme.Ne pourraient-elles pas nous observer et décider certaines affaires à notre sujet?
   Chaque jour entre cent et deux cents touristes atterrissent en provenance de Santiago ou de Papeete.Presque tous ne resteront qu'entre deux et cinq nuits,le temps nécessaire à un parcours motorisé pour se griser de la beauté de l'île de Pacques et admirer et mieux comprendre son patrimoine archéologique exceptionnel. L'île est une vaste prairie,un tapis d'herbe tendre brouté régulièrement par les chevaux de petites tailles aux belles robes fantaisistes.Ils sont environ cinq mille soit autant que les iliens.Les vaches bariolées aux pis dodus distribuant leur lait sont elles plus ou moins deux mille.Ces animaux domestiques vivent des temps dorés.Le relief est constitué de larges collines aux douces pentes arrondies recouvertes par l'herbe drue sur la terre volcanique.Un paysage sauvage qui invite à la rêverie et à la paresse.
J'ai installé ma petite guitoune à un camping à la ferme à Hanga Roa,l'unique grand village où se trouvent les commerces.Je n'oublierai pas mes courses alimentaires ici.C'est compliqué et cher,je dois jongler entre plusieurs magasins pour être satisfait.L'île au mo'ai est la terre où j'ai pompé dernière cigarette,tenant le pari que je m'étais donné de ne pas toucher au tabac en 2010.Un globe-trotter entrevoit des solutions et pense nouvellement ou différemment souvent. Un rassemblement de danse et musique rapanui...
  Je suis en compagnie de Philippe et Corinne,des cyclistes parisiens quinquagénaires qui ont une maison de vacances à 12 kilomètres de celle de mon enfance.Incroyables voyageurs nous sommes qui tournons autour du globe,minuscules par la taille et géants par les parcours.Ils sont en tandem à mi-itinéraire d'un tour du monde:Espagne-Portugal-Maroc-Pérou-Bolivie-Argentine-Chili-Tahiti-Nouvelle Zélande-Hong-Kong-Viet Nam-Chine-Laos-Thaïlande-Jordanie-Syrie-Turquie-Grèce-Italie.Nous avons beaucoup à nous raconter,ils vont d'où je viens,je vais d'où ils viennent.Benjamin,le jeune patron du camping nous invite pour le réveillon de la nuit du nouvel an,le plus éloigné de ma vie.Son épouse,ses deux enfants Oswaldo et Dylan,une dizaine d'amis pascuans et le trois vélonomades français forment une bande qui est là pour le plaisir.Le centre de la fête est le barbecue.Des saucisses,des merguez,des cuisses de poulet,des côtes de porc,rôtissent et grillent.Là on préfère avant tout la viande.On devine un petit côté drôle d'homme des cavernes chez certains.Le vin rouge est chilien goulayant et fruité.L'ambiance est un succès,la musique polynésienne est joyeuse sans nuance mélancolique.Benjamin est un remarquable joueur d'ukulélé.Il nous offre des solos improvisés de virtuose romantique.Nous surveillons les secondes sur l'horloge,il est minuit,la nouvelle année 2010 débute.Les mo'ai s'en foutent,ils resteront impassibles un an de plus.Accolade,rigolade,embrassade...Des verres de vin bien remplis pour mieux se souhaiter de la santé,de la réussite et du bonheur.Eux sur leur île où il fait bon vivre et moi sur mon vélo entre un paradis perdu et un paradis retrouvé."Feliz año nuevo 2010",je connaîs déjà tout les mots d'espagnol les plus indispensables.L'évènement le plus célébré sur la terre nous fait ivres et joyeux.A mon réveil le souvenir de la fin de la nuit festive est flou mais sympathique.


12/01/2010
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 21 autres membres